La semaine de 38 heures appelée à disparaître ? La réaction syndicale n’a pas tardé.

En plein contrôle budgétaire, le gouvernement poursuit sa démarche de réforme et de modernisation du marché du travail. Le ministre Kris Peeters a notamment annoncé une mesure visant à mettre fin à la semaine de 38 heures. Un projet qui tend à répondre, sous réserve des dispositions définitives, aux réflexions partagées via nos taskforces consacrées à la flexibilité des effectifs à la fin de l’année 2015. Les réactions syndicales n’ont pas tardé.

Olivier Valentin, secrétaire général de la CGSLB, rappelle que « l’accord gouvernemental stipulait littéralement que les partenaires sociaux pouraient émettre au préalable un avis sur la question. A l’origine, le projet était intitulé ‘Travail faisable’ puis sous la pression des employeurs, il a été rebaptisé ‘Travail faisable et agilité dans l’emploi’ (sic). L’une des mesures du projet vise à mettre fin à la semaine de 38 heures. Le gouvernement souhaite plus particulièrement introduire un système d’annualisation du temps de travail, c’est-à-dire de calcul des horaires prestés sur une base annuelle au lieu d’une base hebdomadaire. Cela permettrait, surtout dans l’industrie, de travailler davantage au rythme de la production. Ainsi, lors des pics de production, les ouvriers travailleraient davantage pour récupérer les heures supplémentaires pendant les périodes plus calmes.
Annualiser le temps de travail revient à rendre le marché du travail extrêmement flexible en faveur des employeurs. Les travailleurs seront à la merci des processus de production : travailler plus longtemps pendant des périodes plus longues, puis être mis au repos, sans avoir la liberté de choisir en fonction de leurs propres besoins. »

La CSC, par la voie de son service de presse, charge le gouvernement en pointant l’accumulation de mesures considérées comme défavorables aux travailleurs :
« Le Gouvernement Michel continue de s’en prendre largement aux travailleurs, et à eux seuls. Il s’attaque au pouvoir d’achat à travers le saut d’index, le ratage du tax shift et l’augmentation de nombreuses factures.
Les actifs, les malades, les invalides, les chômeurs, les pensionnés, … Tous voient leur pouvoir d’achat se réduire. Pratiquement tous les ménages perdent de fait plus de 100 € de pouvoir d’achat par mois, même ceux dont le salaire net augmente légèrement. Le “travail soutenable” s’est mué en “travail sur mesure” pour nous rendre la vie insupportable. Le gouvernement Michel avait l’intention de faciliter l’allongement de la carrière en rendant le travail “soutenable”. Encore un miroir aux alouettes. Le concept que l’on nous vend sous le vocable de “travail sur mesure” n’a plus rien à voir avec l’intention première. »

Non-respect de la concertation

La CGSLB se déclare très inquiète du manque de concertation sociale préalable. « En effet, la durée du travail constitue un élément essentiel du droit du travail. Le gouvernement supprimerait cette condition d’un trait de plume. Pour la CGSLB, l’idée d’une annualisation du temps de travail automatique est inconcevable, car cela produirait un déséquilibre entre vie professionnelle et vie privée. »

Et de se demander par ailleurs « pourquoi la réforme du marché du travail doit être abordée lors de ce contrôle budgétaire. Ce type de décisions, qui de plus sont budgétairement neutres, n’est-il pas du ressort des partenaires sociaux ? Les négociations sur la flexibilité 2013-2014 avaient encore pu avoir lieu entre partenaires sociaux au niveau des secteurs et des entreprises. »

La CSC prévoit en aval de sérieuses perturbations sur le plan du dialogue social interne aux entreprises : «L’annualisation du calcul du temps de travail signifie de facto l’abandon de la semaine des 38 heures. Il n’y aura donc plus d’heures supplémentaires, ni de sursalaire. Les gens seront obligés de travailler pendant des mois sans interruption pour pouvoir (devoir ?) récupérer ultérieurement. Cette flexibilité sera donc imposée par l’employeur et le travailleur devra en supporter tout le poids. Elle sera même non négociable, voire généralisée et instaurée automatiquement. Ce principe perturbera sérieusement toute la concertation sociale dans les secteurs et les entreprises. »

Un impact lourd pour les travailleurs ?

Le syndicat chrétien de son côté prévoit encore un coût santé considérable associé à cette réforme en cours : «Comment l’annualisation du temps de travail et le paiement des heures supplémentaires amélioreront-ils les perspectives d’emplois de ceux qui cherchent un travail – et de ceux que le gouvernement contraint de reprendre le travail? Mystère…
Autre mystère, encore plus épais: comment ce “travail sur mesure” peut-il offrir une solution à l’augmentation rapide du stress, des burnouts et des problèmes médicaux ? 
Les personnes actives dans le cadre d’un horaire variable devraient, au mieux, recevoir leur horaire la veille. Cette mesure rendra tout simplement la vie insupportable. Les travailleurs sont donc une fois de plus les dindons de la farce. En refusant de demander la moindre contribution fiscale correcte aux autres groupes de revenus, le gouvernement Michel poursuit sa politique d’austérité et de restriction des droits sociaux. Les travailleurs devront donc travailler plus longtemps, dans des conditions plus difficiles pour un pouvoir d’achat réduit. Ce gouvernement manque tout bonnement à ses obligations à l’égard du simple citoyen. La CSC continue de réclamer la mise en œuvre d’une politique juste et équilibrée, qui fasse également contribuer les épaules les plus larges. »

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