Bon à savoir afin de lutter contre les clichés qui entretiennent des représentations infondées sur le marché du travail! Selon une analyse menée par le service d’études du Forem, le travailleur wallon est plus mobile que ses homologues flamands.
L’AMEF (Service Veille, analyse et prospective du marché de l’emploi du Forem) précise en effet dans cette étude consacrée à la mobilité des travailleurs :
« Parmi les wallons exerçant un emploi salarié en 2014, 79,6 % sont occupés en Wallonie. Les autres sont occupés à Bruxelles (11,3 %), en Flandre (4,6 %) ou encore à l’étranger (4,5 %). La part des Bruxellois occupés à Bruxelles est de 79,0 %. Les navetteurs bruxellois sont 13,8 % à travailler en Flandre, 6,6 % en Wallonie et 0,7 % à l’étranger. En Flandre, 87,2 % des travailleurs sont occupés dans leur région, 9,9 % à Bruxelles, 1,5 % l’étranger et 1,4 % en Wallonie. »
Bruxelles reste ainsi un pôle d’emploi important pour les deux autres régions du pays. Son attrait s’explique notamment par la présence de nombreux sièges d’administratifs (nationaux, régionaux ou européens) et de grandes entreprises. La Wallonie et la Flandre y envoient une part égale de travailleurs (environ 10 %), même si en volume les Flamands y sont plus nombreux à y travailler que les Wallons.
En matière de mobilité entre la Flandre et la Wallonie, les wallons sont, tant en proportion qu’en valeur absolue, plus nombreux à travailler en Flandre qu’inversement. Ainsi, en 2014, plus de 52.000 Wallons traversaient la frontière linguistique pour se rendre au travail contre plus de 33.000 Flamands.
Par ailleurs, selon une enquête du SPF Mobilité et Transports, les Wallons parcou-rent le plus longue distances (le territoire wallon étant le plus étendu du pays) pour se rendre sur leur lieu de travail. En 2014, la distance moyenne pour aller travailler vers Bruxelles ou la Flandre était de 45 km depuis la Wallonie. Ainsi, le Wallon qui travaille à Bruxelles parcours presque 50 % de kilomètres en plus que le Flamand.
Une analyse fine de la mobilité vers Bruxelles
Plus d’un tiers des travailleurs qui habitent le Brabant wallon sont occupés à Bruxelles (environs 43.000 personnes), s’en suivent le Hainaut et Namur où 10 % des travailleurs de ces Provinces font la navette vers Bruxelles (respectivement 48.0000 et 16.000 personnes). Plus particulièrement pour le Hainaut, c’est dans la région du Centre et de Charleroi que la mobilité est la plus orientée vers la Capitale.
En ce qui concerne leurs secteurs d’occupation, vingt pourcents des Wallons travaillant à Bruxelles le sont dans l’administration, la justice, la défense et la séc rité publique, dix pourcents dans les services financiers ainsi que dans l’enseignement. Entre cinq et dix pourcents dans le commerce de gros ou de détail, les soins de santé et le conseil et activités scientifiques.
Et vers la Flandre ?
Parmi les travailleurs du Brabant wallon, neuf pour-cents sont occupés en Flandre (11.500 personnes). Trois-quarts d’entre eux font la navette vers le Brabant flamand.
Six pourcents des travailleurs du Hainaut sont occupés en Flandre (soit plus de 23.000 personnes). La moitié de ces navetteurs hainuyers habitent en Wallonie Picarde et travaillent principalement en Flandre occidentale et orientale. L’autre moitié provient essentiellement de la région du Centre et de Charleroi et est majoritairement occupée dans le Brabant Flamand.
Trois pourcents de travailleurs habitant à Liège et à Namur font la navette vers la Flandre, soit respectivement 11.000 et 5.000 personnes, majoritairement dans le Brabant Flamand.
Un Wallon sur quatre (23 % des sortants vers la Flandre) travaille dans le secteur du commerce (de gros ou de détail), en particulier dans l’arrondissement de Halle-Vilvoorde où se trouvent des centres de distribution de grandes enseignes. Viennent ensuite les industries manufacturières, l’administration (essentiellement la Défense), les transports et la construction. Notons également que plus de 3.000 personnes sont occupées en Flandre via des agences de placement (notamment l’intérim).
La mobilité vers l’étranger.
La Wallonie se distingue par ailleurs par une mobilité orientée vers l’étranger plus importante que dans les deux autres régions. Plus de 50.000 wallons passent ainsi la frontière pour aller travailler.
En Province de Luxembourg, trois travailleurs sur dix sont occupés en dehors du pays, soit près de 30.000 personnes. La mobilité des personnes est presque exclusivement orientée vers le Grand-Duché du Luxembourg.
Parmi les autres territoires où les résidents sont occupés hors du pays, retenons la Wallonie Picarde où 5.000 personnes font la navette vers la France (5 % de l’emploi wallon picard). En Communauté germanophone, ils sont plus de 4.000 à se rendre au travail en Allemagne (16 % de l’emploi germanophone).
Des navetteurs entrants en Wallonie aussi.
Enfin, dans l’autre sens, certains territoires de Wallonie accueillent un nombre non négligeable de travailleurs venant d’autres régions du pays, voire de l’étranger (près de 34.000 sur l’ensemble de la Wallonie). C’est le cas en Wallonie picarde dont 12 % des postes de travail sont occupés par des résidents de France et 7 % de Flandre. Ou encore le bassin de Brabant wallon dont 9 % des postes sont occupés par des résidents de la région Bruxelles-Capitale et 9 % de Flandre.
Deux navetteurs entrants en Wallonie sur dix travaillent dans les industries manufacturières (notamment au niveau de l’industrie alimentaire et pharmaceutique). Plus de la moitié de ces personnes résident dans un pays limitrophe (de France très majoritairement).
Employant 14 % des entrants, le commerce (de gros et de détail) vient en deuxième position. Il s’agit en majorité de travailleurs provenant de Flandre et de Bruxelles et qui sont occupés principalement dans le Brabant wallon ou de travailleurs résidant en France exerçant une activité professionnelle dans la région d’Arlon.
Source & méthodologie : AMEF – Forem