Santé mentale: même si la prise en charge s’organise, l’explosion du phénomène inquiète et concerne des groupes de population précaires.

Solidaris a analysé la consommation de soins de santé mentale ces dix dernières années et a couplé ce monitoring à la réédition d’une vaste enquête, menée pour la 1ère fois en 2012, portant sur la santé mentale des Belges et leur perception du secteur. Il en ressort des avancées majeures notamment en ce qui concerne la connaissance du système et le recours aux professionnels. Les chiffres montrent cependant que les besoins ont explosé en 10 ans alors que la prise en charge est restée plutôt stable.

Si la crise sanitaire liée à la Covid-19 a mis en exergue les enjeux en matière de santé mentale et a permis des avancées dans ce domaine (cf. nouvelle convention INAMI qui vise à une meilleure accessibilité financière aux soins psychologiques ambulatoires), elle a également pointé le manque criant de données permettant d’objectiver la prise en charge et de développer une offre en santé mentale répondant aux besoins de la population.

Solidaris a dès lors lancé en 2021 un Baromètre pour documenter la consommation de soins remboursés en santé mentale. La 2ème édition de ce Baromètre a été couplée à une enquête visant à cerner la connaissance et la perception du secteur par la population francophone et son évolution en 10 ans. Cette approche complémentaire et inédite permet d’apporter un éclairage nuancé sur le secteur.

En 10 ans, on constate deux réelles avancées :

  • La connaissance de l’offre de soins en santé mentale et le recours aux professionnels de la santé mentale se sont nettement améliorés. Alors qu’il y a 10 ans les personnes ressentant une détresse psychologique se tournaient majoritairement vers leur famille et leurs amis, elles sont aujourd’hui une sur 3 à chercher de l’aide auprès d’un psychologue (5% en 2012).
  • La satisfaction globale des patients par rapport à la prise en charge est également en progression, passant de 5,8/10 en 2012 à 7,2/10 en 2022.

Certains résultats sont nettement moins positifs, voire inquiétants :

  • En 10 ans, la proportion de personnes qui expriment un état anxieux, angoissé ou dépressif quasi en permanence a explosé, passant de 10% en 2012 à 35% en 2022. Alors que les besoins ont augmenté sur la période, la consommation de soins remboursés par l’assurance obligatoire est restée globalement stable.
  • Par ailleurs, cette consommation de soins est plus élevée quand certains facteurs se cumulent comme le fait d’être une femme, d’être dans une situation de précarité (statut BIM), d’être dans une famille monoparentale ou encore d’être jeune.
  • Une majorité de la population estime que l’investissement dans la prise en charge de la santé mentale est insuffisant : i. ce n’est pas une priorité du gouvernement (cela concerne 68% des personnes interrogées), ii. cela passe après la santé physique (70%), iii. ce n’est pas assez accessible financièrement (57%).
  • La connaissance du secteur reste perfectible surtout pour certains profils tels que les jeunes et les personnes en situation de précarité, parmi lesquels plus d’une personne sur 2 déclare ne pas connaitre la différence entre un psychologue, un psychiatre et un psychothérapeute.

Nos chiffres montrent par ailleurs que :

  • Les groupes de population déclarant davantage de besoins (les femmes, les familles monoparentales et les personnes en situation de précarité) sont aussi ceux qui consomment plus de soins de santé mentale remboursés par l’assurance maladie.
  • Les médicaments occupent toujours une place importante dans la prise en charge de la santé mentale. En 2022, 17,6% des personnes ressentant des difficultés déclarent en prendre continuellement ou souvent ; c’est 2,5 fois plus qu’il y a dix ans.
  • Le médecin généraliste joue un rôle central dans la prise en charge de la santé mentale en tant que prescripteur mais aussi de par son rôle d’acteur de la 1ère En effet, 61% des personnes interrogées dans le cadre de l’enquête disent avoir déjà fait appel à leur médecin généraliste pour un problème d’anxiété, angoisse ou dépression (contre 52% en 2012). Les données Solidaris (pour une première délivrance en 2021) montrent que le médecin généraliste est le professionnel qui initie la prise d’antidépresseurs dans 76% des cas.

Pour le Secrétaire général de Solidaris, Jean-Pascal Labille : « Il est impératif de développer une vision de la prise en charge de la santé mentale et de poursuivre les investissements dans le secteur afin que toute personne en détresse psychologique puisse être accompagnée par un professionnel de la santé si elle le souhaite. » Concrètement, la Mutualité recommande de :

  • Renforcer l’offre en santé mentale pour la rendre plus accessible notamment financièrement ; en particulier pour les groupes de population manifestant plus de besoins ;
  • Analyser le rôle des médecins généralistes dans la prise en charge de la santé mentale, notamment dans le cadre de la prescription de médicaments ;
  • Poursuivre l’amélioration de la connaissance du secteur de la santé mentale par la population ;
  • Développer la promotion et la prévention en santé mentale en agissant notamment sur les déterminants sociaux de la santé.

 

Source: Institut Solidaris

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