Comment adopter une bonne hygiène de vie numérique et mieux gérer l’impact des technologies sur notre bien-être?

À l’heure où les technologies numériques prennent une place centrale dans notre vie quotidienne, une nouvelle étude de l’OCDE, reposant sur des données recueillies en partenariat avec Cisco, lève le voile sur la nature plurielle et complexe de leurs interactions avec le bien-être. Quelles différences existent à travers le monde en ce qui concerne le rapport au numérique, en quoi il est important de trouver en la matière un juste équilibre et pourquoi la situation particulière des individus et des collectivités demande à être prise en considération au moment de définir des mesures visant à favoriser le bien-être numérique de tous.

Des recherches complémentaires permettraient de mieux appréhender l’incidence que la technologie, et notamment l’IA, est appelée à avoir sur le fonctionnement cognitif et émotionnel et, de manière plus générale, sur le bien-être des sociétés.

Afin que l’on puisse mieux cerner les effets de la transformation numérique sur le bien-être des personnes, le Centre de l’OCDE sur le bien-être, l’inclusion, la soutenabilité et l’égalité des chances (WISE), avec le concours de Cisco, a créé la Plateforme de l’OCDE sur le bien-être numérique, en 2024, et mené dans ce cadre un sondage mondial sur le rapport que nos contemporains entretiennent avec la technologie numérique dans leur vie quotidienne. Les résultats de ce sondage, réalisé en février et mars 2025, apportent de nouveaux éclairages sur les comportements numériques, la manière dont le numérique est perçu et l’influence qu’il est susceptible d’exercer sur le bien-être individuel.

Le Centre WISE s’intéresse au bien-être numérique en suivant les grands axes du Cadre de mesure du bien-être de l’OCDE, à savoir la santé, les liens sociaux, l’engagement civique, la sécurité personnelle et l’équilibre vie professionnelle-vie privée, en nous fondant à la fois sur des indicateurs subjectifs et des indicateurs objectifs et en distinguant l’exposition passive au numérique – comme le temps d’écran – de l’utilisation active des technologies – comme dans le cadre de la communication sur les réseaux sociaux ou celui de la collaboration en ligne. Il tient également compte de la finalité poursuivie et de l’évolution des risques en fonction des différentes périodes de la vie, ce qui permet de brosser un tableau plus nuancé du bien-être numérique des individus.

Un seul monde numérique, mille manières de le vivre

Le rapport au numérique revêt des caractéristiques différentes selon l’âge, le genre et le lieu. Les tendances quant à l’utilisation du numérique et l’investissement individuel dans cette sphère nous montrent que les jeunes adultes sont en pointe au regard de la plupart des dimensions : les 18-25 ans sont ainsi particulièrement actifs sur les réseaux sociaux, et les femmes davantage encore que les hommes – en particulier dans certains pays comme le Mexique et le Brésil.

Le travail à distance atteint son sommet chez les 26-45 ans, tandis que l’utilisation d’appareils connectés touche à son maximum chez les 26-35 ans, en Inde, au Brésil et au Mexique, et à son minimum au Japon, en France et en Italie. L’adoption de l’IA générative suit une trajectoire analogue : elle est portée par les 18-35 ans et par des économies émergentes comme l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud, tandis que l’Allemagne, la France et l’Italie se montrent plus frileuses.

Le temps d’écran, cependant, a de quoi susciter des craintes sur le plan du bien-être : 38 % des personnes interrogées déclarent passer quotidiennement plus de cinq heures devant un écran pour se distraire ; une proportion qui atteint même 41 % chez les 18-25 ans. Les femmes devancent légèrement les hommes à cet égard, et les plus forts pourcentages sont relevés au Mexique (50 %), au Brésil (48 %) et en Afrique du Sud (45 %). Or, selon les recommandations des experts, ce temps d’écran devrait être inférieur à trois heures chez les adultes.

L’incidence des technologies numériques est perçue de manière différente selon les générations et les régions. Dans l’ensemble, 39 % des personnes interrogées considèrent que les outils numériques ont amélioré leurs relations sociales. Cette opinion est particulièrement répandue chez les 18-25 ans ainsi que dans des économies émergentes comme l’Inde et le Brésil. À l’inverse, la majorité des adultes âgés de 56 ans ou plus ne sont pas de cet avis. Des disparités entre les genres se dessinent également – les femmes sont plus enclines que les hommes (avec un écart de 4 points de pourcentage) à déclarer que les technologies numériques ont une action positive sur leurs relations sociales.

