Le 5 mars, la Commission, par l’intermédiaire de la commissaire Mînzatu, a lancé les différents chantiers que l’Europe va mettre en œuvre dans les mois à venir pour répondre aux pénuries de main-d’œuvre et de travailleurs possédant les compétences requises. Selon les chiffres européens, près de quatre cinquièmes des PME européennes souffrent de ces pénuries, ce qui a un impact négatif sur la compétitivité européenne.
Les besoins sont aigus : 33% des adolescents européens échouent en mathématiques de base, 25% en sciences et près de la moitié d’entre eux ne possèdent pas les compétences de base. La population adulte présente, elle aussi, d’importantes lacunes en matière de compétences de base et de compétences numériques.
L’industrie et l’économie se transformant à un rythme rapide, les retards en matière de formation et de compétences sont d’autant plus importants, et les structures de formation traditionnelles ont de plus en plus de mal à suivre. C’est la raison pour laquelle la Commission va injecter 150 milliards d’euros dans diverses initiatives :
1. Renforcer les compétences de base : grâce à un Plan d’action pour les compétences de base, l’Europe entend se concentrer sur la lecture, les mathématiques, les sciences, l’alphabétisation numérique, mais aussi sur l’alphabétisation civique (citizenship literacy), qui englobe, entre autres, l’éducation aux médias et l’éducation civique. La Commission va proposer un Programme de soutien aux compétences de base auquel les écoles pourront faire appel ; un Programme pour les enseignants et les formateurs pour remédier aux pénuries d’enseignants et promouvoir les carrières dans l’enseignement ; une Stratégie UE en matière d’éducation et de formation professionnelle visant à rendre l’enseignement professionnel plus attrayant, plus innovant et plus inclusif, ainsi qu’un Plan stratégique d’éducation STEM pour favoriser l’excellence dans les formations STEM.
Des objectifs concrets à atteindre d’ici à 2030 sont en outre formulés :
- La proportion de personnes présentant des lacunes en lecture, écriture, mathématiques et sciences ainsi que des compétences numériques insuffisantes doit être ramenée à un maximum de 15 %. Quant à celle des personnes affichant de meilleures performances dans ces domaines, elle doit être d’au moins 15%.
- La proportion d’étudiants inscrits à une formation STEM dans l’enseignement professionnel secondaire doit être d’au moins 45 %, et au moins 1 sur 4 devrait être une fille.
- La proportion d’étudiants inscrits à une formation STEM dans l’enseignement supérieur doit être d’au moins 32 %, et au moins 2 sur 5 doivent être des femmes.
- La proportion d’étudiants inscrits à des programmes de doctorat dans le domaine des TIC doit être d’au moins 5 %, et au moins 1 sur 3 doit être une femme.
- 1 million de femmes suivent une formation STEM.
2. Formation sur le lieu de travail : le perfectionnement et la reconversion professionnelle, tout comme le changement d’état d’esprit à l’égard de la formation, seront facilités par l’encouragement (financier) et le soutien aux entreprises qui sont (ou seront) touchées par des phénomènes de transition et de transformation dans leur secteur. Le Pacte renforcé pour les compétences vise à améliorer et à recycler les compétences d’un plus grand nombre de travailleurs dans les secteurs stratégiques, tandis que les Académies européennes des compétences fourniront les compétences nécessaires aux secteurs en transition.
Pour les industries qui sont déjà confrontées à ces défis aujourd’hui, la Commission propose la Garantie de compétences pour les travailleurs, prévoyant des mesures de soutien à la formation, à la requalification et à des mesures actives d’emploi pour les entreprises qui soutiennent leurs travailleurs qui risqueraient autrement de perdre leur emploi ou qui pourraient bénéficier d’un accompagnement pour changer d’emploi. L’Europe souhaite d’abord mener ce projet pilote dans l’industrie automobile.
Pour former des personnes à un emploi dans les secteurs en pénurie, la Commission souhaite privilégier des partenariats entre universités et entreprises.
3. Renforcer la mobilité de la main-d’œuvre au sein de l’Union par la reconnaissance automatique des compétences (plutôt que des diplômes) dans le cadre de l’Initiative sur la transférabilité des compétences.
En outre, l’Europe souhaite accorder une attention particulière à l’enseignement professionnel et à son attractivité, ainsi qu’à l’augmentation du nombre d’apprentis. La Commission entend également se concentrer sur l’enseignement supérieur et les formations d’ingénierie.
4. Rendre l’UE plus attrayante pour les talents étrangers grâce au Réservoir européen de talents, qui permet de faire correspondre des profils internationaux aux besoins de l’industrie européenne et qui prévoit des possibilités d’immigration légale. Elle envisage en outre d’attirer, de façon ciblée, des chercheurs, des doctorants et des post-doctorants étrangers grâce à des bourses et à un programme de visas qui leur permettra également d’accéder au marché du travail et à l’entrepreneuriat au sein de l’UE.
5. Nécessité de disposer de davantage de données pour prévoir les besoins en compétences, d’améliorer l’anticipation et l’analyse grâce à la création d’un Observatoire européen des compétences.
6. Mieux canaliser les flux et décisions existants en matière de financement, tels que le FSE+, Erasmus+ et le Fonds européen de relance, ainsi qu’une nouvelle recommandation du Semestre européen pour tous les États membres sur la formation et les compétences.
Afin d’orienter ces initiatives, les partenaires sociaux européens ainsi que les représentants des entreprises et secteurs y seront étroitement associés dans le giron d’un Conseil européen de haut niveau sur les compétences, dont les ministres nationaux de l’Enseignement feront également partie.
Nous avons déjà calculé que 63% des profils nécessiteront au moins un niveau d’application professionnelle de maîtrise du numérique d’ici à 2030, et nous avons déjà souligné que le vieillissement de la population, d’une part, et les transitions numérique et énergétique, d’autre part, entraîneront des inadéquations préjudiciables sur le marché du travail et des risques pour notre compétitivité si nous ne misons pas pleinement sur l’anticipation en termes de compétences, de perfectionnement et de reconversion. Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour préparer le marché du travail aux transitions en matière de compétences et pour aider les entreprises à attirer des travailleurs possédant les compétences requises. Dans ce contexte, cet agenda européen, mis en œuvre en étroite collaboration avec les partenaires sociaux européens et les représentants des entreprises, peut apporter le soutien nécessaire aux États membres, qui pourront ensuite développer leurs propres politiques.
Source: FEB – Centre de compétence Emploi & Sécurité sociale