Rapport des fédérations patronales: l’incertitude règne et le nombre d’emplois dans l’industrie diminue régulièrement.

La Fédération des entreprises de Belgique (FEB) a publié les résultats de son enquête semestrielle sur la conjoncture, menée auprès de ses fédérations sectorielles. Ensemble, celles-ci représentent 80% des exportations belges, 75% de l’emploi dans le secteur privé et plus de deux tiers de la valeur ajoutée dans notre pays. La conclusion de cette édition est claire : en raison de l’instabilité géopolitique internationale (Russie-Ukraine, Israël-Gaza-Iran et, surtout, droits de douane imposés par Trump), l’économie belge est plongée dans un épais brouillard alimenté par de fortes incertitudes.

Quelques trouées apparaissent cependant ici et là grâce au ralentissement progressif de l’inflation, à la baisse des taux d’intérêt (à court terme), à l’augmentation des investissements publics et aux espoirs de réformes structurelles du marché du travail sous le nouveau gouvernement Arizona…

L’économie belge connaît une fragile reprise, mais l’incertitude règne

En 2024, l’économie belge a finalement progressé de 1 %, le rythme de croissance modéré de 2023 s’étant maintenu. Comme l’année précédente, la consommation a été le principal moteur de cette croissance. Selon les chiffres provisoires, l’économie a progressé de 0,4 % au premier trimestre, soit le double du taux de croissance du trimestre précédent, notamment grâce à un pic temporaire des exportations vers les États-Unis. Mais cette hausse semble passagère.

Les tendances sous-jacentes restent préoccupantes. Selon le rapport de la FEB, l’activité économique reste bien en deçà de la normale. Dans 70% des secteurs, elle est inférieure à la moyenne à long terme, en particulier dans l’industrie. Les secteurs du textile, de la chimie, de l’acier, de l’assemblage automobile et de la construction mécanique, notamment, souffrent d’une faiblesse structurelle. Le taux d’utilisation des capacités de production dans l’industrie oscille autour de 76%, ce qui est nettement inférieur à la moyenne historique de 80%.

L’enquête de la FEB indique une certaine stabilisation de la rentabilité et des investissements, mais à un niveau plutôt bas. Ainsi, 80% des secteurs déclarent que leur rentabilité est restée stable au cours des six derniers mois, mais qu’elle demeure en deçà de la moyenne à long terme. Il en va de même pour les nouveaux investissements : malgré une légère reprise, les perspectives restent très incertaines. Et il s’agit principalement d’investissements dans l’innovation, les économies d’énergie ou l’automatisation permettant d’économiser de la main-d’œuvre. Les intentions d’investissement dans l’expansion sont exceptionnellement faibles en raison de la sous-utilisation structurelle et de l’incertitude quant à l’avenir.

« Les perspectives pour les six prochains mois sont très incertaines », déclare Edward Roosens, Chief Economist à la FEB. « L’on observe de légers signaux positifs, mais ils indiquent plutôt une sortie de crise qu’une véritable reprise. Nous ne sommes plus au fond du trou, mais nous sommes encore loin d’avoir remonté la pente. »

Emploi : plus de 15.000 postes perdus

La légère amélioration de la conjoncture se traduit également de manière prudente dans les chiffres de l’emploi, qui ont atteint un creux début 2024, avec une contraction nette de l’emploi dans les secteurs marchands. Ces deux derniers trimestres, le nombre d’emplois créés a cependant été le même qu’au cours des six trimestres précédents. La majeure partie des créations d’emplois concerne le secteur des services, dont environ 40 % dans les secteurs publics ou non marchands.

Dans les secteurs industriels plus sensibles à la conjoncture, l’emploi continue malheureusement de se contracter. Depuis le début de l’année 2023, 15.200 emplois ont été perdus, dont 1700 au cours des deux derniers trimestres. Même dans les secteurs industriels qui affichent encore une certaine croissance (tels que l’industrie alimentaire), on observe des stagnations, voire des baisses de l’emploi.

Le pire bientôt passé ?

Dans ces circonstances, le pessimisme plus modéré de nos fédérations sectorielles en mai (par rapport à novembre) est quelque peu surprenant. D’une part, cela tient au fait qu’un grand nombre d’entreprises et de secteurs estiment que la situation pourrait difficilement empirer, étant donné les taux d’utilisation des capacités extrêmement bas au début de 2025.

D’autre part, le fait que l’inflation semble progressivement être maîtrisée peut aussi jouer un rôle, puisque cela contribuerait à ramener l’évolution des coûts salariaux à un niveau comparable à celui des pays voisins, après le dérapage de ces dernières années. L’assouplissement de la politique monétaire et l’imminence d’un certain nombre d’investissements publics peuvent également expliquer ce phénomène.

Certains de nos secteurs et entreprises (principalement dans le secteur technologique) semblent donc nourrir l’espoir que la croissance économique pourrait se maintenir, voire s’accélérer quelque peu.

La croissance peut se maintenir, mais…

Pour que cet espoir devienne réalité, de nombreuses conditions doivent être remplies.

Au niveau national :

  • Restauration de la compétitivité par l’application stricte de la loi sur la norme salariale.
  • Des mesures doivent être prises pour réduire les coûts énergétiques des entreprises, par exemple en diminuant les tarifs des réseaux de transport.
  • Activation du marché du travail par une série de réformes structurelles, telles que la limitation du chômage dans le temps et l’introduction d’horaires de travail plus flexibles.
  • Réduction des charges administratives par l’établissement d’un inventaire des gains rapides (quick wins) et l’application stricte du principe de « no gold plating » (pas de mise en œuvre nationale excessive de la réglementation européenne).

Il y a également quelques chantiers au niveau européen :

  • Renforcement et approfondissement du marché unique, en mettant l’accent sur une meilleure intégration et une plus grande efficacité.
  • Élargissement du portefeuille d’accords commerciaux et accélération du processus de ratification de ces accords. Plus particulièrement, un accord doit être trouvé avec les USA pour maintenir les droits d’importation à un niveau raisonnable.
  • Simplification des réglementations et des procédures, le paquet Omnibus devant fonctionner plus rapidement et plus efficacement – il doit acquérir la vitesse et la puissance d’un train à grande vitesse (TGV).

« En raison de l’incertitude économique et géopolitique, il n’est pas certain que le carrefour économique où nous sommes nous permette réellement de remonter la pente », déclare Pieter Timmermans, CEO de la FEB. « Mais avec des politiques réfléchies au niveau belge, nous pouvons au moins éviter que notre pays ne s’enfonce davantage dans la crise industrielle. Seuls une plus grande compétitivité, un marché du travail plus actif et une réduction des charges administratives nous permettront de renforcer structurellement notre tissu économique. Au niveau européen, il convient de mener une politique qui renforce le marché intérieur et mise sur un élargissement du portefeuille d’accords commerciaux, en commençant par celui avec le Mercosur. »

 

Source: FEB

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