Quoi !? Vous n’êtes pas au top en matière d’Intelligence Artificielle agentique? C’est pourtant le nouveau modèle stratégique… Celui d’une entreprise où toutes les activités classiques et routinières sont automatisées et confiées à des agents d’IA pour que l’humain se concentre sur les questions complexes, exigeant une capacité de jugement. La transformation guidée par des entreprises surpuissantes, à commencer par les GAFAM, est irrésistible… sans pouvoir affirmer avec certitude qu’elle est nécessaire!
Quelle attitude développer face à la multiplication des innovations et à l’accélération de la prise de pouvoir de l’IA dans nos tâches quotidiennes? La résistance semble inutile. Le scepticisme est sans doute naïf. Dans tous les cas, il est fondamental que nous fassions preuve de persévérance en ce qui concerne le droit de chacune et chacun à challenger le présent et l’avenir en matière d’utilisation de l’IA dans nos environnements de travail. Entretenir le doute et continuer à réfléchir même – voire surtout – lorsque les voies semblent toutes tracées… Sommes-nous bien d’accord ?
Les data et l’IA, entre protection et déresponsabilisation
Se rendre à l’évidence, c’est constater que les travailleurs, à quelque niveau que ce soit, sont de plus en plus nombreux à confier leurs tâches quotidiennes à l’IA, ou a minima à y faire appel comme à une assistance doucement indispensable.
Les agents IA améliorent-ils la qualité de nos prestations? Oui, les résultats sont positifs et ce n’est plus seulement une question de vitesse. Les agents nous aident à mettre de la mesure quanti et quali
dans nos analyses et notre compréhension des phénomènes et tendances. Ils pourront aussi demain nous protéger des biais et des idées reçues, à condition de ne pas les répliquer dans les phases de conception, développement et entretien des outils.
Un risque majeur à anticiper, à savoir celui qui consiste à perdre le sens des responsabilités en se réfugiant derrière l’hyper-fiabilité déficiente de l’IA lorsque les résultats ne sont pas à la hauteur. C’est le danger qui nous guette…
Définir l’articulation Homme/Machine, ça veut dire quoi?
Sur la table se trouve la question de la collaboration que nous sommes en train de construire avec les gentils ‘monstres’ digitaux issus de notre imagination. Les agents IA débarquent en force. Il est inconcevable que nous n’en ayons pas la maîtrise et pourtant, certain.e.s d’entre nous éprouvent cette sensation parfois.
Lors de sa grand messe annuelle, l’entreprise digitale Salesforce annonce la redéfinition du lieu du travail sur base du modèle agentique et de la nécessaire harmonie nécessaire entre travailleurs humain et agents IA. Et d’insister sur le rôle-clé des départements RH chargés, bien sûr, d’animer la dynamique humaine au sein de l’organisation et d’être en position de piloter la collaboration homme/machine.
En clair, nous n’allons pas échapper à la définition de nouveaux équilibres au sein de nos entreprises. La traduction immédiate (et facile) se déroule dans l’élaboration de nos plans de formation et dans l’accompagnement soft de la transformation numérique. Une première étape confortable. Mais une première étape seulement…
Une gestion centrée sur (ou limitée à) la marge d’erreur
La lucidité exige en effet que nous puissions anticiper la suite. De quoi s’agit-il? Jetons un coup d’eil sur le côté et parlons football, une fois n’est pas coutume. Restez avec nous, ce ne sera pas long!
L’entraîneur de l’Union Saint Gilloise, club champion de Belgique en juin dernier, vient de quitter la capitale pour filer à Monaco. En pleine saison. Sans aucun drama. Pourquoi ? Parce que le modèle du club est régi par l’utilisation des datas. L’entraîneur a été remplacé en quelques jours, sans état d’âme ni polémique autour de questions éthiques telles que la loyauté, la fidélité, le règne de l’argent… Les observateurs s’interrogent simplement sur la plus-value d’un coach (humain, donc) dans ce dispositif… La réponse est simple : c’est la marge d’erreur, çàd les pourcentages – minimes – qui font la différence.
La réalité d’aujourd’hui et de demain est ici: notre terrain de jeu se réduit. Après avoir pris en charge les volets ‘chiants’ du quotidien, l’IA conquiert de nouveaux territoires. Là où nous avons prétendu que la créativité resterait notre prérogative, nous sommes dépassés. Elle devient plus performante sur ce terrain également.
Nous interviendrons désormais à la marge, idéalement avec une énorme valeur ajoutée. A condition d’en être capable car, pour cela, nous aurons besoin de courage, de clairvoyance et d’un sens aigu du bien commun et de la cohésion sociale.
Nous arrivons, plus vite que prévu, à l’heure des choix. Nous ne pourrons pas nous cacher derrière un agent IA pour incarner et porter les décisions qu’il faudra prendre en matière de répartition des rôles et responsabilités dans nos organisations. Pour chaque job, chaque mission, chaque tâche, nous devrons décider à qui ou à quoi nous allons en confier la réalisation.
Une question simple: qui va remplir ce rôle et cette fonction? Un agent numérique ou un chouette collègue ? Pas plus compliqué que ça… Sommes-nous prêts à faire face?
Jean-Paul Erhard
Ndlr – édito composé une fois encore sans soutien de l’IA et pourtant, cela fait un moment déjà qu’on se dit qu’il faudrait tenter l’expérience…

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