Un projet de loi visant à prolonger la période d’absence sans certificat médical d’un à trois jours et à l’étendre à tous les travailleurs échauffe les esprits. Mais le débat passe à côté de l’essentiel, estime l’expert en absentéisme Bart Teuwen (Certimed). Selon lui, il faut vraiment apprendre à sortir l’absentéisme de la sphère médicale, et parler des opportunités d’employabilité qui subsistent.
L’attestation reste un sujet brûlant dans le débat sur l’incapacité de travail. Dans les entreprises de plus de 50 salariés, les employés peuvent s’absenter pour une journée jusqu’à trois fois par an sans certificat médical. De nombreux employeurs se méfient de l’effet de cette abolition partielle. Aujourd’hui, le débat s’enflamme à nouveau, car le parti Ecolo veut aller plus loin. Tous les salariés, y compris ceux des petites entreprises, ne seraient plus obligés de présenter un certificat médical pour les trois premiers jours d’incapacité de travail, et ce au maximum trois fois par an.
En fait, tout ce débat passe à côté de l’essentiel. Le fait que le nombre de congés de maladie de courte et de longue durée continuent d’augmenter n’est en effet absolument pas pris en compte. Il s’agit pourtant d’une tendance que nous devons stopper de toute urgence. La question clé est donc la suivante : en quoi la suppression du certificat médical peut-elle être utile ? L’allongement de la durée du congé de maladie sans attestation de 1 à 3 jours permettra-t-il de maîtriser cette tendance ? Ou devons-nous oser aller plus loin ?
Le fil conducteur de tous les arguments pour ou contre reste la médicalisation des questions d’incapacité de travail. Et c’est là que nous passons complètement à côté de la plaque. L’accent ne devrait pas être mis sur la cause médicale, mais sur son impact sur l’employabilité d’une personne. C’est de cela que l’employé et l’employeur doivent parler. Nous devons vraiment apprendre à démédicaliser l’absentéisme et à discuter ensemble des options restantes.
De ce point de vue, l’allongement de la durée légale d’absence sans attestation n’est pas d’un grand secours. Si vous n’êtes pas rétabli après trois jours de maladie, vous devez toujours consulter votre médecin traitant. Et qui va compter le nombre de périodes de maladie sans attestation ? Des exemples venant de l’étranger prouvent que les certificats médicaux – ou « attestitis », comme le dit si bien Domus Medica – ne sont pas du tout nécessaires. Mais soyons pragmatiques. La méfiance entre les différentes parties prenantes est considérable. Il ne s’agit donc pas d’une révolution, mais d’une évolution. La suppression systématique des attestations d’incapacité a certainement du sens, à condition qu’elle aille de pair avec l’encouragement des organisations à travailler à une vision, des rôles et des responsabilités clairs dans le traitement de l’absentéisme.
Voyons comment nous pouvons aider les entreprises et les travailleurs belges à prendre les choses en main et à garantir une employabilité maximale des travailleurs. À mon avis, des incitants ciblés pour les organisations qui s’engagent dans cette voie peuvent aider les politiciens à avoir un impact réel sur le terrain. Il peut s’agir d’impliquer le médecin du travail pour déterminer les options restantes ou de soutenir concrètement les PME dans leur lutte contre l’absentéisme.
Bart Teuwen, directeur général de Certimed/Mensura.