Influence attendue de l’IA sur l’emploi

Les attitudes vis-à-vis de l’IA sont le reflet de ces fractures. Plus de 75 % des personnes interrogées âgées de moins de 35 ans considèrent que l’IA générative est utile, les avis les plus enthousiastes étant exprimés dans les économies émergentes. La confiance à l’égard de l’IA et de son utilisation éthique diminue avec l’âge et chez les hommes âgés de 26 à 35 ans, dont plus de la moitié s’attend à ce que cette technologie ait des conséquences significatives sur leur carrière et près d’un sur cinq juge que l’IA aura une « Influence certaine » sur l’emploi – ce qui donne à penser que le renforcement des compétences numériques sera de plus en plus considéré comme un moyen d’aller vers de nouveaux horizons professionnels.

Ces tendances ne sont pas seulement le reflet de disparités dans l’accès et l’infrastructure numérique, mais aussi celui de différences dans la culture numérique et la préparation à la société numérique. Elles soulignent l’importance d’adapter au contexte démographique et régional les stratégies en faveur du bien-être numérique.

Trouver son équilibre dans un monde connecté

Se distraire devant son écran se révèle être une activité importante chez les participants au sondage, qui sont 38 % à déclarer y consacrer plus de cinq heures chaque jour. Les pourcentages les plus élevés ont été observés chez les jeunes adultes ainsi qu’au Mexique, au Brésil et en Afrique du Sud. Ce rapport toujours plus étroit au numérique peut exposer les individus à des risques accrus, comme la fatigue oculaire, les conduire à mener leur vie sociale par écrans interposés et les rendre vulnérables à une dégradation de leur bien-être lorsqu’il s’y ajoute des facteurs contextuels comme la solitude et le manque d’activité physique. Les spécialistes de la santé recommandent de contenir le temps de loisir sur écran en deçà de trois heures par jour pour les adultes, et de réduire cette exposition au minimum chez les enfants. Les données recueillies semblent concorder avec ces préconisations en ce qu’elles révèlent l’existence d’une corrélation négative entre le temps d’écran, lorsqu’il excède deux heures, et le bien-être subjectif.

Cependant, les facteurs liés au mode de vie et à la situation socioéconomique ont davantage d’incidence sur le bien-être subjectif des individus que n’en a le temps d’écran. Le manque de sommeil, les difficultés financières et le manque d’activité physique se révèlent en effet être les principales variables explicatives à cet égard, qui amplifient les risques liés à une utilisation intensive des appareils numériques.

La situation au regard de l’emploi, le niveau d’instruction et le milieu familial ont également une incidence sur le bien-être subjectif, ce qui donne à penser qu’il faut des programmes ciblés d’initiation au numérique, d’enseignement et de formation, notamment à l’intention des parents, en parallèle à l’encadrement du temps d’écran. Ces observations montrent bien qu’il est important d’appréhender correctement les circonstances qui entourent l’utilisation des technologies numériques par tout un chacun.

Approfondir les recherches pour savoir comment adopter une bonne hygiène de vie numérique

La diversité du rapport au numérique souligne la nécessité d’aborder la question du bien-être numérique de façon plus ciblée et plus inclusive. Les solutions à l’emporte-pièce ont peu de chance d’être adaptées à la réalité toute en nuances telle qu’elle ressort du vécu des individus. Il faut au contraire des mesures adaptées au contexte, sensibles à la variation des facteurs démographiques et socioéconomiques et conçues de manière à protéger les populations vulnérables tout en favorisant l’innovation numérique. Des recherches complémentaires sont donc nécessaires pour démêler les influences cognitives et émotionnelles qui entrent en jeu dans l’utilisation du numérique et de l’IA, ainsi que leurs effets à long terme. Il faudra aussi impérativement exploiter des séries de données chronologiques pour distinguer les perturbations passagères des conséquences durables, et isoler les facteurs de protection qu’il est possible d’intégrer aux outils numériques et aux interventions des pouvoirs publics. Le monde numérique continuant d’évoluer, il sera essentiel de promouvoir une bonne hygiène de vie numérique et de veiller à ce que la population ait pleinement conscience des risques connexes.

 

Source: OCDE – Romina BOARINI, Directrice | Centre de l’OCDE sur le bien-être, l’inclusion, la soutenabilité et l’égalité des chances (WISE)

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