Vers la rémunération en temps réel? Un travailleur sur trois opterait pour cette formule si elle était disponible dans leur entreprise.

Bien que la rémunération en temps réel fasse encore office d’exception en Belgique, cette forme de rémunération flexible intéresse déjà de nombreux travailleurs. Près d’un sur trois choisirait de recevoir la rémunération de son travail immédiatement après avoir fourni une prestation. À noter que les jeunes générations ont particulièrement conscience des avantages d’un paiement accéléré de leur salaire.

L’enquête réalisée par iVOX pour le compte du développeur de logiciels RH Prato a invité 1.000 Belges à donner leur avis sur la rémunération en temps réel. La plupart des participants étaient des travailleurs sous contrat fixe (44,8%). L’enquête incluait également des retraités sans flexi-job (28%), des demandeurs d’emploi ou des personnes sans contrat (17,2%), des travailleurs intérimaires (4,9%) et des travailleurs sous titres-services (2,2%). À la question de savoir s’ils opteraient pour la rémunération en temps réel si elle était proposée en Belgique, 30,6% ont répondu par l’affirmative. La majorité (35%) est restée neutre, ce qui indique peut-être que le concept est encore méconnu pour de nombreux Belges.

La rémunération en temps réel désigne la possibilité pour le travailleur de recevoir son salaire immédiatement après avoir effectué une prestation. Les éventuels impôts et cotisations sociales peuvent même déjà être pris en compte au moment du versement grâce à la technologie moderne : des moteurs salariaux intelligents calculent les salaires en temps réel, en appliquant immédiatement les règles et la législation. Si l’idée est déjà davantage ancrée dans les pays anglo-saxons, la rémunération en temps réel suscite également un certain intérêt en Belgique.

Les jeunes perçoivent les avantages de la rémunération en temps réel
D’après l’enquête, ce sont les jeunes générations qui ont le plus conscience du potentiel de la rémunération en temps réel : 44 % des sondés de moins de 34 ans perçoivent les avantages de la rémunération directe. Ce chiffre atteint à peine 20 % chez les plus de 55 ans. Les travailleurs en titres-services (70,7 %) sont, eux aussi, convaincus des avantages de la formule.

Mais quels sont-ils ? La sécurité constitue le principal avantage pour environ un sondé sur cinq. Le travailleur reçoit, en effet, ce à quoi il a droit dès qu’il a réalisé une prestation. Autre avantage : l’idée que la rémunération en temps réel ouvre la voie à une meilleure planification et à une réduction du stress financier (13%). Enfin, un peu plus de 11% des personnes interrogées tireraient une plus grande satisfaction d’un travail pour lequel elles sont rémunérées immédiatement. Le fait que les jeunes générations pointent la « réduction du stress financier » comme principal avantage (17,1%) n’a rien d’étonnant. Les retraités indiquent quant à eux que leur travail leur procurerait davantage de satisfaction (25,1%) ; un argument partagé par les travailleurs sous titres-services (29,2%).

Une crainte : le manque de discipline financière

Ce mode de rémunération comporte néanmoins des risques. Quelque 25,7% des personnes interrogées craignent un manque de discipline financière : la tendance à dépenser leur salaire immédiatement, auquel cas il leur reste moins d’argent au final. 23% estiment, par ailleurs, que l’absence d’un aperçu mensuel serait source d’insécurité financière. Enfin, un sondé sur cinq s’inquiète de la complexité que la rémunération en temps réel pourrait engendrer, notamment en matière de fiscalité. C’est évidemment pour cette raison que la Belgique doit commencer par mettre en place un cadre législatif avant de s’engager plus avant et plus efficacement sur la voie d’une rémunération flexible.

Le manque de discipline financière est un risque qui préoccupe surtout les jeunes générations (32%). Seule une minorité des personnes interrogées (11,2%) craint que cette nouvelle forme de rémunération fasse naître chez les employeurs d’autres attentes quant aux prestations fournies.

Quand on leur demande à quelle fréquence ils auraient recours à la rémunération en temps réel, un quart des participants déclarent qu’ils n’y feraient appel qu’en cas d’urgence ou d’imprévu. 23,9% le feraient plus souvent, mais, là encore, en fonction de leurs besoins financiers. Seule une minorité se dit intéressée par une rémunération régulière (11%) ou immédiate (6%). À noter que les hommes (22,5%) seraient plus enclins que les femmes (12%) à opter pour un paiement immédiat et régulier. Les retraités employés sous le régime des flexi-jobs (30,4%) préféreraient recevoir leur salaire immédiatement.

Un facteur déterminant dans la guerre des talents ?

Si la rémunération en temps réel était déjà possible aujourd’hui, la plupart des personnes interrogées n’y verraient pas un argument déterminant dans le choix d’un employeur (45%). Seuls 15% en tiendraient compte. Il s’agira pourtant peut-être bientôt d’un moyen pour les employeurs de faire la différence. 28% des jeunes indiquent, par exemple, que cet argument pourrait peser dans leur décision. Les bénéficiaires de titres-services (68,8%), les retraités sous contrat flexi-job (43,9%) et les travailleurs intérimaires (32%) seraient aussi nombreux à préférer un employeur qui offre une rémunération en temps réel.

« Qu’il s’agisse d’écouter de la musique ou de passer des commandes en ligne, nous vivons à l’ère de l’instantanéité. Pourquoi, dès lors, attendre la fin de la semaine ou du mois pour recevoir son salaire ? La technologie est déjà à notre disposition : les moteurs salariaux comme Earnie sont capables de traiter les salaires en temps réel. On n’attend plus qu’une chose : que les responsables politiques donnent leur feu vert à la rémunération en temps réel. Nous sommes persuadés que de nombreux travailleurs y auraient recours. Cette option pourrait bien jouer un rôle prépondérant dans la guerre des talents, surtout parmi les jeunes travailleurs », estime Joris Peumans, CEO de Prato.

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