Loin des yeux, loin du cœur? Le proverbe pourrait bien trouver quelque fondement dans les relations professionnelles. Un salarié sur quatre (25%) ressent un lien moins fort avec ses collègues qu’avant la pandémie. Les personnes qui télétravaillent plus de la moitié du temps le perçoivent encore plus maintenant. Pas moins de 42% d’entre elles disent aujourd’hui avoir de moins bonnes relations avec leurs collègues. Alors que, parmi celles et ceux qui travaillent toujours au bureau, ils ne sont que 17% à avoir ce ressenti.
C’est ce que révèle une enquête de Protime, spécialiste de la gestion du temps et du personnel, à l’occasion de la ‘Journée Internationale de l’Amitié’, ce samedi. 1.000 travailleurs belges francophones ont été interrogés. “Les relations d’amitié au travail nous rendent pourtant plus heureux et plus performants. Les employeurs ont donc intérêt à favoriser un esprit de camaraderie sur le lieu de travail, et particulièrement lorsque des membres de leurs équipes travaillent de façon hybride,” déclare Sophie Henrion, porte-parole de Protime.
On passe souvent bien plus de temps avec ses collègues qu’avec sa famille. Mais sont-ils pour autant des amis? La réponse est « oui » pour plus de trois quarts des salariés (78%). Pour un répondant sur cinq (20%), ils font même partie du cercle d’amis proches. Pour 2% des employés, en revanche, les relations avec leurs collègues sont sans conteste mauvaises. Ils essaient de les voir le moins possible.
Comment décririez-vous la relation avec vos collègues ?
- Proche, je compte quelques collègues parmi mes amis (20,4%)
- Amicale, nous discutons également de questions personnelles (57,8%)
- J’ai une relation purement professionnelle avec mes collègues, nous discutons principalement de questions commerciales (17,5%)
- Distante, je leur parle à peine (2,5%)
- Mauvaise, j’essaie de les éviter autant que possible (1,8%)
Les relations amicales souffrent des méthodes de travail hybrides
Depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid, nous avons découvert d’autres approches du travail. Précédemment, la plupart des employés (97%) travaillaient dans un bureau la majorité du temps sinon la totalité du temps. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas que pour deux tiers d’entre eux (68%).
Cette évolution pèse aussi sur la qualité de nos relations d’amitié au bureau. Que nous travaillions souvent de notre domicile ou non, un quart des personnes interrogées (25%) jugent que le lien qui les unit à leurs collègues est moins fort qu’avant la pandémie. Les employés qui, aujourd’hui, télétravaillent plus de la moitié du temps le ressentent plus encore. Pas moins de 42% d’entre eux indiquent avoir de moins bonnes relations avec leurs collègues. Contre ‘seulement’ 17% pour ceux qui sont constamment au bureau.
“C’est regrettable, car employés comme employeurs ont tout à gagner à avoir des collègues qui sont aussi des amis”, explique Sophie Henrion, porte-parole de Protime. “L’esprit de camaraderie devrait être ancré dans la culture de chaque entreprise. Les collègues qui sont à l’écoute les uns des autres et avec lesquels on peut s’amuser sont plus susceptibles de s’entraider en cas de besoin. Cela se traduit par un personnel plus heureux et fait de l’entreprise une ‘Great Place To Work’. Il faut que les managers en fassent un peu plus pour favoriser l’esprit de camaraderie entre employés et tout particulièrement maintenant, alors qu’ils travaillent souvent à horaires décalés.”
Amitié et confiance
Lode Godderis, professeur de médecine du travail à la KU Leuven, le confirme: “Avoir des collègues comme amis induit une plus grande confiance. Vous connaissez mieux votre collègue et ses besoins? Les échanges s’en trouvent facilités. Cela peut aussi aider les uns et les autres à communiquer de façon plus ouverte et ainsi à améliorer leur collaboration.”
Mais il émet également certaines réserves. “Il n’est pas toujours souhaitable d’avoir un collègue comme meilleur ami. Certains préfèrent séparer vie privée et vie professionnelle et ne souhaitent donc pas s’étendre au bureau sur des sujets personnels. Cette situation peut les amener à se retrouver marginalisés au sein du groupe, alors que ce peut être pour eux un choix justifié et réfléchi. Dans un environnement de travail compétitif, tout particulièrement, cela pourrait avoir l’effet inverse de celui recherché, que ce soit au niveau privé ou professionnel. Le type de relation peut influencer une décision de façon positive si tout se passe bien, mais négative si les choses tournent mal. De bonnes règles entre collègues sont dès lors nécessaires,” conclut Lode Godderis.
Source & Méthodologie: l’enquête en ligne a été réalisée entre le 13 et le 29 mars 2022 par l’agence iVOX pour le compte de Protime. 1.000 employés belges francophones ont été interrogés. L’enquête est représentative en termes de genre, d’âge et de diplôme. La marge d’erreur maximale est de 3,02%.