Bien que l’écart salarial corrigé soit très bas dans le secteur belge de l’informatique et de la technologie – 0,68%, soit bien en dessous de la moyenne nationale de 1,79% – , plusieurs problèmes structurels subsistent. C’est ce que révèle la 26ème Hudson Tech Reward Survey, l’étude réalisée chaque année par Hudson, la société de conseil en gestion des RH qui fait partie du groupe Randstad. 41.301 packages salariaux d’employés belges issus de 128 organisations du secteur Tech & IT ont été examinés.
Pour calculer l’écart salarial, Hudson a analysé le salaire des hommes et des femmes occupant des postes comparables, indépendamment de l’organisation. Il en ressort que l’écart salarial global chez les employés belges du secteur Tech & IT s’élève à 0,68%. En moyenne, l’écart salarial corrigé dans le secteur informatique et technologique est donc inférieur à celui du marché belge dans son ensemble (1,79%) et reste dans les limites fixées par la directive européenne sur la transparence des rémunérations. En revanche, un quart des organisations affichent un écart salarial de plus de 5%, cet écart étant favorable aux hommes dans la majorité des cas (19%). Ce sont surtout les plus petites entreprises qui obtiennent de mauvaises notes, l’écart salarial y étant supérieur à 5% dans 38% des cas.
Ajoutons que les écarts extrêmes se concentrent dans les fonctions très spécialisées, où règne une énorme pénurie, notamment les postes liés au secteur de la cybersécurité, par exemple.
Les écarts entre populations plus jeunes et plus âgées sont également frappants. « Une politique salariale objective reconnaît l’expérience comme un facteur légitime de différenciation salariale, mais elle contraste fortement avec des différences salariales inexplicables, basées uniquement sur l’âge. À fonctions équivalentes, les organisations devraient mener une politique salariale cohérente avec des fourchettes salariales claires« , indique Paul-Etienne Siegrist, senior reward manager chez Hudson.
Peu de marge pour les augmentations de salaire
La majorité du secteur belge de l’informatique a mis un frein aux augmentations salariales supplémentaires en 2025. Si l’indexation légale a bien sûr été appliquée, la plupart des entreprises, notamment dans le domaine de la consultance informatique et du développement de logiciels, n’ont prévu aucune augmentation supplémentaire du salaire de base. La médiane de l’augmentation salariale supplémentaire dans le secteur ne se chiffre qu’à 0,19%. Cette réticence contraste fortement avec d’autres segments de l’industrie technologique. Ainsi par exemple, les entreprises de fabrication de matériel informatique et d’électronique se sont montrées les plus généreuses, en accordant à leur personnel une augmentation salariale substantielle de 3,58% en plus de l’indexation.
L’évolution globalement lente du secteur technologique contraste fortement avec la croissance de 1,30% sur l’ensemble du marché belge. La différence par rapport au reste du marché global du travail est encore confirmée par le fait que près de la moitié des collaborateurs de la tech n’ont bénéficié d’aucune augmentation de leur salaire de base, contre seulement un tiers sur le marché global. Ce qui, au cumul, se traduit par une différence significative : l’évolution du salaire fixe au cours des 4 dernières années n’est que de +1,7% dans le secteur IT, contre +5,38% sur le marché global. Preuve que le secteur s’appuie fortement sur l’indexation légale et investit moins dans des augmentations de salaire individuelles et structurelles.
Cette stagnation du salaire fixe est toutefois compensée par la rémunération variable et les avantages extralégaux, ce qui témoigne d’un modèle de rémunération fondamentalement différent dans le secteur de la tech. La composition des packages salariaux dans ce secteur diffère considérablement de celle du marché global. C’est particulièrement visible chez les débutants, qui bénéficient beaucoup plus souvent d’une voiture de fonction (77% contre 38% sur le marché global) et d’indemnités de frais (92% contre 63% à l’échelle globale). De plus, le secteur technologique affiche de bons résultats en matière de bonus salariaux (CCT 90). La proportion d’entreprises ayant atteint leurs objectifs cibles à convertir en primes a plus que doublé (de 23% l’an dernier à 56% aujourd’hui). On constate en outre une forte augmentation des montants versés, avec un paiement médian supérieur à 2.000 € par an pour tous les niveaux de fonction, soit un montant significativement plus élevé que l’an dernier.
« Le fait que le secteur IT limite la médiane des augmentations de salaire supplémentaires à seulement 0,19% est remarquable dans un marché où la pénurie de profils informatiques demeure structurelle. Bien que l’évolution du salaire fixe s’en trouve ralentie, les bonnes performances en termes de salaire variable et d’avantages extralégaux garantissent le maintien d’une rémunération globalement solide et élevée dans le secteur technologique, avec un lien clair entre les résultats de l’entreprise et les montants variables versés aux employés. En résumé, si le secteur belge de la technologie conserve son attractivité, ce n’est pas grâce à un salaire de base fixe en croissance, mais à une rémunération globale flexible et compétitive », conclut Wouter Beuckels.
Source: Hudson Tech Reward Survey

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