Près de la moitié des employés (47%) ne comptabilisent pas leurs heures de travail. Pourtant, une majorité des personnes concernées (57,1%) indiquent que l’enregistrement du temps les aide à garder un bon équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Sans un tel outil, plus d’un tiers des travailleurs (35,7%) ont rapidement tendance à dépasser leur quota d’heures, à en faire trop.

Chez ceux qui télétravaillent régulièrement, la proportion s’élève presque à la moitié (47,2%), contre près d’un quart (22,8%) pour ceux qui travaillent toujours au bureau. C’est ce que révèle une enquête de Protime, le spécialiste de la gestion du temps et du personnel, menée auprès de 1.000 employés belges francophones.

Un peu plus de la moitié des employés (53%) enregistrent leurs heures prestées. Près de six sur dix (57%) jugent que l’enregistrement du temps les aide à séparer le travail de la vie privée. Il leur offre la possibilité de gérer de façon plus souple les heures de début et de fin de journée de travail.

Ce sont surtout les jeunes qui accordent de l’importance au système: 68,6 % des moins de 35 ans, contre 53,9 % chez les 35-54 ans et seulement 40,3 % auprès des plus de 55 ans. Les télétravailleurs s’inscrivent aussi davantage dans cette optique: parmi ceux qui travaillent régulièrement depuis leur domicile, ils sont 67% à indiquer que l’enregistrement du temps les aide à maintenir l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée, contre 46% pour ceux qui travaillent toujours du bureau.

En l’absence de suivi des heures travaillées, plus d’un tiers des employés (35,7%) consacreraient davantage de temps à leur travail. Cette proportion atteint presque la moitié (47,2%) parmi ceux qui font du télétravail régulièrement, comparativement à 22,8% chez ceux qui sont toujours au bureau. Toutefois, certains affirment qu’ils travailleraient moins d’heures si le suivi n’était pas effectué (28,6%).

Parmi ceux qui enregistrent leurs heures de travail, deux tiers (66,4%) perçoivent nettement les avantages de cette pratique. Un peu plus de 13% se disent sceptiques, alors qu’un cinquième (20,6%) reste indécis.

De la pointeuse à l’appli: comment enregistrons-nous le temps que nous travaillons?

Quand on télétravaille, le système d’enregistrement du temps le plus utilisé (51%) est le logiciel installé sur l’ordinateur, suivi par l’appli pour smartphone (24,6%) et un fichier Excel (18,8%).

Les plus populaires systèmes d’enregistrement du temps pour le télétravail

• Via un système d’enregistrement du temps sur mon PC ou laptop (51%)
• Via une application mobile (24,6%)
• Fichier Excel (18,8%)
• Sur papier (15,2%)

Au bureau, une pointeuse à l’entrée reste le plus populaire moyen d’enregistrement du temps de travail (48,9%). Un logiciel sur l’ordinateur suit à la deuxième place (27,5%).

Les plus populaires systèmes d’enregistrement du temps au bureau

• Via une pointeuse à l’entrée (48,9%)
• Via un logiciel d’enregistrement du temps sur mon PC ou laptop (27,5%)
• Via une application mobile (12,2%)
• Fichier Excel (12,1%)
• Une solution biométrique (scan de l’iris, empreinte digitale) (10,6%)
• Sur papier (10%)

Pas un moyen de contrôle, mais un outil de monitoring

La moitié des travailleurs (50,6 %) considèrent que l’enregistrement du temps est un moyen pour l’employeur d’exercer un contrôle. Mais cette interprétation n’est pas forcément exacte.

« L’enregistrement du temps constitue une forme de contrôle, mais pas seulement pour surveiller les heures travaillées. Le système permet aux responsables d’équipes de « prendre le pouls » de leurs collaborateurs et de rester attentifs à leur bien-être. Cela fonctionne comme le cardiofréquencemètre d’un sportif: la technologie ne lui dit pas à quelle vitesse il doit courir, elle l’informe seulement si sa performance est optimale, s’il approche de ses limites ou s’il peut en faire plus” explique Florent Bovicelli, porte-parole de Protime. “Un membre de mon équipe fait-il face à une surcharge de travail temporaire pour atteindre des objectifs précis? Un collègue a-t-il besoin d’aide pour gérer plus efficacement certaines tâches? Un aperçu des heures prestées pour chaque tâche constitue un moyen objectif pour aborder un dialogue constructif avec le collaborateur.”

Lode Godderis, professeur de médecine du travail à la KU Leuven, le confirme: ​“L’enregistrement du temps est encore vu trop souvent comme un moyen de contrôle, alors que son véritable potentiel réside dans le renforcement de la responsabilité de l’individu et de la conscience de ses choix. En éclairant les collaborateurs sur la façon dont ils utilisent leur temps, ils peuvent mieux appréhender leurs limites, poser des choix plus éclairés et intégrer davantage de calme dans leur journée de travail. Cela se traduit par moins de stress, moins d’heures supplémentaires et plus de place pour ce qui compte vraiment: tant pour le travail que pour la vie privée.”

L’enregistrement du temps n’est pas encore obligatoire en Belgique, mais l’Europe accentue la pression

L’enregistrement du temps n’est pas (encore) une obligation générale. En mai 2019, la Cour de justice de l’UE a publié un arrêt imposant aux employeurs des états membres la mise en place d’un système d’enregistrement du temps objectif, fiable et accessible. L’objectif est de protéger les travailleurs contre les durées de travail excessives et de garantir le respect d’une durée maximale pour le travail et d’un temps de repos minimum.

Même si la Belgique n’a pas encore traduit cet arrêt en législation, on observe déjà des conséquences juridiques. Ainsi, en mai 2020, le tribunal du travail de Bruxelles a jugé qu’un employeur qui ne dispose pas de système d’enregistrement du temps court le risque de devoir prouver lui-même qu’aucune heure supplémentaire n’a été prestée.

Source & Méthodologie: l’enquête en ligne a été réalisée entre le 18 février et le 10 mars 2025 par l’agence iVOX pour le compte de Protime. 1.000 employés belges francophones ont été interrogés. L’enquête est représentative en termes de genre, d’âge et de diplôme. La marge d’erreur maximale est de 3,02%.