Les travailleurs qui postulent à un autre emploi sont de plus en plus rarement invités à des entretiens. En effet, 22,1 % des candidats déjà actifs sur le marché de l’emploi n’ont pas été retenus pour un premier entretien l’année dernière, soit deux fois plus qu’il y a un an. Le phénomène du « ghosting » prend également de l’ampleur : les travailleurs qui ont postulé dans une autre entreprise sont deux fois plus nombreux à ne pas avoir reçu le moindre feed-back à la suite de leur candidature.
« Ces chiffres peuvent également être interprétés comme un indicateur de la santé de notre économie. En effet, la pénurie de main-d’œuvre s’atténue quelque peu par rapport aux années précédentes et les entreprises ne cherchent plus à embaucher de nouveaux travailleurs de manière aussi intensive. Ne pas donner de feed-back à un candidat demeure toutefois une occasion manquée pour un employeur », expliquent les experts d’Acerta Consult.
Les astres sont-ils toujours aussi favorables que les années précédentes pour les candidats qui postulent à un nouvel emploi ? Pour répondre à cette question, Acerta et Stepstone ont interrogé au cours des derniers mois plus de 4000 Belges actifs et demandeurs d’emploi sur leurs projets et leurs expériences en matière de recherche d’emploi. Quels sont les résultats de cette enquête ?
Nombreux sont les candidats qui ne reçoivent jamais de réponse de la part de l’entreprise auprès de laquelle ils postulent. Pour les demandeurs d’emploi, le chiffre atteint 45%. Ce pourcentage est certes légèrement inférieur à celui de l’année dernière (47,8%), mais il reste particulièrement élevé. Autre résultat notable : de plus en plus de travailleurs sont aujourd’hui victimes de »ghosting » et ne reçoivent ainsi plus la moindre réponse du recruteur. L’année dernière, 17,4% d’entre eux avaient été touchés par ce phénomène, contre 33,4% aujourd’hui, soit près du double.
Le nombre d’entretiens en baisse
En outre, les candidats sont de moins en moins invités à passer un entretien, comme le montrent également les chiffres. Parmi les demandeurs d’emploi, le pourcentage de cette année est à peu près identique à celui de l’année dernière: 43,6% d’entre eux ne sont pas invités à se présenter pour un premier entretien. En revanche, ce phénomène a sensiblement augmenté parmi les personnes qui ont déjà un emploi et qui postulent pour un autre. Alors que 11,2% d’entre eux n’ont pas été invités à se présenter à un premier entretien en 2023, ils sont aujourd’hui 22,1%, soit presque le double. Selon les experts d’Acerta, cela pourrait indiquer une baisse de régime de l’économie et un léger recul du besoin de main-d’œuvre supplémentaire dans les entreprises (de certains secteurs).
Un quart (25,9%) des personnes qui ont été invitées à un entretien, mais qui n’ont finalement pas obtenu le poste, ont été informées par téléphone. La plupart d’entre elles (43,6%) l’apprennent par e-mail. Toutefois, un candidat sur cinq (21,3%) ne reçoit pas le moindre message après son premier entretien.
Benoît Caufriez, directeur d’Acerta Consult, explique : « Exploiter de manière optimale un maximum de talents profite tant à nos entreprises, qu’à notre société, notre économie et notre sécurité sociale. L’inadéquation du marché de l’emploi est une responsabilité partagée, un problème que nous devrions tous prendre à bras le corps. Le dialogue et le feed-back constructif pendant et après le processus de candidature sont une première étape pour y parvenir. Si, en tant que recruteur, vous laissez les candidats sans nouvelles de votre part, votre crédibilité en tant qu’employeur peut en pâtir. En effet, les candidats qui ne reçoivent pas de feed-back ne postuleront sans doute plus auprès de la même entreprise à un stade ultérieur de leur carrière. Par ailleurs, il s’agit également d’une responsabilité partagée. En tant que candidat, vous montrez également un manque d’intérêt et de motivation si vous subissez passivement le “ghosting”. Les candidats ne doivent en effet pas hésiter à contacter les recruteurs s’ils n’obtiennent pas de réponse rapide de leur part. Même après une réponse négative reçue par e-mail, il n’y a pas de mal à reprendre contact et à demander un feed-back supplémentaire et des conseils, par exemple, même si c’est pour augmenter vos chances ailleurs. »
Avoir déjà du travail, un véritable avantage sur le marché de l’emploi
Les jeunes diplômés et les demandeurs d’emploi sont toujours désavantagés par rapport à ceux qui travaillent déjà. Si les candidats demandeurs d’emploi sont 43,6% à ne pas avoir la chance d’obtenir un premier entretien, ce chiffre est deux fois moins élevé chez les candidats qui travaillent déjà : 22,1%. Selon les experts du marché de l’emploi, il est donc très important de postuler activement afin d’augmenter ses chances en tant que candidat.
Benoît Caufriez poursuit : « Ce n’est pas la première fois que nous constatons que le fait d’avoir déjà un emploi contribue efficacement à en trouver un autre. En soi, il n’est pas surprenant que le chemin vers un nouvel emploi soit plus court si vous êtes déjà actif sur le marché de l’emploi. Voici les conseils que nous donnons à ceux qui ne sont pas encore actifs sur le marché de l’emploi : osez montrer à quel point vous êtes motivés à travailler, investissez-vous pleinement lorsque vous posez votre candidature et saisissez toutes les occasions de réduire la distance qui vous sépare du marché de l’emploi. Nous constatons que 46% des demandeurs d’emploi préfèrent passer les évaluations ou les tests depuis chez eux. Nous comprenons que cela puisse être pratique, mais dans le cadre d’une candidature, où les deux parties ne se connaissent pas encore, le contact personnel est un atout indéniable. En tant que candidat demandeur d’emploi, vous devez impérativement saisir toutes les occasions de réduire la distance qui vous sépare du marché de l’emploi. »
Source: les données proviennent de l’enquête annuelle Talent Pulse réalisée par ACERTA et Stepstone Belgium auprès de personnes actives et de chômeurs. Cette quinzième édition a été lancée en avril 2024. Les 4100 personnes interrogées représentent les différentes tranches d’âge. 63,6 % des participants travaillent, dont 51,2 % ont un emploi fixe/contrat à durée indéterminée. 80 % sont des employés et 20 % des ouvriers, avec une durée moyenne de carrière de 21 ans et 8 ans d’ancienneté auprès d’employeurs de différents secteurs et de différentes tailles en ce qui concerne les effectifs.