Selon un nouveau rapport de l’OCDE, intitulé ‘Equity in Education: Breaking down barriers to social mobility’, l’écart de résultats scolaires entre les enfants de milieu aisé et ceux de familles modestes est visible dès l’âge de dix ans et se creuse tout au long de la vie. Le rapport montre qu’en moyenne dans les pays de l’OCDE pour lesquels on dispose de données comparables, plus des deux tiers de l’écart de résultats scolaires observé à l’âge de 15 ans et environ deux tiers de l’écart constaté chez les 25-29 ans avaient déjà été relevés chez les enfants de 10 ans.
Le rapport met en évidence un lien étroit entre le profil socioéconomique de l’établissement scolaire et les résultats des élèves : ceux qui fréquentent des écoles plus avantagées réussissent mieux les épreuves PISA. En moyenne dans les pays de l’OCDE, 48 % des élèves désavantagés fréquentaient des établissements au profil socioéconomique également désavantagés en 2015 et il n’y a pas eu d’évolution notable des niveaux de ségrégation dans la plupart des pays au cours des dix dernières années.
En moyenne dans les pays membres, les élèves issus de milieu défavorisé qui fréquentent des établissements privilégiés obtiennent 78 points de plus que ceux qui fréquentent des établissements désavantagés, soit l’équivalent de près de trois années scolaires.
C’est en Belgique, en Bulgarie, en France, en Hongrie, aux Pays-Bas, en République slovaque et en Slovénie que la corrélation entre le profil socioéconomique de l’établissement et les résultats scolaires est la plus forte : les élèves qui fréquentent des établissements privilégiés obtiennent plus de 130 points de plus en sciences que ceux des établissements défavorisés. En revanche, en Finlande, en Norvège et en Pologne, les élèves obtiennent de bons résultats, quel que soit leur milieu d’origine et le profil de l’établissement qu’ils fréquentent.
« Les progrès accomplis en vue d’éliminer les obstacles à la mobilité sociale et donner à tous les enfants les mêmes chances de réussite sont insuffisants », a déclaré M. Andreas Schleicher, qui dirige la Direction de l’éducation et des compétences à l’OCDE, avant d’ajouter : « Il faut redoubler d’efforts pour aider les élèves de milieu défavorisé à obtenir de meilleurs résultats, notamment en reconnaissant le rôle crucial des enseignants en la matière. ».
Une incidence terrible sur le bien-être.
Le rapport étudie également l’incidence du bien-être sur les résultats. Il montre que dans les pays de l’OCDE, parmi les élèves de milieu modeste, un sur quatre environ est « résilient d’un point de vue émotionnel et social », autrement dit il se déclare satisfait de sa vie, se sent socialement intégré à l’école et ne souffre pas d’anxiété face aux examens. En Allemagne, en Croatie, en Finlande, en France, en Islande, en Lettonie, aux Pays-Bas, en République tchèque et en Suisse, le pourcentage de ces élèves fait partie des plus élevés (30 % ou plus) mais dans d’autres pays européens, notamment en Bulgarie, en Italie, au Monténégro, au Portugal et au Royaume-Uni, il est comparativement faible (moins de 20 %).
Réussite scolaire et bien être vont souvent de pair – les élèves de milieu défavorisé qui sont résilients d’un point de vue socio-émotionnel ont généralement des performances plus élevées. Cela peut s’expliquer parce qu’une meilleure réussite scolaire a des effets bénéfiques sur l’estime de soi, mais suggère aussi inversement qu’aider les élèves à adopter une attitude et un comportement positifs vis-à-vis d’eux-mêmes et de leur scolarité pourrait les aider dans leurs apprentissages.
Le rapport juge essentiel de développer la scolarisation précoce, en particulier pour les enfants issus de familles modestes, afin de favoriser l’acquisition des aptitudes sociales et émotionnelles indispensables pour la suite de leur parcours scolaire. Les pays devraient également allouer des ressources ciblées supplémentaires sur les élèves et les établissements scolaires défavorisés et réduire la concentration d’élèves de familles modestes dans les établissements scolaires.
Les enseignants doivent être davantage soutenus de manière à pouvoir déterminer les besoins de leurs élèves et gérer la diversité au sein de leurs classes, établir des relations solides avec les parents et encourager ces derniers à s’investir davantage dans les études de leurs enfants. Les enseignants peuvent également favoriser le bien-être de leurs élèves et créer un cadre d’apprentissage positif pour l’ensemble des élèves en soulignant l’importance de la persévérance et en encourageant leurs élèves à se soutenir les uns les autres, par exemple au moyen de programmes de tutorat par les pairs.
Source : OCDE