Plus de 40.000 personnes annoncées dans les rues demain matin afin de manifester contre la réforme des pensions. Destruction des droits acquis, adaptation à la réalité du travail d’aujourd’hui, mesures de sauvetage d’un système de solidarité menacé dans sa pérennité ? Le débat n’est pas terminé.
Parmi les plus virulents évidemment figurent les représentants du PTB qui récolte, dans les sondages en tous cas, les intentions de vote d’un nombre croissant de travailleurs : « Aujourd’hui, quand on travaille, on peut calculer ce qu’on va toucher comme pension. La pension à points, ce sera une véritable tombola. Faites vos jeux, on va tourner. Vous allez découvrir le montant de la pension, trois ans avant de la prendre. C’est très grave », déplore M. Hedebouw dans les colonnes de la DH. « Les gens sont en train de se rendre compte des attaques contre leur pension. On doit remobiliser et informer. La pension à points, les gens ne comprennent pas. Il y a un déficit d’information ».
Le Président du PS, Elio Di Rupo, lui emboîte le pas, indiquant soutenir cette manifestation via la RTBF : « Les syndicats ont raison de tenter de sensibiliser la population car ce qui est en tain de se passer est inimaginable. Ce gouvernement est en train de détruire la pension légale », déclare l’ancien Premier ministre.
Du côté patronal et plus particulièrement de l’UCM représentant bon nombre de travailleurs indépendants, le ton est bien différent : « L’UCM appelle le gouvernement à ne pas se laisser impressionner par la manifestation des conservateurs, organisée ce mardi par les syndicats. La réforme des pensions est indispensable pour en garantir la pérennité. Le système envisagé, par points, permet d’assurer l’équité et de valoriser de la même façon une année travaillée par un indépendant ou par un salarié. Un euro payé pour la pension via les cotisations sociales doit valoir un même retour à l’heure de la retraite, quel que soit le statut de la personne. En appliquant ce principe, incontestable, les indépendants ne se retrouveront plus systématiquement en bas de l’échelle. Ils pourront bénéficier de la même fourchette de pension que les salariés. »
Et de rappeler que la pension à points devrait « permettre de répondre aux défis posés par les carrières mixtes et les nouveaux statuts. Elle ouvre aussi une plage de flexibilité entre 60 et 67 ans, en particulier avec l’introduction de la pension partielle. La société évolue et le monde du travail aussi. Le système des pensions doit s’adapter et progresser vers plus d’équité, n’en déplaise aux conservateurs. »
Il est bien improbable que le gouvernement se montre sensible à la manifestation de ce mardi. Récemment, le ministre en charge des pensions, Daniel Bacquelaine, déplorait une approche obsolète dans le chef d’un pan entier de syndicalistes : « En réalité, il existe deux syndicalismes : un syndicalisme qui défend fermement les intérêts de ses affiliés et un syndicalisme qui poursuit des objectifs idéologiques… Soyons clair. Je ne reproche pas aux dirigeants syndicaux et à leurs affiliés d’avoir des opinions politiques. Je ne leur reproche pas non plus de les exprimer. Je ne leur reproche pas non plus de protester contre les mesures gouvernementales. Ce que je reproche aux syndicats, c’est deux choses. Premièrement, de transformer la grève en arme politique. Deuxièmement, de violer délibérément la liberté de circuler et de travailler des non-grévistes. »