La FEB invite les partenaires sociaux à revoir le ‘gentlemen’s agreement’ qui prévaut lors des actions syndicales: « La concertation s’arrête là où la violence commence ».

Au cours des dernières semaines, les actes de violence et d’agression à l’encontre d’entrepreneurs se sont multipliés. Qui plus est, l’indifférence à cet égard s’accroît de jour en jour. Que ces agressions s’inscrivent dans le cadre d’un conflit social et ciblent des biens privés ou qu’elles soient dirigées contre des individus personnellement, dans la rue ou lors d’événements… trop souvent, elles ne donnent lieu qu’à la réaction de rigueur: « Ce genre d’incident ne doit pas se reproduire. C’est inacceptable ». Des mots, des mots et encore des mots… Ne passe-t-on pas trop vite au point suivant de l’actualité ?

Une telle indulgence met le doigt sur la plaie béante qu’est l’échec de la concertation entre des personnes qui osent se regarder dans les yeux avec respect, qui peuvent (et veulent) parvenir à un compromis en faisant preuve de bon sens, plutôt que d’imposer ou de faire passer manu militari leurs revendications en bloquant des routes ou des entreprises, en défonçant des portes, en dégradant des façades, en prenant en otage des personnes désireuses de travailler… Même si les organisations se désolidarisent explicitement de ces actes militants ou de toute forme de violence, le fait que des fauteurs de troubles anonymes prennent des initiatives souligne l’incapacité de ces mêmes organisations à conclure des compromis dépassant les intérêts de leur propre base. Il en va de même pour les activistes qui, en bloquant la voie publique, compromettent directement la sécurité des autres usagers de la route ou causent indirectement des dommages économiques qui, à plus long terme, affectent le bien-être de la société, et donc de chacun d’entre nous.
La violence bloque le progrès

Le droit de grève est un droit que personne ne conteste. Attention toutefois à ne pas le confondre avec le droit de bloquer des entreprises ou des routes, ou pire, avec le droit d’attaquer des individus à l’intérieur ou à l’extérieur de leur sphère privée. Nous ne pouvons accepter que la liberté d’aller travailler et de se déplacer soit entravée. Il est tout aussi inacceptable qu’en France, par exemple, le syndicat communiste du secteur de l’énergie menace de couper le courant chez les députés qui soutiennent la réforme des retraites. Il s’agit d’une forme d’anarchie qui sabote le principe d’État de droit et va à l’encontre de la volonté de la majorité de la population.

Quelle que soit la cause de la violence activiste, irréaliste ou incontrôlable (idéologie, frustration, colère et impuissance, ou problèmes sociaux, économiques et politiques plus profonds), elle n’est jamais justifiée. S’exprimer par la violence, c’est se mettre à l’écart de la société et cela ne force pas le progrès. La violence est contre-productive et sape toute crédibilité. Tout au plus, vous ferez brièvement les gros titres du JT, mais en fin de compte, la violence entraîne davantage de problèmes, de polarisation et hypothèque la mise en œuvre de solutions durables dans l’intérêt de tous. Toute concertation s’arrête là où la violence commence.

Le « Gentlemen’s agreement » revisité

Il arrive, très rarement, que la raison l’emporte et nous sorte de la spirale négative de la violence. Je repense avec nostalgie à février 2002, lorsque le Groupe des Dix (la concertation au sommet entre les syndicats et les employeurs) a signé en deux jours (!) un gentlemen’s agreement sur les choses à faire et à ne pas faire lors d’actions syndicales. Cette initiative faisait suite notamment à la « prise en otage » de quelques grandes figures syndicales au siège de la FGTB par le groupe « révolutionnaire » entourant le délégué syndical Roberto D’Orazio lors du conflit à propos de la faillite de l’entreprise sidérurgique Forges de Clabecq. Pour la direction des syndicats, une ligne rouge avait été franchie et avait ouvert la voie à ce que l’on appelle le « Gentlemen’s agreement ». On peut le considérer comme une profession de foi dans les procédures de médiation sociale, comprenant notamment un appel aux travailleurs à éviter toute forme de violence et un appel aux employeurs à ne pas s’empresser d’intenter des actions en justice. Cet accord a-t-il fait la différence ? Absolument. Les partenaires sociaux pouvaient et peuvent encore s’y référer pour s’interpeller mutuellement, et ils ne s’en privent pas.

« La violence est contre-productive et compromet tout progrès »

L’accord s’est tout de même étiolé au fil du temps. En effet, se contenter de se lamenter ne mène à rien. Ma raison me dit donc qu’il est temps de dépoussiérer l’accord et de se regarder à nouveau droit dans les yeux en tant qu’hommes et femmes honnêtes. Les organisations telles que les partenaires sociaux ont le devoir de s’opposer à toute forme de violence. D’où mon appel des dernières semaines aux syndicats et aux employeurs à condamner fermement cette violence croissante dans notre société… en joignant le geste à la parole !

Je suis curieux de voir si nous recevrons rapidement une réponse constructive.

Pieter Timmermans, ADMINISTRATEUR DÉLÉGUÉ FEB-VBO

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