Ces dernières années, de plus en plus d’entreprises doivent accompagner les travailleurs en maladie de longue durée sur le chemin du retour vers le lieu de travail. L’an dernier, pas moins de neuf employeurs sur dix avaient déjà en service au moins 1 travailleur en maladie de longue durée. Pourtant, de nombreuses entreprises ne sont pas encore suffisamment préparées à la réintégration de ces malades de longue durée, selon une enquête de l’expert en RH Acerta. Un quart des employeurs belges n’ont toujours pas de politique de réintégration, malgré l’instauration de l’obligation il y a trois ans.
Plus d’un employeur sur trois (35,4%) trouve en outre que la législation actuelle en matière de réintégration est trop floue pour être mise en pratique. « Les entreprises se montrent disposées à se lancer dans la réintégration, mais beaucoup ne s’y retrouvent pas », déclarent les experts d’Acerta.
Dans notre pays, aussi bien les grandes que les petites entreprises ont l’obligation, depuis la fin de l’année 2022, de mettre en place une politique de réintégration collective, même si elles ne comptent pas (encore) de malades de longue durée dans leurs effectifs. Le nouvel accord de coalition conclu au début de cette année confère une responsabilité supplémentaire aux employeurs en ce qui concerne la réintégration des malades de longue durée. Ainsi, une politique active en matière d’absentéisme devient obligatoire et les grandes entreprises doivent payer 30% des indemnités de maladie pendant les deux premiers mois. Mais la mise en pratique de la législation s’avère difficile, comme le montre une nouvelle enquête menée par Acerta auprès de quelque 400 petites et grandes entreprises de notre pays. La réintégration est un processus complexe comportant de nombreuses étapes et obstacles. Elle demande du temps et un soutien de la part de l’ensemble de l’organisation.
Pourtant, le besoin se fait pressant : pas moins de neuf entreprises sur dix ont déjà (eu) en service au moins 1 travailleur en maladie de longue durée. Plus de six entreprises sur dix (63,1%) ont déjà réinséré sur le lieu de travail leurs malades de longue durée. Cela dit, dans nombre d’entre elles, il manque un plan ou des accords clairs. Ainsi, un quart (25,7%) des entreprises belges n’ont pas encore de politique d’absentéisme et de réintégration. 61,7% des employeurs indiquent n’avoir mis en place qu’une politique limitée ou partiellement élaborée. Chez 12,5% d’entre eux, la politique est élaborée dans les moindres détails. Il est intéressant de noter que, parmi les employeurs qui ont une politique élaborée, 67,2% pensent que leurs travailleurs sont peu informés, voire ne sont pas du tout au courant de cette politique.
Laura Couchard, experte juridique chez Acerta Consult : « Sur le lieu de travail, des efforts sont investis pour maintenir les gens en bonne santé et les ramener au travail après une maladie, mais cela se fait souvent de manière ad hoc et organique. Maladie et travail ne sont plus inconciliables : le travail peut même favoriser le rétablissement, à condition que le travail ait été adapté aux capacités du travailleur. Les employeurs sont bien disposés à aborder la question, mais la mise en œuvre dans la pratique s’avère trop complexe. C’est un processus qui comporte de nombreux obstacles et étapes – cela ne se fait pas du jour au lendemain, mais demande du temps, de la perspicacité et de la persévérance. Il peut être utile pour les entreprises de mettre des procédures noir sur blanc, afin que tous les membres de l’organisation soient au courant de la manière dont la réintégration est structurée. Qui contacte le travailleur malade, quand, quel est le rôle du médecin du travail… Ce ne sont là que quelques exemples des lignes directrices pouvant être abordées dans une telle politique de réintégration. »
Garder le contact
Les pouvoirs publics n’imposent pas de règles fixes aux entreprises quant au moment et à la fréquence des contacts avec un travailleur en maladie de longue durée. Cela dit, la pratique montre que ceux qui prennent contact rapidement et maintiennent des contacts fréquents augmentent les chances d’un retour fluide à terme. L’enquête d’Acerta révèle que chez près de la moitié des employeurs (48,2%), il faut compter au moins un à trois mois avant qu’un premier contact soit établi avec le travailleur malade. 31,2% prennent par ailleurs contact tous les mois, 13,1% tous les quinze jours et quelque 5,5% toutes les semaines. Dans près de la moitié des entreprises (45,4%), la fréquence des contacts dépend du travailleur.
Obstacles dans le cadre de la réintégration
Acerta a également interrogé les employeurs sur les obstacles qu’ils rencontrent dans l’application de la réintégration. Un manque de motivation de la part des travailleurs a été la réponse la plus mentionnée (52,9%). Par ailleurs, 36,6% déclarent que le manque de temps et la charge de travail excessive pour les autres travailleurs constituaient un défi de taille. 35,4% trouvent floue la législation et réglementation en matière d’absentéisme. Quelque 27,2% ont déclaré ne pas avoir suffisamment de ressources financières pour les efforts supplémentaires qu’exige la réintégration et 24,1% ne disposent pas de suffisamment de connaissances ou d’expertise dans ce domaine.
Source: les chiffres proviennent d’une enquête menée par ACERTA, basée sur un panel fixe de 396 membres issus de divers secteurs et tailles d’entreprise, allant de petites à de grandes entreprises. Les répondants des grandes entreprises étant surreprésentés dans l’échantillon, les résultats ont été pondérés afin d’obtenir une image plus représentative par taille d’entreprise. Les répondants occupaient des fonctions telles que CEO, directeur RH, HR Business Partner, HR Manager ou responsable Payroll.