La progression du temps partiel entre les années 2008 et 2015 est remarquable. Actuellement, près d’un tiers des travailleurs sont entrés dans ce régime, contre 25% en 2008. Tendance notable, relevée par l’analyse des données d’un secrétariat social : le travail à temps partiel est surtout très fréquent chez les jeunes et les travailleurs plus âgés. Quelque 41% des travailleurs de moins de 25 ans travaillent à temps partiel. À partir de 55 ans, près de la moitié des employés travaillent à temps partiel. Enfin, l’augmentation du nombre d’hommes occupés à temps partiel est significative, elle aussi.
« Le travail à quatre cinquièmes est un choix très fréquent et il a le vent en poupe : parmi tous les travailleurs à temps partiel, 42,4% choisissent de travailler à quatre cinquièmes en 2015, contre déjà 40% en 2008. »
Benoît van Grieken, Managing HR Consultant chez SD Worx, explique : « Ne soyons pas étonnés que le travail à temps partiel augmente. Le recul de l’âge de la retraite contraint les travailleurs à bien plus réfléchir à leur plan de carrière et aux alternatives s’offrant à eux, comme le travail à temps partiel. Il en résulte une demande croissante de flexibilité et une relation de travail personnalisée : par exemple, les travailleurs souhaitent un pack salarial flexible ou plus d’options en termes de télétravail. Ils considèrent de plus en plus le travail à temps partiel pour que leur carrière reste à un niveau acceptable et confortable. »
Le travail à temps partiel dès le début de carrière : un choix ou une contrainte ?
En 2015, pas moins de 41% des travailleurs de moins de 25 ans travaillaient à temps partiel. Ce chiffre diminue de façon spectaculaire et passe de 41% à 23% dès que l’âge de 25 ans est révolu. Parmi les travailleurs plus âgés, près de la moitié travaillent à temps partiel à partir de 55 ans.
« Les jeunes savent très bien qu’ils devront travailler plus longtemps. C’est l’une des explications possibles à la popularité du travail à temps partiel au sein de cette tranche de la population. Autre explication possible : ils combinent de plus en plus souvent le travail et les études. Les travailleurs plus âgés choisissent un emploi à temps partiel pour que leur travail reste acceptable à la fin de leur carrière. Souvent aussi, ils n’ont plus la nécessité financière de travailler à temps plein et ils choisissent à dessein d’avoir un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée pour s’occuper de leurs petits-enfants, par exemple ».
Le nombre d’hommes qui travaillent à temps partiel est passé de 10% en 2008 à 14% en 2015. Chez les femmes, nous constatons une hausse de 45% en 2008 à 55% en 2015. Proportionnellement, le nombre d’hommes qui travaillent à temps partiel augmente donc plus fortement. Cette évolution peut également s’expliquer par la durée prolongée des carrières : de plus en plus d’hommes choisissent des alternatives lorsque l’âge de la pension approche, comme le travail à temps partiel. Les femmes le font graduellement tout au long de leur carrière, entre autres pour pouvoir combiner leur emploi et les enfants.
Changement de mentalité ?
La FEB (Fédération des Entreprises de Belgique) réagit par l’entremise de Bart Buysse : « L’augmentation du travail à temps partiel montre que les travailleurs sont en demande de flexibilité, mais aussi que les employeurs leur en offrent effectivement plus. De nombreux travailleurs optent délibérément pour des régimes à temps partiel, pour mieux combiner vie de famille et travail ou pour ralentir le rythme à un âge plus avancé. Toutefois, nous constatons depuis des années déjà que travailler moins n’entraîne pas nécessairement un allongement de la carrière. Cela nécessite donc de travailler ‘autrement’ et de prévoir une marge pour des accords sur mesure entre l’employeur et le travailleur. Il est un fait que la rigidité de la législation et les nombreuses formalités administratives restent une entrave importante au travail à temps partiel et que les employeurs qui l’enfreignent risquent de lourdes sanctions. Le projet de loi Travail faisable et maniable supprime un certain nombre de formalités, mais il en introduit d’autres. Il y a donc encore des efforts à faire. Enfin, s’il est vrai qu’un nombre croissant d’hommes optent pour le travail à temps partiel, celui-ci reste malgré tout principalement féminin. Nous devons donc miser sur un changement de mentalité, non seulement dans les entreprises, mais aussi chez les travailleurs. Cela nécessite un large débat de société. »
Les chiffres présentés par cette analyse semblent offrir un reflet fidèle de la réalité vécue au sein de nos entreprises. Toutefois, les grilles d’explication nous apparaissent encore lacunaires. La ‘dégradation’ d’un volume important d’emplois (à l’image de ce qui se pratique massivement en Allemagne) devrait certainement être considérée comme un des éléments à l’origine de la montée du travail à temps partiel. A suivre donc.