Selon une enquête réalisée par EY pour le compte de Microsoft, les entreprises belges n’ont rien à envier à leurs concurrentes européennes en matière d’intelligence artificielle (IA). En effet, la Belgique investit davantage dans l’IA que des pays comme les Pays-Bas, l’Italie ou la Suisse et nos top managers belges accordent plus d’attention à l’IA que leurs homologues européens. Forcément, ce positionnement suscite un appel d’air en ce qui concerne les compétences recherchées sur le marché.
L’intelligence artificielle affiche une forte montée en puissance en Europe. Au cours de la dernière décennie, un peu plus de 9 milliards d’euros ont été investis dans cette technologie par le biais d’acquisitions ou d’injections de capitaux. L’Allemagne, la France et le Royaume-Uni sont les leaders du marché, mais la Belgique occupe le septième rang en termes d’investissement et figure à ce titre dans le peloton de tête.
Ces dix dernières années, la Belgique a investi plus de 100 millions d’euros dans de jeunes entreprises actives dans le domaine de l’IA. Ce montant est plus de deux fois supérieur à celui investi par les Pays-Bas, par exemple, et permet à la Belgique de devancer des pays comme la Finlande, l’Irlande, l’Italie, la Norvège et la Suisse.
Le machine learning est le plus populaire en Belgique.
Les entreprises belges qui investissent dans l’intelligence artificielle voient principalement leur salut dans des technologies telles que le machine learning (81%) qui permet aux ordinateurs de découvrir des modèles à partir de grandes quantités de données. Comparativement aux entreprises européennes, elles estiment que les robots intelligents (62% contre 44%) et le traitement du langage naturel (48% contre 40%) offrent plus de possibilités. L’IA pour les agents virtuels, la reconnaissance vocale et l’analyse de texte obtiennent de moins bons résultats, tant chez nous qu’ailleurs en Europe.
Presque toutes les entreprises interrogées (89%) souhaitent travailler plus efficacement grâce à l’intelligence artificielle, en faisant des prévisions intelligentes, en automatisant des processus ou en personnalisant l’expérience utilisateur. Dans nos régions, l’IA est principalement utilisée pour assurer la maintenance prédictive, pour mieux cerner les besoins futurs des consommateurs et ainsi optimiser la chaîne d’approvisionnement, et pour automatiser des opérations logistiques.
L’IA contribue également à peaufiner l’expérience utilisateur au sein de l’entreprise laitière Alpro. « L’intelligence artificielle nous permet d’engager le dialogue avec les consommateurs, de prendre en compte certaines préférences et d’offrir ainsi une meilleure expérience client », explique Paul Denayer, le CFO.
L’IA en tête de liste des priorités de nos top managers.
Les hauts dirigeants des entreprises belges interrogées (90%) portent une très haute attention à l’IA, soit une proportion bien supérieure à celle observée dans le reste de l’Europe (71%). Selon l’étude, 65 % pensent que l’intelligence artificielle peut avoir un impact significatif sur l’activité principale de leur entreprise. Par ailleurs, 57 % des entreprises pensent que cette technologie exercera un impact sur les activités qu’elles n’ont pas encore démarrées.
L’intérêt manifesté par le top management se traduit également dans la pratique. Les entreprises belges explorent pleinement les possibilités de l’intelligence artificielle. Un peu plus 75 % des entreprises interrogées sont dans une phase pilote précoce ou utilisent déjà sélectivement l’IA pour un certain nombre de processus. Avec ce niveau de maturité, elles font jeu égal avec leurs concurrents européens.
« L’intelligence artificielle a progressivement dépassé la phase de développement et est utilisée efficacement dans le monde des entreprises, mais pour parvenir à une utilisation intensive et avancée de l’intelligence artificielle, la route est encore très longue » , constate Didier Ongena, General Manager de Microsoft Belux. « En termes de maturité, nous sommes dans la moyenne européenne. Nous devons donc passer à la vitesse supérieure et faire en sorte que l’IA contribue activement à l’automatisation de nos entreprises. »
Besoin d’experts
L’Europe tout entière a donc besoin de spécialistes pour hisser de tels projets à un niveau supérieur. Dans notre pays, les entreprises attachent beaucoup d’importance aux connaissances en matière d’analyse avancée (advanced analytics), dans une plus large mesure que leurs concurrents européens. Dans la pratique, nos entreprises belges indiquent donc que cette compétence est encore sous-développée en interne par rapport à leurs homologues européens. Dans notre pays, il n’est d’ailleurs pas facile de recruter des collaborateurs possédant les bonnes compétences.
« Les entreprises qui commencent à travailler avec l’IA ont un avantage concurrentiel et affichent donc un taux de croissance plus élevé. Ce rapport montre le potentiel de l’IA pour notre pays, mais expose aussi des points névralgiques. Si la technologie est prête, il nous faut maintenant veiller à renouer avec les leaders » , avertit Didier Ongena.
À propos de l’étude – L’enquête d’Ernst & Young a porté sur 277 grandes entreprises de 7 secteurs et 15 pays européens, dont 21 en Belgique. Les personnes participant à l’enquête ont toutes un pouvoir de décision sur les projets d’IA.