Les absences d’un jour dans les grandes entreprises (+50 travailleurs) en Belgique ont augmenté de près de moitié (44,2%) l’année dernière après la suppression du certificat médical pour un jour d’absence en raison de maladie. Dans les entreprises de moins de 50 travailleurs, on observe une augmentation significativement plus faible, de 15%. Dans les entreprises où le certificat médical a été supprimé, les absences d’un jour ont augmenté pratiquement trois fois plus que dans celles où le certificat médical n’a pas été supprimé. Les coûts liés à l’absentéisme ont également augmenté, mais de manière limitée.
Depuis fin novembre 2022, les travailleurs des grandes entreprises (plus de 50 travailleurs) ne sont plus tenus de présenter un certificat médical s’ils sont malades pour une seule journée. Cette nouvelle mesure n’est pas applicable de manière illimitée. En effet, cela concerne au maximum trois jours par an, et uniquement le premier jour d’une période d’absence. Les entreprises de moins de 50 travailleurs peuvent toujours demander à leurs travailleurs de présenter un certificat médical pour un jour d’absence.
Les travailleurs s’absentent plus fréquemment que jamais
L’étude de Securex montre que cette nouvelle règlementation a eu un effet significatif au travail. L’absentéisme fréquent, qui correspond au pourcentage de travailleurs ayant trois arrêts maladie ou plus par an, a particulièrement augmenté. Le pourcentage de travailleurs fréquemment absents a été significativement plus élevé (+2,2%) en 2023 qu’en 2022 tandis que le pourcentage général de travailleurs ayant des jours d’absences a connu une diminution significative (-3,3%).
Jamais autant de travailleurs n’ont été fréquemment absents sur leur lieu de travail pour cause de maladie (16,01%). En effet, la suppression du certificat médical a entrainé une augmentation significative de l’absentéisme fréquent dans les entreprises de plus de 50 travailleurs. Le pourcentage de travailleurs se signalant malades trois fois ou plus au cours d’une année y a augmenté de 5,74% (passant de 20,91% en 2022 à 22,11% en 2023). Dans les entreprises de moins de 50 travailleurs, on observe le mouvement inverse. Il y a eu une baisse significative de 3,88% (passant de 11,61% en 2022 à 11,16% en 2023).
Les coûts liés à l’absentéisme ont également augmenté, mais de manière limitée
Heidi Verlinden, research project manager chez Securex, explique : « La suppression du certificat médical n’a eu aucun impact sur les coûts des employeurs au cours de la première moitié de 2023, mais cela semble avoir maintenant changé. L’augmentation de ces coûts est principalement due à l’augmentation des coûts indirects supportés par les employeurs au début de chaque absence, qu’elle soit de courte ou de longue durée. Par exemple, il faut prendre en compte le temps nécessaire à l’administration pour réorganiser le flux de travail de la personne absente. Des coûts peuvent également survenir en raison d’erreurs commises par des collègues qui doivent prendre le relais. Plusieurs absences de courte durée ont un impact plus fort qu’une seule absence de longue durée. »
En moyenne, les travailleurs se déclarent malades 1,30 fois
La fréquence générale des maladies est restée pratiquement stable : en 2023, les travailleurs se sont déclarés en moyenne absents 1,30 fois en raison de maladie, contre 1,31 fois en 2022. Cependant l’analyse de Securex révèle une différence significative entre les grandes et les petites entreprises. En 2023, le nombre de déclarations de maladie par travailleur a augmenté de manière significative de 1,87% dans les entreprises de plus de 50 travailleurs, tandis qu’il a diminué de manière significative de 4,59% dans les entreprises de moins de 50 travailleurs.
Etablir un dialogue avec leurs travailleurs et à leur apporter un soutien optimal.
Elisabeth Etter, Senior Consultant Absentéisme chez Securex, souligne l’importance de la proactivité : « En tant qu’employeur, il est essentiel de détecter les signaux et de prendre des mesures en collaboration avec le travailleur avant qu’il ne soit trop tard. Par exemple, si vous constatez qu’un travailleur est fatigué ou commet des erreurs, engagez la conversation et essayez de trouver ensemble une solution afin de prévenir autant que possible l’absence liée à la maladie. Il est également important d’impliquer le reste de l’équipe afin que les collègues puissent réfléchir collectivement aux mesures possibles. »
Après une importante augmentation du pourcentage de maladies de courte durée (jusqu’à un mois) en 2022, dépassant largement les niveaux d’avant la pandémie (+21,6%), ce pourcentage a diminué de 5,2% en 2023 (passant de 2,70% en 2022 à 2,56% en 2023). Le pourcentage de maladies de durée moyenne (d’un mois à un an) et le pourcentage total de maladies étaient historiquement élevé en 2023, atteignant respectivement 2,39% et 8,21%. Le pourcentage de maladies de longue durée (plus d’un an) était de 3,27% en 2023.
Source: Securex – les données de cette étude sont basées sur les enregistrements des employeurs et s’appliquent à un travailleur moyen dans les entreprises comptant jusqu’à 1 000 travailleurs dans le secteur privé belge. En 2023, l’échantillon comprenait 23 688 employeurs et 197 477 travailleurs. Les travailleurs de l’échantillon ont un contrat d’au moins 30 jours, avec au moins une journée pendant la période étudiée. L’échantillon reflète le marché du travail belge en ce qui concerne le statut, le sexe, l’âge, le régime de travail, la région et la taille des entreprises comptant jusqu’à 1 000 travailleurs. Cependant, il est moins représentatif au niveau régional. C’est pourquoi Securex ajuste les chiffres de l’absentéisme en utilisant un facteur de pondération spécifique à chaque province.