Nous ne connaissons aucune entreprise qui subsiste sans vocation. Le monde est vaste ; les ‘problèmes’ à résoudre sont nombreux. C’est pourquoi toutes les organisations, anciennes et récentes, et toutes les équipes qui y travaillent au quotidien ont leur raison d’être. En cela, la question du sens que chacun.e veut trouver dans son travail nous agace car elle est (très) souvent superflue et constitue une fausse excuse à la démotivation et au désengagement. Il faut arrêter de se demander sans arrêt pourquoi nous sommes là…
La cause profonde du décrochage des travailleurs dans nos entreprises, ce n’est pas un manque de sens. C’est plutôt l’absence fréquente de bon sens qui brise nos rêves et notre motivation. Nous avons besoin de cohérence, d’efficacité, de clarté. De la simplicité dans des environnements complexes… Du bon sens terrien. Et tout ira bien.
Une mission collective qui doit correspondre à nos ambitions personnelles.
La question du sens est résolue tout en amont, au moment de choisir son employeur, çàd un secteur d’activités, une culture d’entreprise et un leader qui nous ont séduit.
Vient ensuite le temps de l’accord et celui des promesses mutuelles. C’est à ce moment-là que les parties, çàd l’employeur et le salarié, s’engagent ensemble à respecter une liste de conditions pour remplir le projet d’entreprise qui correspond aux aspirations du travailleur. Il suffit alors de tenir ces engagements.
Bien sûr, nous pouvons (devons?) réfléchir en continu à notre rapport à la ‘Valeur’ Travail – quelle place nous souhaitons lui donner dans notre vie – mais cela n’est qu’une des nombreuses composantes de ce que nous appelons l’Expérience Collaborateur. Il y a en outre la dimension sociale et relationnelle. Il y a aussi le volet du développement personnel. Ainsi que celui des conditions matérielles qui devraient s’adapter aux événements de la vie. Et bien d’autres domaines encore. Bref, la question du sens au travail est multiple et c’est pour cela qu’elle sort du seul champ d’action de l’employeur.
Le début de la fin d’une belle histoire.
Les attentes des travailleurs vis-à-vis de leur entreprise sont raisonnables (dans l’énorme majorité des cas). Les collaborateurs ont d’ailleurs le droit d’être exigeants puisqu’il s’agit, tout simplement, d’incarner au quotidien ce que l’on prétend être. Le respect est dans notre système de valeurs ? Soyons respectueux. L’innovation est au cœur de notre culture d’entreprise ? Laissons nos collègues penser différemment. Le développement personnel est une priorité RH stratégique ? Pensons à offrir spontanément de nouvelles missions à celles et ceux qui peinent ou qui stagnent dans leurs fonctions actuelles. Simple et basique.
Mais quel est donc ce grand malheur qui provoque le désenchantement et la rancœur dans le chef de nos collaborateurs, et que nous attribuons erronément à une perte de sens au travail ?
Le contrat moral est brisé lorsque le fonctionnement quotidien de l’entreprise n’est pas conforme à ce qui était prévu. Lorsque ses procédures sont absurdes. Lorsque son leadership est pervers. Lorsque les conditions de travail sont insupportables. Lorsque la justice n’est plus garantie.
L’absence de cohérence dans la mise en application des règles de vie commune est souvent fatale. Et c’est affligeant pour la bonne et simple raison que c’est évitable.
Le choix de la simplicité, toujours.
La demande est facile à comprendre : de la cohérence, s’il vous plaît. Agir en conformité avec les principes qui nous réunissent, à tous les niveaux hiérarchiques et dans toutes les circonstances. Ce n’est compliqué que lorsque les fondations de l’organisation sont instables. C’est-à-dire ? Lorsque les règles et les valeurs ne sont pas définies, ou lorsqu’elles sont incompréhensibles. Revenons donc à des accords simples que tout le monde peut comprendre.
Nous pouvons certes avoir la sensation que la marge d’erreur accordée au management se réduit de jour en jour. Que le degré de tolérance des travailleurs vis-à-vis de leurs employeurs est minime. Peut-être… C’est la raison pour laquelle chacun.e est appelé.e aujourd’hui à faire preuve de plus de bon sens encore et de compréhension vis-à-vis des attentes légitimes de l’autre partie.
La perfection n’étant pas de ce monde, nous pouvons accepter qu’il y ait des écarts, voire des erreurs, et parfois de profonds désaccords. Puisque nous savons qu’un règlement de travail n’a jamais résolu un conflit, acceptons que c’est par le dialogue, même s’il est difficile, que l’on peut se retrouver ou se séparer, sans haine ni violence.
Jean-Paul Erhard