Éditorial – Réformes injustes, manifestations inutiles… C’est au tour de nos entreprises de faire des propositions socialement responsables pour transformer le monde du travail.

Restons cool. Regardons les données avec lucidité. Les réformes successives du marché du travail, quelle que soit leur couleur politique, n’ont pas d’impact réel sur le nombre de demandeurs d’emploi. Aucune n’est parvenue par ailleurs à freiner l’augmentation des malades de longue durée, bien au contraire. Les manifestations n’ont pas les effets souhaités par les syndicats en matière de perturbation de la vie économique : les activités se poursuivent normalement, malgré quelques contraintes de mobilité pour les travailleurs mal informés.
Le changement ne viendra ni de nos politiques, ni des mouvements sociaux. Et si nous prenions ensemble ce pari fou qui consiste à construire en partant des propositions de nos entreprises et de leurs dirigeants?

Notre approche macro-économique n’est pas la bonne. Il y a de facto un nombre croissant de personnes qui ne sont tout simplement plus en capacité de travailler. Il y en a beaucoup d’autres qui ne l’ont jamais été. Et ce n’est pas en essayant de résoudre l’équation du financement de la sécurité sociale par le travail que nous allons améliorer la réalité de toutes ces personnes et des autres dont nous attendons qu’elles contribuent par leurs efforts à la solidarité nationale. Il y a un problème avec la méthode. Comment s’y prendre ?

Corriger le sentiment d’injustice grâce à la transparence et la bonne gestion

La réalité du monde du travail actuel, c’est la personnalisation de la relation (et le défi majeur du management consiste à en faire un projet collectif cohérent). Ce sont des accords individuels qui doivent s’inscrire dans un contexte globalement équitable. On n’a pas dit que c’était facile…
Et toutes les tentatives de réformes sont ressenties comme étant profondément injustes puisqu’elles ‘pénalisent’ celles et ceux qui bossent dur plus qu’elles ne les récompensent.

Nous pouvons corriger ce sentiment d’injustice en donnant une parfaite clarté sur la contribution attendue de chacun.e à l’intérêt général, ainsi qu’une garantie de bonne gestion du fruit de ce travail. Il s’agit alors pour chaque travailleur de consacrer, en pleine connaissance de cause, des jours de travail au financement de la santé publique, de l’intégration sociale, de l’amélioration de notre environnement,… Bref, travailler en pleine conscience en faveur de l’intérêt général. La grande majorité d’entre nous ne demande pas mieux. C’est une des raisons pour lesquelles nous participons volontiers à des initiatives bénévoles dans nos cercles personnels.

Aller au bout de la quête commune de flexibilité

Travailler plus longtemps n’est pas une option pour une majorité de travailleurs. Il suffit de regarder autour de nous et de compter les personnes qui ne sont de toute façon plus aptes à remplir les tâches qui correspondent à leurs fonctions. Physiquement ou mentalement, cela ne tient plus.

La fluidité du passage entre les différents statuts sur le marché du travail, ainsi qu’entre les périodes d’activité et de pause nécessaire, peut être améliorée. Offrir davantage de flexibilité tant aux travailleurs qu’à l’entreprise n’est plus un tabou, même aux yeux des organisations syndicales. Il y a des opportunités à saisir pour que nos organisations répondent à la fois aux exigences de leurs clients et aux attentes de leurs collaborateurs. Comment ? En se libérant franchement des contraintes de temps et de lieu de travail par exemple et en optimisant les rémunérations pour que chacun.e puisse mieux concilier encore le privé et le professionnel.
Obligation induite pour les entreprises : créer des collectifs diversifiés, çàd des équipes comprenant des collègues qui sont à des stades de vie différents afin de pouvoir concilier leurs demandes individuelles.

L’incompétence normale de la classe politique

Mettre la balle dans le camp des entreprises (et non dans celui des organisations patronales, car c’est autre chose…), cela veut dire que celles et ceux en charge de réguler le marché du travail n’ont visiblement pas trouvé les solutions. C’est évident.

Certains parlent de déconnexion ou de méconnaissance dans le chef des politiques. Il ne faut pas avoir peur de parler d’incompétence. Ce n’est ni une accusation grave, ni une insulte. C’est un pur constat, on ne peut ni connaître ni comprendre ce que l’on n’a pas appris ni expérimenté. Et , au-delà de sa faible attractivité pour les meilleurs talents (euphémisme), la carrière politique telle qu’elle est conçue actuellement ne permet pas de maîtriser les dossiers dont les élus sont chargés. Triste réalité.

Il faut prôner une évolution urgente du rôle des pouvoirs publics et de leurs représentants : le régulateur a intérêt à devenir un ensemblier et un facilitateur, engagé à rendre possible les idées novatrices et à rassembler les parties concernées par le marché du travail au lieu de les opposer.

Appel lancé aux fondateurs et top managers de nos entreprises donc, avec un gros point d’attention! La posture patronale qui consiste à exiger la diminution du coût du travail ne suffit pas. Ce n’est certainement pas une ‘vision’ stratégique. Et par ailleurs personne ne croira que la redistribution des marges dégagées via une taxation réduite se fera de façon socialement responsable.

Ce dont nous avons besoin, c’est d’un projet collectif qui nous donne la sensation de participer à une initiative plus grande que nous-mêmes. Rien de bien compliqué… C’est en effet ce qui se pratique au quotidien dans toutes les entreprises qui ont une âme et qui portent, au fond, un vrai projet de société.

Jean-Paul Erhard

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