Disons qu’une bonne moitié des ‘problèmes’ que nous rencontrons en matière d’engagement des collaborateurs et d’organisation du travail collectif se heurtent à la question de la confiance. Résistance vis-à-vis du travail hybride et retour en arrière en matière de télétravail? C’est une question de confiance. Manque de collaboration entre des départements qui devraient pourtant travailler étroitement ensemble? Une question de confiance. Intégration ratée de nouveaux collègues au sein de nos équipes? Nous n’avons pas réussi à créer la confiance. La liste pourrait être très longue… Que nous manque-t-il donc pour réussir à gagner et à conserver la confiance de nos collègues et partenaires ?
La question de la confiance est bien récurrente mais certainement pas insoluble. A condition de l’aborder de façon pragmatique. Ce qui veut dire : ce n’est pas un pari, duquel on sort avec une énorme déception dans la plupart des cas. La confiance est un projet, que l’on décide de construire ensemble. Une condition nécessaire mais pas suffisante pour mener un projet d’entreprise.
Un concept un peu fourre-tout pour expliquer les défaillances dans nos équipes.
Il y a deux coupables tout désignés en permanence pour expliquer et justifier quand cela ne fonctionne pas: la confiance et la communication. Les projets de changement qui plantent lamentablement, les recrutements ratés ou encore licenciements qui auraient pu être évités sont si souvent associés à un déficit ou une absence de l’une ou de l’autre. A juste titre ? Pas toujours, mais nous devons reconnaître une réalité de terrain difficile. Les relations sont souvent tendues et l’hiver social qui s’annonce ne va rien améliorer. En ce qui concerne la confiance, nous voyons que les efforts à faire pour entamer et entretenir le dialogue apparaissent parfois insurmontables. C’est pourtant dans l’échange que l’on construit un relationnel fort qui, quoi qu’on en dise, n’est jamais le fruit d’une alchimie mystérieuse. Il faut donc répondre à cette interrogation existentielle qui nous hante depuis nos premiers émois amoureux: qui va faire le premier pas?
Faire confiance a priori, un cadeau empoisonné ?
Cette question – celle du premier pas -, nous y répondons trop rapidement, comme s’il s’agissait d’une évidence. S’est installée avec le temps et le règne (parfois) pesant de la bienveillance, l’obligation pour le management de faire confiance a priori à l’ensemble de nos collaborateurs. C’est non seulement une bêtise et mais aussi un piège tant pour le manager que pour le travailleur.
Accorder sa confiance sans réserve au premier jour, c’est un acte de foi (compliqué pour nous qui n’aimons ni les religions, ni les dogmes quels qu’ils soient) et, à notre humble avis, un pari bien trop risqué. Tout simplement parce qu’il n’y a pas de marche arrière. Lorsque nous lions notre réussite et notre avenir au bon vouloir d’un collaborateur en lui exprimant une totale confiance, et que ce don n’est pas utilisé à bon escient, c’est la fin de l’histoire. Mieux vaut à nos yeux entrer dans un processus au long cours.
Une quête permanente qui fonctionne dans les deux sens
En effet, nous sommes persuadés que la confiance se gagne et que l’édifice se construit au fur et à mesure de nos succès et de nos échecs partagés. Mieux encore, nous sommes certains que la démarche qui consiste à gagner et à offrir la confiance est mutuelle.
Ce qui veut dire? Obtenir la confiance n’est pas une épreuve réservée uniquement aux travailleurs. Chaque manager se soumet lui aussi à cet enjeu. Tous les niveaux hiérarchiques sont parfaitement équivalents à cet égard.
Par ailleurs, il serait bon d’accepter que la construction et la consolidation de la confiance ne sera en aucun cas un long fleuve tranquille. Il y aura des coups de canifs dans le contrat et notre capacité à les comprendre, puis à les pardonner, sera bien utile.
L’engagement et la motivation sont bien sûr étroitement liés à la qualité des relations de confiance que nous entretenons avec celles et ceux que nous côtoyons au quotidien. Si nous voulons aller un pas plus loin et viser, de temps en temps, des sensations qui se rapprochent du plaisir – celles que l’on éprouve lorsque nous nous donnons la chance de travailler dans cette atmosphère positive, il faudra faire preuve de persévérance. Alors, prêts à faire le premier pas ?
Jean-Paul Erhard