Après deux mois d’interruption, nous reprenons le chemin du bureau, en rangs très dispersés. Et avec un niveau d’envie très variable manifestement… La pandémie aura créé un choc en emportant parfois un proche, parfois nos rêves d’un monde où nous pouvons aller et venir comme bon nous semble en (relative) sécurité. De là à parler d’une nouvelle ère? Mais non… Ce que nous savons par contre, c’est qu’il y a nécessité d’inventer de nouveaux rapports au travail pour celles et ceux qui se sont pris la crise en pleine tronche, expérimentant à cette occasion la distance, le chômage voire un nouvel équiibre privé/professionnel qu’elles/ils ne soupçonnaient même pas.
Ni le digital, ni le télétravail ne sont / ne seront les gagnants de l’ère post-corona. Ce sont des outils qui, certes, prennent une place de plus en plus importante dans notre vie. Cependant, ils modifient essentiellement la manière dont nous ‘exécutons’ le travail. Ils ne changent pas vraiment la position que nous lui donnons dans notre échelle de valeurs.
C’est sur un autre registre que nous serons attendus. Lequel? Sur celui de l’inspiration bien sûr.
Nous avons toutes et tous besoin de choisir la place que nous voulons encore donner au travail dans nos vies. Plus encore, lorsque celles-ci ont été ‘menacées’ finalement… Il faut trouver ces mots-clés qui nous aideront à y croire, à nous investir et à prendre une part active dans les projets les plus divers. Vous l’avez compris depuis un moment déjà… Nous allons vous faire une proposition. La voici.
Inspiration BlueNote.
Collaboration et liberté. La formule n’est pas nouvelle et elle nous a été rappelée via un documentaire diffusé il y a quelques jours et rappelant l’histoire et les fondamentaux du label Blue Note Records (www.bluenote.com).
Début des années 1950 déjà, ce double principe était la fondation de la plupart des formations de quintets de jazz où se retrouvaient des musiciens débutants devenus de véritables légendes depuis lors.
Traduction concrète svp? Cela se pratique comme ceci.
On joue ensemble, avec une ligne directrice, une orientation, une idée parfois un peu floue quant à la destination, ce qui laisse la part belle à la créativité de chacun.
On improvise, au risque de faire des erreurs. Mais comment gère-t-on la peur d’échouer et de décevoir ses pairs?
On accepte que l’autre puisse avoir une lecture différente et on s’adapte en se répondant puisque l’on ne peut modifier ce qui a été joué.
On évite toute forme de jugement définitif même si on peut se critiquer, durement parfois.
On se respecte. On s’écoute. On se complète. On s’enrichit.
Dans notre environnement professionnel, cette double capacité d’interaction et de créativité devient chaque jour davantage le coeur de l’entreprise. Nous sommes tellement interdépendants… Et nous avons tellement besoin d’innovation.
Interrogé récemment par les équipes de la RTBF – et la conversation était intéressante / interview disponible ici – en quête d’un commentaire quant à la décision de Twitter de passer en télétravail permanent à durée indéterminée, je partageais mon scepticisme et parlais d’égoîsme, d’inégalités et de déshumanisation. Au fond, je ne pense même pas – naîvement sans doute – que cela soit intentionnel du côté des entrepreneurs qui vont passer à la dématérialisation totale de leurs organisations. Par contre, je suis certain que le manque de vision et d’idéal communautaire est bien réel. C’est grave, docteur? Non, pas vraiment… Rien n’est perdu. Tout commence.
Jean-Paul Erhard