Ce mardi, des milliers de travailleurs de toute l’Europe marcheront sur les institutions européennes à Bruxelles pour protester contre des plans visant à mettre en œuvre un programme d’austérité 2.0 à partir de l’an prochain. L’appel à manifester lancé par la Confédération européenne des syndicats (CES) s’inscrit dans une campagne plus large en faveur d’un « accord équitable pour les travailleurs » alors que ministres et eurodéputés négocient une réforme des règles de gouvernance économique de l’UE.
Selon le projet de proposition actuel, et d’après les calculs de la CES basés sur les données de la Commission européenne, 14 États membres seront contraints de réduire leurs budgets de 45 milliards d’euros pour la seule année prochaine.
La réforme intervient après que les anciennes règles aient été suspendues en 2020 par l’activation de la clause dérogatoire générale du pacte de stabilité et de croissance de l’UE afin de faire face aux retombées économiques de la pandémie.
De nouvelles règles doivent entrer en vigueur le 1er janvier mais il n’y a eu jusqu’à présent aucun accord sur ce qu’elles devraient être. La proposition actuelle pose que les États membres affichant un déficit de plus de 3% du PIB devront chaque année réduire leur déficit budgétaire de minimum 0,5% du PIB.
Cela se traduirait par moins d’emplois, des salaires en baisse et des services publics surchargés et ferait que la plupart des pays seraient incapables de supporter les investissements nécessaires pour atteindre les propres objectifs sociaux et climatiques de l’UE.
Une nouvelle étude relative aux coûts politiques de l’austérité montre également que l’extrême droite serait le principal bénéficiaire des politiques budgétaires proposées.
La CES et ses affiliés profiteront de la manifestation de ce mardi 12 décembre pour réclamer :
- Des règles de gouvernance économique qui placent le bien-être des gens et de la planète au-dessus de limites arbitraires, y compris en imposant une « règle d’or » concernant les investissements publics qui, à tout le moins, exclut du calcul des limites de dépenses les investissements dans le social, le climat et pour la transition juste.
- Le maintien des mécanismes de solidarité performants de l’UE introduits durant la pandémie, tels que la facilité pour la reprise et la résilience, qui devraient être rendus permanents pour garantir des conditions de concurrence équitables en matière d’investissements.
- Une nouvelle prolongation d’un an de la clause dérogatoire générale du pacte de stabilité et de croissance afin d’accorder suffisamment de temps pour aboutir à une réforme soutenable des règles de gouvernance économique.
- Des mesures pour garantir un traitement équitable aux travailleurs, y compris de meilleurs emplois et des salaires plus élevés, un soutien à la négociation collective, de meilleures conditions de travail et la fin du travail précaire.
Lors de sa prise de parole à la manifestation, la Secrétaire générale de la CES Esther Lynch déclare :
« Un retour de l’austérité serait synonyme de perte d’emplois, de salaires plus bas, d’encore moins de moyens pour des services publics déjà débordés mais, en revanche, elle serait la garantie d’une nouvelle récession dévastatrice. Un retour de l’austérité signifierait que la plupart des pays seraient incapables de consentir les investissements nécessaires pour tenir les promesses faites par les leaders européens à la COP28.
Ce dont nous avons besoin, c’est d’un accord équitable pour les travailleurs et les travailleuses : des salaires plus élevés, des emplois de qualité, le renforcement de la négociation collective et des services publics solides. L’austérité a été testée et elle a échoué. Il est temps de tirer les leçons du passé et de faire en sorte que les règles économiques de l’UE donnent la priorité au bien-être des gens et de la planète au lieu d’imposer des limites totalement arbitraires. »
Source: Confédération européenne des syndicats