Heidrick & Struggles, cabinet international spécialisé en Executive Search et Leadership Consulting pour dirigeants, publie son 8e rapport annuel ‘Board Monitor’ qui couvre 19 pays, dont la Belgique. L’étude, qui s’intéresse notamment aux 33 nouveaux administrateurs du BEL 20, révèle avant tout une plus faible implication des CA belges dans les opérations des entreprises que dans les autres pays, une plus grande représentation de membres actifs (c’est-à-dire exerçant toujours une profession en parallèle de leur rôle d’administrateur) et une attention portée à la durabilité.
Les conseils d’administration belges ont confiance en leur comité exécutif
Dans un contexte où l’implication des conseils d’administration dans les opérations des entreprises varie considérablement d’un pays à l’autre, la Belgique se distingue par sa propre approche. En effet, 63% des nouveaux membres des conseils d’administration du BEL 20 ont observé une implication croissante du conseil d’administration dans les tâches opérationnelles de l’entreprise. Bien que ce chiffre puisse sembler élevé, il est en réalité le plus faible parmi tous les pays sondés. Comparée à ses pays voisins, la Belgique se distingue nettement de la France (80%), des Pays-Bas (85%) et de l’Allemagne (88%).
D’après Marie-Hélène De Coster, Partner chez Heidrick & Struggles Belux, ce chiffre témoigne du fait que les boards belges accordent leur confiance au comité exécutif plus que dans d’autres pays : « C’est une excellente chose que les conseils d’administration belges ne s’impliquent pas trop dans la gestion des opérations de l’entreprise, car ce n’est tout simplement pas leur mission. Leur rôle est de challenger le comité exécutif, pas de le remplacer. Cela leur permet dès lors de se concentrer davantage sur l’élaboration d’une vision à long terme, tout en laissant aux comités exécutifs la main sur la gestion des opérations. Le fait que ce chiffre soit plus élevé dans les autres pays étudiés laisse penser que la confiance envers les comités exécutifs n’est pas aussi grande qu’en Belgique. »
Marie-Hélène De Coster souligne également que le rôle même des entreprises est en pleine évolution, avec une dimension sociétale, environnementale, et parfois (géo)politique, qui revêt une importance croissante. La mission du conseil d’administration devient d’autant plus cruciale, car il lui revient de guider l’entreprise dans cette transformation en adoptant une vision stratégique. Cependant, certains secteurs fortement régulés – comme les banques – ou en mutation – comme l’énergie – nécessitent de par leur gouvernance spécifique une plus grande implication du conseil d’administration dans les tâches opérationnelles.
De plus en plus de membres des conseils d’administration belges exercent une autre fonction en parallèle
Le Board Monitor révèle que 61% des nouveaux membres des conseils d’administration du BEL 20 exercent toujours une activité professionnelle en parallèle de leur fonction d’administrateur, une augmentation significative par rapport à 2022 (45%). Cette évolution permet à ces administrateurs, qui cumulent une fonction exécutive, de partager des perspectives ancrées dans l’actualité et de nourrir les échanges avec les autres membres du board, ainsi qu’avec le comité exécutif et tout particulièrement le CEO, en restant connectés aux réalités du terrain et aux enjeux contemporains. La Suède reste néanmoins leader en la matière avec 85% de nouveaux membres du conseil d’administration toujours actifs professionnellement.
Les conseils d’administration belges poursuivent leur diversification
Le rapport indique également une tendance vers une plus grande diversité générationnelle au sein des conseils d’administration. En effet, malgré le fait que l’âge moyen des nouveaux membres du board ait augmenté (56 ans contre 53 ans en 2022), l’âge du plus jeune nouveau membre d’un conseil d’administration a encore diminué, passant à 36 ans contre 37 ans l’année passée.
En matière de diversité des genres, l’étude de Heidrick & Struggles indique une baisse du nombre de femmes nouvellement admises au sein des boards belges. Les conseils d’administration belges ont nommé 39% de femmes alors ce chiffre était de 60% l’année passée. Cependant, ce qui peut sembler négatif pour l’égalité des genres est en réalité un retour à l’équilibre après plusieurs années de féminisation accrue des conseils d’administration.
« En Belgique, la question de la parité hommes-femmes a suffisamment mûri et ne devrait plus être considérée comme un sujet de débat. Bien qu’il reste encore des progrès à faire pour l’égalité des genres, celle-ci est pour l’heure établie et intégrée, probablement plus au sein des conseils d’administration que des comités exécutifs belges. La Belgique est donc sur la bonne voie pour respecter la directive imposée par l’Union européenne, qui fixe une limite minimale de 40% pour le sexe le moins représenté », déclare Marie-Hélène De Coster.
En termes de nationalité, le rapport recense également autant de nouveaux administrateurs belges que d’origine étrangère (48% nationaux pour 52% non-nationaux).
Marie-Hélène De Coster rappelle que « le multiculturalisme est une des grandes forces de la Belgique ! Nous avons la capacité non seulement d’exporter des talents à l’international, mais aussi d’attirer des profils diversifiés sur le sol belge. Cette diversité culturelle représente un vrai atout pour les conseils d’administration des entreprises, qui voient leurs horizons s’élargir. »
Il est intéressant d’observer que 39% des répondants belges ont déclaré ne jamais avoir fait partie d’un conseil d’administration et que 24% d’entre eux n’avaient pas non plus d’expérience C-suite préalable, ce qui démontre une ouverture vers de nouveaux profils destinés à enrichir les conseils d’administration. En outre, il s’agit de l’un des taux les plus élevés par rapport aux autres pays étudiés. Seule la Suisse dispose de plus de nouveaux membres sans expérience C-suite que la Belgique au niveau européen (33%).
La durabilité devance la cybersécurité dans les priorités des administrateurs belges
Parmi les profils des administrateurs nouvellement nommés, 9% ont une expérience en matière de développement durable, thématique qui fait d’ailleurs partie des trois préoccupations majeures pour lesquelles les boards estiment devoir consacrer plus de temps, au même titre que les nouvelles technologies et les enjeux géopolitiques. Cependant, aucun des répondants ne dispose d’une expérience préalable en matière de cybersécurité alors que cette problématique figure également en haut du classement des préoccupations majeures. Il s’agit d’ailleurs d’une tendance que l’on retrouve dans de nombreux autres pays européens, à l’exception de certains pays dont la Pologne et la Norvège en tête (9% et 8%).
« La part de profils spécialisés en développement durable est très équilibrée, compte tenu du fait que les conseils d’administration doivent également intégrer des aspects incontournables tels que l’émergence de nouvelles technologies dont l’intelligence artificielle. Au sujet de la cybersécurité, il n’est pas étonnant de constater qu’il s’agit d’une expérience moins répandue au sein des boards (dépendant des secteurs). Il s’agit d’un domaine de niche qui concerne surtout le comité exécutif, qui es responsable du reporting au conseil d’administration. Le conseil d’administration doit être composé de profils complémentaires et contrebalancés pour permettre une vision holistique de l’entreprise, de son écosystème et de ses enjeux dans un contexte géopolitique fluctuant », conclut Marie-Hélène De Coster.
Source: Heidrick & Struggles