Nos collègues japonais sont réputés pour être des bourreaux de travail. La sphère professionnelle surpasse en effet toutes les autres dans la hiérarchie des valeurs. Depuis 2 ans, le gouvernement planche pourtant sur une réforme visant à limiter les heures supplémentaires à un maximum de 100h/mois. Celle-ci est sur le point d’aboutir. Les réactions sont nombreuses alors que, réfléchissons-y, ce plafond reste très élevé!
Le site d’information La Dépêche.fr commente en ces termes : « Dans un pays dans lequel la production est tout, une telle mesure fait l’effet d’une bombe. Plus que la mesure elle-même, c’est son ambivalence qui divise l’archipel nippon. En effet, beaucoup fustigent une telle décision de l’administration Abe mais souvent pour des raisons différentes. Certains estiment impensable de limiter le nombre d’heures supplémentaires à 100 alors qu’il leur arrive d’en faire beaucoup plus en période de forte activité. D’autres au contraire estiment qu’il s’agit là d’un cadre légal appliqué à une situation d’après-guerre mettant en valeur la productivité à outrance. »
Un risque mortel ?
« Si une telle mesure paraît pour le moins incongrue dans le monde occidental, il s’agit là d’une véritable thématique de société au Pays du Soleil levant. L’excès de travail est un mal bien reconnu au Japon. En effet, chaque année, des centaines de Japonais se suicident ou décèdent suite à un surmenage au travail. » Le gouvernement se félicite d’appréhender une nouvelle conception du travail par le biais de cette réforme. Mais des voix s’élèvent quant aux conséquences de cette mesure sur la problématique d’une productivité déficiente au Japon.
« Ce problème qui semble paradoxal si l’on se réfère au nombre d’heures pratiquées par les travailleurs japonais. Et pourtant… Travailler plus ne signifie pas forcément produire plus. Et c’est là que le bât blesse. Les durées excessives de travail pratiquées par une grande majorité des Japonais ont en fait des effets globalement néfastes. En effet, certains travaillent moins vite que ce qu’ils devraient pour gagner plus d’argent grâce aux heures supplémentaires. Ce système décourage également les mères de famille de travailler alors que le pays manque de main d’œuvre. »
Le chiffre de 100h sup’/mois semble énorme mais reste dans la moyenne haute des Japonais. « Pour autant, si ces durées sont répétées plusieurs mois de suite, la réforme prévoit de faire passer le plafond à 80 heures dans certaines entreprises. Un garde-fou insuffisant pour les principales associations syndicales du pays qui dénoncent des dérives. Cela pourrait néanmoins permettre de freiner les excès de travail car les contrevenants seraient pénalisés pour avoir trop travaillé. »
Source : ladepeche.fr / afp