En Belgique, 10 % des travailleurs de 55 ans et plus sont absents pour cause de maladie depuis plus d’un an. C’est plus du double de la moyenne de 4 %, tous âges confondus. Dans le contexte du recul de l’âge légal de la pension et des autres objectifs du nouveau gouvernement en matière de pensions, Attentia souligne l’importance des mesures visant spécifiquement les travailleurs âgés, aussi bien en matière de prévention que de réintégration.
Avec l’âge, le risque de maladie de longue durée augmente
Bien que le taux d’absence pour maladie de longue durée chez les travailleurs de 55 ans et plus soit légèrement inférieur en 2024 par rapport à 2023 – passant de 10,45% à 10,29% –, il reste bien supérieur à la moyenne. Plus les travailleurs sont âgés, plus ils sont susceptibles de devoir s’absenter longtemps pour des raisons de santé. Le taux d’absentéisme de longue durée chez les 55 ans et plus est le double de celui des 45-54 ans (4,84%), le quadruple de celui des 35-44 ans (2,74%) et même le décuple de celui des 25-34 ans (1,11%). Chez les travailleurs les plus jeunes, l’absentéisme de longue durée est quasiment inexistant (0,23%).
Il est intéressant de noter qu’au sein du groupe des 55 ans et plus atteints d’une maladie de longue durée, les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes : 15,87% contre 7,50%. Et si l’on note une légère baisse chez les hommes, les congés de maladie de longue durée des femmes de 55 ans ou plus ont fortement augmenté depuis 2021.
Besoin de politiques d’accompagnement pour les personnes âgées
Il y a une dizaine d’années, le gouvernement a décidé de relever progressivement l’âge légal de la pension à 67 ans. En 2025, le premier saut sera acté : de 65 à 66. L’accord du gouvernement prévoit également que les personnes qui prennent une retraite anticipée, mais n’atteignent pas 35 années de carrière verront le montant de leur pension réduit. En outre, le chômage de longue durée, la retraite anticipée (RCC) et les emplois d’appoint – appelés périodes assimilées – ne seront pris en compte que dans une mesure limitée pour le calcul de la pension.
Dre Ella Haemers : « Les employeurs doivent donc relever le défi de maintenir leurs travailleurs en forme et motivés plus longtemps. En effet, les absences des collègues plus âgés entraînent non seulement des coûts pour l’organisation et la société, mais aussi la perte d’une expérience et d’une expertise précieuses. La prévention est évidemment essentielle, et prend diverses formes : adaptations ergonomiques, programmes de santé ou de formation spécifiques. Les personnes plus âgées peuvent également faire d’excellents ambassadeurs de l’entreprise ou de bons mentors pour leurs collègues plus jeunes, ce qui assure à la fois le transfert des connaissances et un sentiment d’utilité et d’appréciation. En outre, des modalités de travail flexibles, telles que le travail à temps partiel ou des tâches adaptées, peuvent contribuer à maintenir ces personnes dans le monde du travail plus longtemps. Enfin, j’invite les employeurs à ne pas laisser tomber les travailleurs plus âgés qui tombent malades, mais à continuer à miser sur la communication et une réintégration appropriée. »
La combinaison du travail et des responsabilités familiales crée une pression supplémentaire
La forte augmentation de l’absentéisme de longue durée pour cause de maladie chez les travailleurs plus âgés, et surtout chez les femmes, s’explique par une combinaison de facteurs, explique la Dre Ella Haemers, médecin du travail et experte en absentéisme chez Attentia : « Les contraintes physiques jouent un rôle majeur, car les personnes plus âgées sont plus sensibles aux problèmes de santé chroniques, aux troubles musculosquelettiques et à d’autres affections liées à l’âge. En outre, des facteurs psychosociaux, tels que la pression au travail et le stress dû à la combinaison du travail et des responsabilités familiales, peuvent contribuer à l’absentéisme de longue durée. Ce sont avant tout les femmes de plus de 55 ans qui s’occupent de leurs petits-enfants, de leurs parents âgés ou des deux, qui font face à une charge accrue. Les changements au sein de l’organisation et les évolutions technologiques jouent également un rôle. Les processus de travail sont de plus en plus numérisés et tous les travailleurs âgés ne s’y adaptent pas avec la même aisance. Cela peut entraîner une tension mentale accrue et une incertitude quant à sa propre valeur sur le marché du travail. »
Source: Attentia – les chiffres de cette analyse sont basés sur les données de travailleurs d’entreprises du secteur privé en Belgique. Pour 2024, cet échantillon compte 174 employeurs et 116 254 travailleurs. Le taux d’absence pour cause de maladie est rapporté au nombre total d’heures de travail.