Trois entreprises belges sur quatre parlent de « guerre des talents » dans le secteur informatique. Dans le cadre d’une enquête menée par iVOX, à la demande de l’agence de recrutement IT CHRLY, trois quarts des personnes interrogées ont laissé entendre que les entreprises se livraient une bataille féroce sur le marché du travail pour attirer les talents informatiques. Les profils les plus difficiles à trouver sont ceux spécialisés dans la cybersécurité et l’intelligence artificielle (IA).
Quatre participants à l’enquête sur dix déclarent rencontrer des difficultés pour attirer des experts dans le domaine de la cybersécurité. Alors que l’IA explose, 38% des personnes interrogées expliquent qu’il n’est pas simple de recruter un expert en IA et en apprentissage automatique, et 30% peinent à dénicher un Data Scientist ou un Data Engineer. La formation du personnel IT existant n’est pas toujours une solution : 29% reconnaissent que les compétences en cybersécurité sont difficiles à acquérir, 26% ne s’en sortent pas avec l’implémentation de l’IA et 26% encore se heurtent à des difficultés en matière de soft skills (communication, gestion de projets, par exemple).
Salaires élevés et conditions flexibles
Le principal défi à surmonter dans le recrutement de talents informatiques, ce sont les attentes salariales élevées, qu’un bon 51% des personnes interrogées considèrent comme un véritable obstacle. Parmi les autres problèmes rencontrés par les entreprises, citons la pénurie de candidats qualifiés (44%) et la rétention des talents après le recrutement (40%). Étonnamment, seuls 9% des participants ont conscience de l’importance de l’employer branding dans la quête de collaborateurs IT.
Pour convaincre les candidats, les entreprises misent notamment sur les avantages non financiers. Elles sont ainsi 69% à proposer des formules de travail hybride et 66% à tenter de séduire les candidats avec des horaires de travail flexibles.
La réglementation n’arrange rien
Directive NIS2, législation européenne sur l’IA, loi européenne sur les données, critères ESG… Sept participants à l’enquête sur dix déclarent que la réglementation a une incidence sur leur stratégie de recrutement et de rétention, surtout parce qu’elle les contraint à rechercher des profils possédant des connaissances et des compétences spécifiques (27 %). Près d’un quart (23%) des personnes interrogées réorganisent les rôles et les responsabilités au sein de leurs équipes actuelles pour s’y conformer. Et 22% engagent des consultants temporaires pour satisfaire aux exigences de la nouvelle réglementation.
La conformité à la réglementation fait partie des compétences les plus difficiles à développer, si l’on en croit un quart des participants à l’enquête. La majorité des entreprises (86%) propose des formations pour informer le personnel des nouvelles règles. Ce sont surtout des formations externes données par des tiers (65%), même si 41% proposent aussi des formations en interne. Une minorité d’entreprises (19%) octroie aux collaborateurs IT un budget pour qu’ils puissent se former par eux-mêmes.
Le recrutement IT trop peu technologique
La guerre des talents informatiques fait bel et bien rage dans les entreprises. Et pour preuve, neuf personnes interrogées sur dix ont déjà vu leur processus de recrutement influencé par le fait que les candidats dans le domaine informatique avaient plusieurs propositions. Une personne sur trois rapporte d’ailleurs que cette situation est très courante. Pour avoir l’avantage, 32% misent sur l’accélération du processus de recrutement. Pour 31% des entreprises, répondre aux attentes personnelles du candidat est une bonne stratégie pour convaincre un profil IT. Enfin, un quart (25%) table sur des conditions attrayantes et sur un salaire élevé.
Plus de la moitié des personnes interrogées (55%) admettent qu’un processus long et complexe exerce un effet négatif sur les candidats, tout comme un retour trop tardif après la candidature, selon 46%. Bien que la technologie améliore sans aucun doute l’efficacité du processus de recrutement, 45% des participants déclarent ne pas en faire usage. Ils sont 13% à peine à recourir à l’IA.
Attirer des talents IT étrangers
Que faire si vous ne parvenez pas à trouver des talents dans le secteur informatique ? Une courte majorité des personnes interrogées envisage de chercher à l’étranger. 26% y pensent et 27% s’y sont déjà mises. C’est surtout une option dans les grandes entreprises (de plus de 500 travailleurs). Il y a toutefois aussi quelques obstacles au recrutement de talents informatiques étrangers, d’après les organisations.
La barrière de la langue et les différences culturelles constituent un problème pour 55% des participants à l’enquête. Quatre entreprises sur dix évoquent aussi la complexité des permis de travail et des demandes de visa. Et 38% citent l’hébergement de collaborateurs internationaux comme un frein.
Maxime Cools, General Manager de CHRLY et COO de Fujitsu Benelux : « Notre enquête montre que les entreprises sont encore en pleine guerre des talents dans le secteur informatique. Et pourtant, ces talents sont bien présents sur le marché. Les entreprises doivent adapter leur stratégie. Au lieu de vouloir dénicher à tout prix la perle rare dotée d’un solide bagage, pourquoi ne donneriez-vous pas aux jeunes talents une chance de faire leurs preuves dans votre organisation ? Et parfois, la personne idéale pour un poste fait déjà partie de votre personnel, d’où l’importance de la formation continue. Pensez aussi à réfléchir à une bonne stratégie de rétention. Une agence de recrutement spécialisée dans l’IT peut vous apporter une aide précieuse et veiller à ce que vous souffriez peu de cette guerre des talents en IT. »
Source: l’enquête a été menée par le bureau d’études iVOX à la demande de CHRLY. Entre le 18 et le 30 décembre 2024, 200 Belges y ont participé. Les personnes interrogées travaillent pour des organisations employant au moins 100 travailleurs et occupent une fonction RH ou ont une idée précise des besoins de leur entreprise en matière de ressources humaines. Une attention particulière a été accordée à l’équilibre entre les sexes, les langues (français/néerlandais) et les âges.