Exactement cinq ans après le premier confinement lié au Covid, la majorité des CEO et des cadres belges ont une opinion positive du télétravail. C’est ce qui ressort d’une étude menée par l’Antwerp Management School et Vias institue. Ainsi, 75% des dirigeants d’entreprise et 81% des cadres estiment que le télétravail améliore la satisfaction et la motivation des salariés. De plus, trois quarts des employeurs reconnaissent que le télétravail facilite l’attraction et la rétention des talents.
Le 18 mars 2020, le premier confinement dû au coronavirus a entraîné d’importants changements dans la société, et le télétravail est l’un des principaux changements liés à cette période. Parmi les répondants, quatre entreprises sur dix n’autorisaient pas encore le télétravail avant 2020. La même proportion d’entreprises le proposaient de manière occasionnelle, tandis que seulement 20% permettaient de télétravailler de façon structurelle.
En 2025, le télétravail est devenu incontournable. Pas moins de 86% des grandes entreprises (de 500 salariés et plus) interrogées, offrent désormais un télétravail structurel, tout comme trois quarts des PME. Cinq ans après le début de la pandémie, la plupart des PDG et cadres belges restent donc largement favorables au télétravail, même si des difficultés subsistent.
Impact sur la productivité et la collaboration
Dirigeants et cadres ne perçoivent pas l’impact du télétravail sur la productivité de la même manière. Bien qu’une majorité de patrons (44%) reconnaisse une influence positive (contre 32% une influence négative), les cadres sont encore plus optimistes (71%, contre seulement 12% qui perçoivent un effet négatif). En ce qui concerne l’absentéisme, il y a plus de consensus : environ 50% des responsables des deux groupes observent une baisse du taux d’absentéisme grâce au télétravail.
« Dans notre enquête auprès des entreprises en 2021 – un an après le début de la pandémie – nous avions déjà remarqué que les dirigeants n’avaient pas une vision fondamentalement négative du télétravail », explique la professeur de psychologie du travail Kathleen Vangronsvelt de l’AMS. « À l’époque, la moitié des PDG constataient que le télétravail améliorait la concentration de leurs salariés, tandis qu’un quart voyait plutôt des effets négatifs. Un tiers observait des effets positifs sur l’efficacité des salariés dans l’exécution de leurs tâches, contre un tiers qui percevait des effets négatifs. Pourtant, beaucoup seront surpris de voir à quel point les employeurs reconnaissent aujourd’hui clairement les effets positifs du télétravail sur la productivité. Il se peut que ce soit aussi dû au fait que les médias mettent davantage en avant des exemples extrêmes, comme les entreprises adoptant des positions strictes et exigeant un retour à 100% au bureau. »
En matière de collaboration, les répondants signalent surtout des difficultés dans les réunions hybrides. Près de sept dirigeants sur dix (67%) et 53% des cadres trouvent que les interactions sont compliquées lors de réunions où certains participants sont présents physiquement et d’autres en ligne. Le travail en équipe pour trouver des solutions est également plus difficile avec le télétravail, selon 57% des PDG et 41% des cadres. Fait notable : un quart des cadres estiment au contraire que cela facilite la collaboration. De manière générale, les cadres semblent rencontrer moins de difficultés que les dirigeants d’entreprise, y compris pour la gestion des équipes. Pour 54% des CEO, il s’agit d’un défi, contre seulement 39% des cadres – dont un quart considèrent même que cela simplifie leur travail.
Flexibilité et structure
Comment les entreprises organisent-elles concrètement le télétravail ? Dans environ la moitié des cas, c’est l’entreprise qui détermine le nombre de jours où les collaborateurs doivent être présents au bureau. Les décisions sont moins souvent laissées aux cadres, aux équipes ou aux salariés eux-mêmes. En moyenne, les employés peuvent télétravailler deux (35%) ou trois jours (34%) par semaine. Quant aux jours de présence au bureau, la décision revient plus souvent aux salariés ou aux équipes eux-mêmes (tous deux à 33%) qu’à l’entreprise (15%).
« Nous observons clairement une tendance avec les « journées pleines », ce qui engendre un trafic plus dense sur les routes le mardi et le jeudi », note la professeure Vangronsvelt. « Les équipes et les salariés choisissent souvent en fonction de leurs préférences personnelles et de l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée les jours où ils se rendent au bureau. »
De plus, la moitié des répondants indiquent que les salariés peuvent généralement décider eux-mêmes de leurs horaires de travail, à condition d’être disponibles à certains moments clés de la journée. Un quart des entreprises adoptent une approche légèrement moins flexible : les collaborateurs doivent respecter des horaires fixes, tout en disposant d’une certaine souplesse pour moduler quelques heures. Le fait d’avoir des horaires communs améliore la connexion entre les salariés en télétravail et les aide aussi à se déconnecter du travail en dehors de ces heures.
Impact sur le trafic
Dr. Manon Feys de Vias institute ajoute : « Chaque trajet domicile-travail évité signifie moins de congestion sur les routes aux heures de pointe. Nous avons calculé qu’en 2023, cela a permis d’éviter 1 126 accidents de voiture, dont 9 mortels. Le trafic reste un facteur souvent négligé lorsqu’on évoque les bénéfices du télétravail. »
Source: l’étude de l’Antwerp Management School (Next Generation Work) et de l’institut Vias, menée sous la direction de la professeure Dr Kathleen Vangronsvelt, Tomas Vandereycken et Dr Manon Feys, se concentre sur la perception du télétravail par les employeurs en 2025. Plus de 750 dirigeants d’entreprise, cadres et responsables RH ont été interrogés.