Éditorial – Trois peurs à surmonter, celles qui nous empêchent de nous débarrasser des leaders hors contrôle qui s’arrogent les pleins pouvoirs…

Ce n’est plus une interrogation ni même une probabilité : le retour des autocrates est confirmé. A tous les niveaux, y compris dans nos entreprises… Ce qui nous surprend, c’est la faiblesse de nos réactions. Est-ce tout simplement de la passivité, puisqu’il faudrait calmement attendre que cela passe? Ou plutôt de la sidération face à des nouveaux dirigeants tyranniques qui s’imposent par l’audace, la vitesse et le mensonge?
Boostés par un ego sans limite, de nouveaux dirigeants imposent à leurs équipes et à leurs instances de gouvernance une prise de pouvoir sans limite, en veillant avant tout à consolider leur position pour en tirer un solide profit personnel. Qui est celle ou celui qui va prendre l’initiative de dire tout simplement : ‘cela suffit’ !

Face à des dirigeants qui s’emparent du pouvoir et aux effets destructeurs de leurs incompétences, nous voulons comprendre par quels mystères aucune réaction organisée ne voit le jour. Pour quelles raisons étranges la révolte ne parvient-elle pas à s’organiser ?

La nature a horreur du vide.

Il y a une dimension absurde à l’évolution récente de nos sociétés: alors que les figures et arguments d’autorité sont systématiquement critiquées et, parfois, détestées – bienvenue dans l’ère des contre-vérités ! –, nous sommes en train d’assister à l’installation de leaderships forts qui règnent sans partage et surtout, sans se soucier le moins du monde des avis de ceux qui les entourent. Il y a manifestement un lien logique que nous n’avons pas compris.

Une des raisons pour laquelle la contestation reste molle tient à notre peur viscérale du vide. La position de leader n’est pas enviable. Être au centre de toutes les attentions, jour après jour, ce n’est pas forcément agréable. Il y a donc de moins en moins de candidats… Pas évident dans ces conditions de remplacer les tyrans de nouvelle génération que nous retrouvons à la tête de nos organisations. Question posée : si nous virons le psychopate qui pilote notre organisation, qui allons-nous bien pouvoir placer sur le trône ?

Les limites de la bonne éducation.

Autre phénomène favorisant le maintien au sommet d’apprentis dictateurs qui vampirisent nos entreprises : la bonne éducation. Nous sommes, pour la plupart, des gens bien élevés. Dans les salons feutrés des conseils d’administration, ainsi que dans l’atmosphère ouatée des étages réservés au management, le respect est une valeur centrale. Nous avons le droit d’y avoir des échanges musclés de temps à autre. Sans débordement.

Ce fondement du vivre et travailler ensemble peut aussi devenir tantôt un garde-fou, tantôt un obstacle à l’élimination d’un leader déviant. C’est une question philosophique au fond : peut-on répondre à l’outrage par la tempérance? Peut-on lutter contre le mensonge et la manipulation par une argumentation construite et un appel au bon sens commun? C’est peu probable… et regrettable bien sûr. Les leaders ne répondent pas aux règles de bienséance telles que le respect de la parole donnée, par exemple. Il faut sortir du cadre pour les mettre hors jeu.

Le sens de sacrifice ? Un foutu piège à cons…

Enfin, face à un dirigeant despotique et guidé avant tout par ses intérêts personnels – il est facile à détecter puisqu’il est la plupart du temps seul et, dans tous les cas, entouré d’une équipe faible et dépendante…-, nous sommes peu nombreux à passer à l’action tout simplement par celle ou celui qui interviendra en premier ne bénéficie jamais d’une prime au courage. Tout le monde sait qu’il faut y aller. Personne ne fait le premier pas. Pourquoi ? Parce que le sens du sacrifice est une idée obsolète qui mène tout droit au cimetière des héros oubliés.

Qui a envie d’être la victime vertueuse des représailles d’un leader doté des pleins pouvoirs ? Nous connaissons une foule d’individus de grande qualité qui ont disparu de la circulation pour avoir été les premiers à dénoncer les dérives. Ce sont celles et ceux que nous appelons aujourd’hui des lanceurs d’alerte. Contrer des leaders tordus et abusifs passe inévitablement par un saut de créativité (pas nécessairement du côté obscur d’ailleurs) et par une démarche collective. Ce sont des bases de gouvernance qu’il nous serait utile d’ajouter aux principes d’intérêt général que nous voyons bafoués jour après jour.

Jean-Paul Erhard

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