Dans un contexte où les plus importants défis se stabilisent, 51% des entreprises belges actives dans la construction prévoient de recruter au cours des six prochains mois. Un nouvel aléa se profile toutefois à l’horizon. À peine un quart des jeunes est enclin à choisir un emploi dans ce secteur, principalement en raison de mythes tenaces autour de la sécurité de l’emploi, des opportunités de carrière, de l’équilibre entre travail et vie privée et de l’impact du secteur sur le climat, comme le conclut le consultant BDO dans une enquête mondiale menée auprès de plus de 700 entreprises et travailleurs de la construction dans 8 pays, dont la Belgique.
« Une approche innovante de la stratégie en matière de talent et de la communication sur l’impact environnemental et la contribution sociale s’impose pour répondre à la demande croissante », recommande BDO. La fédération sectorielle Embuild Wallonie souscrit à ce point de vue et affirme d’ores et déjà des ambitions fortes pour y répondre.
La construction a dû faire face à de nombreux défis, ces dernières années. L’inflation, les problèmes de chaîne d’approvisionnement, l’augmentation des coûts de financement et des matériaux, ainsi que la multiplication des lois et des réglementations ont pénalisé les entreprises du secteur. À l’exception des réglementations complexes, la situation se stabilise progressivement et le secteur voit ses carnets de commandes s’étoffer pour les prochains mois. La demande de collaborateurs a donc aussi le vent en poupe. 51 % des entreprises prévoient de recruter dans les six prochains mois, selon une étude mondiale réalisée par le consultant BDO. « Les ouvriers qualifiés, les ingénieurs et les profils d’approvisionnement sont notamment des fonctions très prisées », explique Erik Van den Broeck, Industry lead for Real Estate & Construction chez BDO Belgique. « Mais il s’agit d’un défi de taille : la moitié des entreprises déclarent qu’il est particulièrement difficile d’attirer de jeunes talents qualifiés. »
BDO a donc également sondé de jeunes étudiants pour entendre leur point de vue. « Ce faisant, nous avons mis au jour un décalage entre les jeunes et le secteur de la construction. Alors que les entreprises de la construction pensent surtout pouvoir séduire les jeunes par la rémunération financière (50 %), il ne s’agit en réalité que de la cinquième motivation la plus importante pour les étudiants, qui souhaitent surtout un meilleur équilibre entre travail et vie privée (48%), le respect et la reconnaissance de leur travail (45 %) et la sécurité de l’emploi (43%). »
Un tiers des postes vacants n’est pas pourvu
Et il s’avère que ces jeunes doutent de pouvoir trouver une réponse à leurs attentes dans le secteur de la construction. Lorsqu’ils pensent à un emploi dans la construction, ils évoquent, en effet, un travail physique lourd (77%), mais l’associent moins à l’équilibre entre travail et vie privée (48%), à la flexibilité (47%), à l’impact positif sur le climat (45%) ou à l’attention portée au bien-être (40%). 40% des étudiants belges pensent également que le secteur de la construction n’est pas d’emblée l’option la plus intéressante sur le plan financier. Seuls 28% d’entre eux estiment donc qu’un emploi dans ce secteur est intéressant. Parmi les étudiants belges qui envisagent la construction, 83 % ne sont intéressés que par un emploi de bureau (dans les RH ou l’informatique) ou par un rôle technique tel que l’analyse de données ou l’automatisation.
« Les entreprises de la construction doivent donc adopter une nouvelle approche de leur stratégie en matière de talents et renforcer la communication sur leur impact environnemental et leur contribution sociale », conclut Erik Van den Broeck. « Avec la bonne approche, elles peuvent montrer à cette génération ambitieuse que le secteur leur permet de développer des compétences et leur offre des perspectives de carrière à long terme, tout en leur faisant jouer un rôle personnel et positif sur le changement climatique. »
Le secteur s’engage pleinement dans cette voie
La fédération sectorielle Embuild Wallonie ne peut qu’être d’accord. L’organisation a donc l’intention de mettre l’accent sur ces points dans les années à venir. « Les opportunités de carrière dans le secteur de la construction en Wallonie sont très nombreuses. Et les métiers de plus en plus variés peuvent attirer tous les profils : manuel, organisationnel, technique ou encore commercial. Malgré cette diversité des fonctions, la pénurie de main-d’œuvre est encore trop importante dans le secteur de la construction wallonne », explique Hugues Kempeneers, directeur général de Embuild Wallonie. « Pourtant, parmi les plus de 2.000 jeunes qui sortent d’une filière construction chaque année à l’IFAPME, 93 % d’entre eux ont trouvé un travail moins de six mois après leur sortie de formation en alternance. Un chiffre qui prouve que les entreprises wallonnes sont en perpétuelle recherche de nouveaux talents. »
Dans ce contexte et afin d’assurer la promotion de ses métiers, Embuild Wallonie, le Forem, l’IFAPME, WorldSkills Belgium, trois fonds sectoriels (Constructiv, Cefora et Volta) et les organisations syndicales (FGTB Construction, CSC Bâtiment – Industrie & Energie) ont lancé, en partenariat avec la Wallonie, la campagne « Je Construis Mon Avenir » à destination des jeunes et des wallons et wallonnes. « Elle fait la part belle aux différents métiers des secteur du bois, de la construction, de l’électricité qui recrutent massivement. Elle vise à sensibiliser les personnes en recherche d’emploi ou de réorientation de carrière et, plus particulièrement, les jeunes ainsi que les femmes à l’importance de la construction dans les enjeux de la transition », conclut Hugues Kempeneers.
C’est exactement ce dont le secteur a besoin, estime BDO. « Que la fédération sectorielle se rende compte qu’il y a un problème d’image et qu’elle s’y attaque est une bonne chose. Le secteur a beaucoup à offrir pour l’avenir en termes d’impact sur la transition énergétique et la numérisation. Les jeunes commenceront également à s’en rendre compte si nous le leur expliquons », conclut Erik Van den Broeck.
Source: BDO