La fin de l’aventure Take Eat Easy suscite bien des commentaires. La difficulté de reproduire la croissance des start-ups et de leur financement dans nos contrées, la nécessité de rebondir et de considérer cet échec comme un apprentissage… Autant vous dire que tout cela nous laisse plutôt sur un mode interrogatif voire sceptique. En effet, ne serait-il pas nécessaire de parler de bonne et saine gestion par ailleurs, car cela aussi doit s’apprendre ! Entre-temps, la réaction de la coopérative SMart par le biais de laquelle de nombreux sous-traitants de Take Eat Easy a retenu notre attention. Manifestement, deux modèles de responsabilité s’affrontent.

SMart* a pris connaissance de la mise en redressement judiciaire de l’entreprise de livraison Take Eat Easy et a décidé de payer 340.000 euros aux coursiers Take Eat Easy

La coopérative commente l’événement comme suit : « La fin d’une aventure entrepreneuriale n’est jamais une bonne nouvelle, particulièrement pour l’ensemble de son personnel et de ses sous-traitants. Tous les coursiers affiliés à SMart seront rémunérés normalement et dans les délais pour les contrats prestés pour « Take Eat Easy » jusqu’au 25 juillet. En tant qu’entreprise partagée fondée sur un principe mutualiste de solidarité, SMart met toutes ses forces à articuler l’autonomie du travailleur et sa protection sociale. C’est pour ces raisons que nous avions, en mai dernier, signé avec Take Eat Easy et Deliveroo un protocole d’accord. Le but : garantir le barème salarial, la protection et la sécurité des coursiers. Le renforcement de cette protection est une composante structurelle de la rentabilité économique. »

Et de poursuivre : « depuis près de 18 ans d’activités, SMart a choisi de ne pas rémunérer du capital. Ses résultats positifs servent uniquement à développer ses services aux freelances et à constituer des réserves destinées à couvrir les risques, sans rien céder sur la protection sociale de ces travailleurs. La ‘facture’ que nous laisse Take Eat Easy n’est pas mince, mais n’entrave en rien la solidarité continue de nos membres. La ‘nouvelle économie’ se trompe en croyant qu’elle bâtira sa réussite économique sur des emplois ‘kleenex’. Cette économie n’a une chance d’être très porteuse d’avenir et de progrès qu’à la condition de s’intéresser aux nouvelles formes d’une protection sociale étendue, avec la même énergie qu’elle consacre aux nouvelles manières de faire des affaires. Une aventure se termine, d’autres se poursuivent, et chaque jour de nouvelles se créent : nous continuerons de les accompagner, avec le même souci d’efficience et de solidarité. »

*SMart est une société coopérative développant notamment un modèle de portage salarial pour bon nombre de métiers liés à la création – voir à ce sujet le business case présenté dans le cadre de nos cycles HR Challenges in Non Profit.