L’expert RH Hudson interroge régulièrement nos organisations belges sur leur façon d’appréhender les mesures liées au coronavirus et sur l’ampleur des effets qu’elles en subiront. La troisième étude a été publiée fin avril, 149 organisations y ont participé. Trois sujets centraux pour ce nouveau ‘sondage’ : l’éventualité d’une restructuration, l’approche en matière de recrutement et la gestion des collaborations avec les freelancers…
Sous l’effet du coronavirus, 1 entreprise sur 5 se voit dans l’obligation de procéder à des restructurations. Certaines organisations programment cette restructuration dans un avenir proche, en mai ou en juin, mais un nombre quasi équivalent d’entreprises interrogées déclare qu’elle n’aura lieu qu’en fin d’année, à partir du mois de septembre. La plupart des entreprises l’envisagent comme une évolution qui s’échelonnera sur plusieurs mois. Il n’est pas vraiment question de ‘big bang’.
Les restructurations concerneront en moyenne 11 % du personnel. Quelques sociétés avancent même le chiffre de plus de 30 %, mais il s’agit généralement d’organisations de plus petite taille (< 50 travailleurs). Les effets du dégraissage seront identiques pour les employés et pour les cadres. Au cours de ce processus, 53 % des organisations interrogées feront intervenir les syndicats. En parallèle, 80 % déclarent aussi qu’elles proposeront un trajet d’outplacement, y compris pour les fonctions qui n’entrent pas obligatoirement en considération.
Budget recrutement revu….
La crise du coronavirus laissera également des traces sur le recrutement. 21% des entreprises ont déjà annulé ou suspendu temporairement toutes leurs offres d’emploi. Pour 17 % d’entre elles encore, le budget de recrutement a été considérablement réduit (de plus de 20 %).
Les entreprises dont le budget de recrutement n’a pas été réduit restent néanmoins aussi dans l’expectative en se concentrant uniquement sur les remplacements indispensables ou en suspendant des procédures. 17% proposeront de nouveaux contrats mais ne les signeront qu’après la crise.
Les entreprises redoutent aussi des répercussions majeures sur la ‘war for talent’. Elles pensent notamment que la demande de fonctions IT et engineering s’intensifiera et que celle des fonctions de support connaîtra le plus grand recul.
Les candidatures spontanées livrent également des résultats étonnants. 57% ne ressentent aucun effet sur les candidatures spontanées, alors que 14% des entreprises déclarent au contraire recevoir davantage de candidature spontanées. Et ce principalement dans le secteur informatique. Pour des secteurs tels que l’industrie, la finance et la pharmacie les effets sur les candidatures spontanées sont nuls.
Les freelancers lourdement impactés.
Les freelancers aussi subiront de plein fouet la crise du coronavirus. Dès le début de la crise du coronavirus, la plupart des entreprises ont rapidement pris des mesures concernant leur collaboration avec eux. Dans 46 % des cas, leur régime de travail a été réduit de plusieurs jours par semaine. 11% ont décidé de suspendre totalement leurs missions et 4 % des organisations interrogées ont décidé de mettre fin à toutes les missions avant leur terme officiel. 31% des entreprises n’ont quant à elles entrepris aucune démarche concernant les contrats freelance.
Parmi toutes les organisations interrogées, 23 % seulement n’ont pas fait appel à des freelancers ou à un management intérimaire pour la crise du coronavirus. Après la crise, 47 % des entreprises redémarreront, mais sans freelancers. 22% referont appel à cette main d’œuvre flexible, mais dans une moindre mesure.
En revanche, les départements IT et Production s’attendent à ce que des effectifs flexibles supplémentaires soient nécessaires.
Chômage temporaire
Le nombre d’organisations qui recourent au chômage temporaire se stabilise à 60 %. Alors que dans le sondage précédent, 50 % des organisations déclaraient avoir encore l’intention d’introduire une demande de chômage temporaire pour les travailleurs occupés à temps plein, ce chiffre est à présent retombé à 42 %.
L’on notera que les entreprises interrogées sont à la recherche de moyens divers de gérer la baisse de l’emploi. Ainsi, 13 % des entreprises réorientent leurs travailleurs en interne dans un autre domaine professionnel, tandis que 3 % des organisations ‘prêtent des travailleurs’ à des sociétés dans des secteurs critiques. 15% des organisations se lancent dans de nouveaux projets ou formations ou les réactivent. 33% des organisations font le choix de se recentrer sur leurs activités de base en ces temps difficiles.
En plus de leurs tâches journalières, 80 % des organisations déclarent se lancer déjà dans la rédaction de mesures dans la perspective de la reprise du travail dans les bureaux. Elles se concentrent essentiellement sur l’application de la ‘distanciation sociale’ et sur la protection des collaborateurs au moyen de masques, de gel désinfectant pour les mains…
Avec le retour des travailleurs, les entreprises, essentiellement celles du secteur industriel, espèrent atteindre dans les 6 mois le niveau de travail qui existait avant le déclenchement du coronavirus. Les entreprises logistiques supposent que ce processus sera de plus longue haleine dans leur cas.
Source: Hudson