Flexibilité du travail: la complexité de la législation et le coût pour les employeurs placent la Belgique en queue du peloton européen.

En 2004, 4,6% des Belges travaillaient la nuit. Ils ne sont plus que 3% actuellement, bien loin de la moyenne européenne qui se situe à 5,6%. Selon l’institut flamand Steunpunt Werk, en règle générale, les travailleurs belges prestent moins le soir, la nuit et le week-end que les autres travailleurs européens. Ainsi, seul un Belge sur 10 travaille à un horaire fortement différent du classique 9-17.

La RTBF extrait les principaux éléments de cette étude menée par l’institut flamand : en ce qui concerne le travail de nuit, le chiffre est sensiblement plus important en Wallonie (3,2%) qu’en Flandre (3%) et qu’à Bruxelles (2,8%). Il n’y a que quatre pays parmi les 28 qui font moins que nous : la Croatie, la Lituanie, la Pologne et le Portugal. De l’autre côté de l’échelle, la Slovaquie (16,5%), l’Italie (9,2%), Malte (9,1%) et la Slovénie (9,1%) ont davantage recours au travail de nuit.

Les chiffres de travail de soirée affichent la même tendance. La Belgique affiche un taux de 8,3%, loin de la moyenne européenne de 13,4% ou des champions européens de l’exercice comme la Grèce (30,1%) ou les Pays-Bas (29,2%).

L’écart est moins important en ce qui concerne le travail pendant le week-end. La Belgique est dans la moyenne basse de l’UE avec un taux de 17,8% concernant le travail le samedi, alors que les autres pays de l’UE se situent autour des 22%. Là encore, certains de nos voisins comme l’Italie, la Grèce ou Malte dépassent les 30%. Nos voisins plus proches (Pays-Bas, Allemagne, France) sont tous au-dessus de notre taux, compris entre 22% et 27%.

Le même faible écart se voit également sur le travail du dimanche. La Belgique (10,2%) se situe 2,5 points sous la moyenne européenne (12,7%). La encore, nos voisins allemands (11,8%), français (13,1%) et surtout néerlandais (19,7%) se situent bien au-dessus des chiffres belges.

La législation est-elle trop protectrice ?

Ces faibles taux de travail la nuit ou le week-end peuvent s’expliquer par une législation belge plutôt protectrice des travailleurs en la matière. Ainsi, le travail de nuit, après 20h et avant 6h du matin ainsi que le dimanche est théoriquement interdit. Bien sûr, certains secteurs sont parvenus grâce à des accords paritaires entre employeurs et syndicats à mettre en place un travail en dehors de ces horaires. Mais cela se fait après une négociation qui implique donc plus de récupérations ou des avantages qui rendent ce travail plus cher pour les employeurs… de quoi freiner les envies de pousser au travail de nuit ou le week-end.

Pour la Fédération des Entreprises de Belgique (FEB), ce travail flexible devrait être plus développé, à la fois répondre aux besoins de notre économie très exportatrice, mais aussi pour répondre à une certaine « liberté dans l’organisation du travail pour mieux concilier vie professionnelle et vie familiale ». « Cela doit bien sûr s’inscrire dans le respect d’un certain nombre de limites absolues et sur une base volontaire dans le chef des travailleurs », précise encore la FEB.

Du côté de la CGSLB, on s’étonne des chiffres plaçant la Belgique en queue de peloton européen. « On avait même l’impression inverse, en comparant les chiffres belges avec ceux de nos collègues européens », nous explique le porte-parole du syndicat libéral. Et la CGSLB de rejoindre, du moins sur le principe, l’idée d’explorer de nouvelles pistes vers un travail décalé. « Nous n’avons jamais dit à non à une certaine flexibilité car on le sait, certains travailleurs sont aussi demandeurs. Mais cela doit toujours faire partie d’une négociation car le travail de nuit par exemple a des conséquences sur le biorythme des gens et donc, il faut compenser le coût social que cela représente. »

Handicap économique.

La FEB ne le dit pas clairement, mais elle le sous-entend, la difficulté d’instaurer un travail décalé en Belgique pèse sur le chiffre d’affaires des entreprises. « Notre pays est une économie exportatrice, les consommateurs font aujourd’hui, en quelques clics, des achats qu’ils souhaitent recevoir chez eux demain », développe la FEB. Il y a donc une demande de consommateurs que les entreprises pour un travail le week-end ou la nuit.

Le faible taux de travail la nuit ou le week-end créerait donc un manque à gagner pour les entreprises belges. Mais elle est compensée, répond la CGSLB, notamment vis-à-vis de nos voisins directs. Le travailleur belge est plus productif que le Français, le Néerlandais ou l’Allemand, ce qui compenserait l’absence de travail le week-end.

Pour Comeos, le représentant du secteur du commerce et de service, le manque à gagner est évident. « Quand on compare les résultats de cette étude avec ceux des Pays-Bas, on ne peut que constater le handicap belge en matière de législation belge permettant le travail de soirée et le week-end », déplore Thierry Vermeire, directeur des Affaires sociales chez Comeos. « On sait que 50% des achats en ligne sont réalisés après 18h, et en Belgique, la législation de nuit commence à 20h, contre minuit aux Pays-Bas. Donc quand une entreprise belge a deux heures pour préparer une commande en Belgique, la néerlandaise en a six, avant de devoir payer des primes de nuit ou des compensations. Et cela explique que de nombreux centres de livraison e-commerce se trouvent le long de nos frontières. Si déjà, nous pouvions atteindre 21h ou 22h, nous y gagnerions beaucoup et notamment en emplois », appuie Thierry Vermeire.

Comeos ne parle donc pas du travail de nuit, mais plutôt de « travail de soirée », que l’étude divise aussi en deux statistiques différentes. Les conséquences médicales et psychologiques du travail de nuit sur le bien-être du travailleur ont déjà été prouvées à plusieurs reprises. On parle entre autres de troubles du sommeil et de troubles métaboliques comme la prise de poids. En France, on considère que le nombre de travailleurs de nuit a doublé en vingt ans.

Source: RTBF

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