Les entreprises électrifient leur flotte automobile à toute allure, principalement motivées par les changements en matière de fiscalité. Cependant, cette démarche ne tient pas toujours compte des réserves des collaborateurs à cet égard, comme le constate le cabinet de conseil BDO. « Les travailleurs se posent encore souvent beaucoup de questions au sujet de la mobilité électrique, par exemple sur les possibilités de recharge à domicile et en chemin ou le remboursement des coûts énergétiques. »
« Les entreprises devraient les consulter au préalable et les impliquer dans la création de leur vision de la mobilité. Actuellement, seules trois sur dix le font », explique Geert Volders, Partner chez BDO Advisory.
Les entreprises belges s’engagent sérieusement en faveur de la transition vers une flotte automobile électrique. D’après une enquête menée par BDO auprès de presque 300 entreprises, pas moins de six sur dix d’entre elles ont déjà investi dans des voitures électriques l’année dernière. Parmi les plus petites entreprises (comptant moins de 50 collaborateurs), ce chiffre passe à quatre sur dix, contre près de huit sur dix pour les grandes entreprises (employant plus de 500 personnes). Cela s’explique principalement par les changements relatifs à la fiscalité et l’évolution sociale vers une mobilité plus verte. Maxime Chalot, Partner chez BDO et expert en mobilité : « Il s’agit en soi bien entendu d’une évolution positive, car si l’on fait le calcul sur plusieurs années, les voitures électriques reviennent au final moins cher pour les entreprises (= coût total de possession) tout en polluant moins. »
De nombreuses questions
Seules trois entreprises sur dix consultent leurs collaborateurs avant d’acquérir des voitures de société électriques, et ce, alors que ces derniers se posent souvent beaucoup de questions (comme en attestent sept entreprises sur dix). « L’électrification rapide requiert d’importants changements en termes d’infrastructure et de mentalité, des éléments que les entreprises sous-estiment souvent », constate Geert Volders. « Les travailleurs qui vivent en appartement par exemple et qui n’ont pas la possibilité d’avoir une borne de recharge à domicile doivent souvent chercher une borne publique à proximité, laquelle n’est pas toujours libre. La répartition des coûts énergétiques entre la consommation privée et celle engendrée par le véhicule suscite également de nombreuses questions. Et qu’en est-il des avantages de toute nature ? Nombre d’entreprises doivent donc remédier à cette situation à l’aide d’un plan par étapes solide afin de rallier tous les collaborateurs. »
Budget mobilité
BDO recommande dès lors aux entreprises de mieux analyser les désirs de l’organisation et des travailleurs en élaborant une vision de la mobilité adaptée, incluant également le cadre sociojuridique et fiscal adéquat. Geert Volders : « De nombreuses entreprises sont quelque peu réticentes à apporter des changements à leur politique automobile existante, car cela pourrait effrayer les collaborateurs. Un constat qui ressort également de notre enquête : huit entreprises sur dix n’ont pas modifié leur politique automobile malgré l’augmentation du télétravail. Quand on voit que le télétravail est une pratique régulière dans 80 % des entreprises, il peut toutefois être plus intéressant pour une partie des travailleurs d’opter pour un budget mobilité plutôt que pour une voiture de société électrique. En particulier pour ceux qui vivent en ville et ont plus facilement accès aux transports en commun qu’aux infrastructures de recharge. Mais en tant qu’entreprise, vous devez oser poser la question et tenir compte de la réponse dans les choix que vous faites. Le budget mobilité (combiné ou non avec une voiture) représente l’avenir à plus long terme, il ne faut pas tout miser sur la transition vers les voitures électriques. Car ce n’est qu’en appréhendant la mobilité de manière flexible que nous pourrons résoudre les problèmes d’embouteillages. »