Les travailleurs qui font l’expérience du leadership toxique sont également plus susceptibles de subir un comportement abusif au travail.

De plus en plus de travailleurs sont confrontés à un comportement toxique de la part d’un supérieur hiérarchique. C’est ce qui ressort d’une étude récente menée par le prestataire de services RH Securex et la KU Leuven. En Belgique, 1 travailleur sur 10 (9,3%) a un supérieur hiérarchique extrêmement contrôlant ou qui a tendance à micro-manager, soit 69% de plus qu’en 2021 (5,5% à l’époque).

Ces travailleurs sont plus susceptibles d’être victimes de comportements abusifs, tant de la part de leur supérieur que de leurs collègues ou de personnes externes à l’entreprise. De plus, un style de leadership passif, actuellement ressenti par 13,4% des travailleurs, n’est pas une meilleure option. Face à ce manque de leadership, les travailleurs sont plus souvent confrontés à des comportements abusifs. “Les supérieurs hiérarchiques se doivent de soutenir activement l’autonomie de leurs travailleurs et ces derniers doivent avoir le courage de dénoncer les comportements répréhensibles”, déclare Jacqueline Jost, conseillère en prévention pour le bien-être psychosocial chez Securex.

Securex, en collaboration avec la KU Leuven, a étudié le comportement des supérieurs hiérarchiques de 1.482 travailleurs en Belgique durant le mois d’avril 2024. Pour cela, deux catégories distinctes ont été définies. La première catégorie, « close monitoring »’ (ou « surveillance étroite »), concerne les comportements de contrôle excessif et est qualifiée de toxique. Securex et la KU Leuven ont également examiné les situations dites de « chaos par la passivité », où les supérieurs adoptent un style très attentiste, de type « laisser-faire ».

L’étude démontre que les comportements toxiques des supérieurs hiérarchiques sont en forte augmentation. En avril 2024, 9,3% des travailleurs belges ont déclaré subir un contrôle excessif ou du micro-management de la part de leur supérieur hiérarchique. Il s’agit d’une augmentation de 69% par rapport à 2021, année où le taux était de 5,5%. Les ouvriers signalent plus souvent cette situation que les employés, avec respectivement 12,5% et 8%. Cette différence s’explique en partie par la possibilité de télétravailler pour les employés, qui peut servir de tampon contre les comportements toxiques. Ainsi, seuls 5,8 % des employés qui télétravaillent sont confrontés à des comportements toxiques de la part de leurs supérieurs.

Le leadership toxique mène à des comportements abusifs plus généraux

D’après une étude menée par Securex et la KU Leuven en 20231, un style de leadership toxique augmente le risque de burn-out chez les travailleurs. Cette étude récente montre que les travailleurs dont le supérieur hiérarchique a un comportement toxique sont également plus susceptibles d’être victimes de comportements abusifs au travail. Près de la moitié (43,5%) des travailleurs dont le supérieur hiérarchique exerce un contrôle excessif ont estimé avoir été victimes de comportements abusifs, tels que des agressions verbales ou physiques, des discriminations et/ou du harcèlement sur le lieu de travail, et ce au cours des 12 derniers mois. Un quart (26,1%) des travailleurs ayant un supérieur hiérarchique avec un comportement toxique indiquent avoir été confrontés à du comportement abusif de la part de leur supérieur et 17,4% à du comportement abusif par des collègues ou des personnes externes à l’entreprise.

Jacqueline Jost, conseillère en prévention pour le bien-être psychosocial chez Securex, donne une explication à cette augmentation : « Les travailleurs ont gagné en assurance et il est devenu moins tabou de poser clairement ses limites. En outre, la situation économique difficile et les différentes crises qui se sont succédées ont accru la pression et le stress des supérieurs, ce qui les rend plus enclins à adopter un comportement toxique. »

Un type de leadership passif est tout aussi dangereux

Il y a également un nombre croissant de supérieurs hiérarchiques qui adoptent un style très passif de leadership. En 2021, 9,3% des travailleurs déclaraient avoir un supérieur passif, un pourcentage qui est passé à 13,4% en 2024 (soit une augmentation de 44,1%). Cela n’est pas sans conséquence, car l’étude établit également un lien avec les comportements abusifs dans ces cas-là. Pas moins de 53,3% des travailleurs ayant un supérieur passif ont fait l’expérience d’un comportement abusif au cours des 12 derniers mois. Dans 31,3% de ces cas, le supérieur est identifié comme étant à l’origine du comportement, tandis que dans 22,2% de ces cas, ce comportement proviendrait de collègues ou de personnes externes à l’entreprise.

Anja Van den Broeck, professeure à la KU Leuven : « Le comportement toxique des supérieurs, caractérisé par un contrôle excessif et du micro-management, va au-delà d’un mauvais leadership. Il consiste à exercer un contrôle extrême sur le personnel et à le mettre sous pression. Cela alimente une culture d’entreprise toxique qui ouvre la porte à des comportements abusifs. Il est clair que les dirigeants ont du mal à déterminer ce qu’ils peuvent ou ne peuvent pas faire. Quoi qu’il en soit, une attitude passive n’est certainement pas la solution. En plus d’un leadership toxique, un manque de leadership conduit également à un environnement de travail dangereux avec un manque de limites, dans lequel la probabilité d’exposition à des comportements abusifs est encore plus élevée. »

Conseils aux supérieurs hiérarchiques et aux travailleurs

Les styles de leadership qui favorisent l’autonomie et offrent une structure sont ceux qui génèrent le moins de comportements abusifs. Seuls 15,8% des travailleurs qui sont sous la supervision d’un supérieur hiérarchique adoptant ce style de leadership sont confrontés à des comportements abusifs. Cependant, ce style de leadership est moins prévalant qu’en 2021, avec une diminution de 21,7%. En 2024, 35,4% des travailleurs déclarent que leur supérieur soutient leur autonomie et leur fournit une structure (contre 45,2% en 2021).

Jacqueline Jost souligne l’importance d’un bon style de leadership que ce soit pour l’employeur, le supérieur hiérarchique ainsi que le travailleur : “Il est essentiel que les employeurs accordent suffisamment d’attention à la qualité du leadership au sein de leur organisation, car cela impacte directement les performances, le taux de burn-out et d’absentéisme du personnel. Les supérieurs peuvent certainement prendre les devants, en adoptant un style de leadership favorisant l’autonomie des travailleurs, offrant une structure nécessaire et instaurant un environnement psychologiquement sécurisant. Les travailleurs ont également un rôle à jouer. Il est primordial de signaler les comportements répréhensibles, en tant que victime mais aussi en tant que spectateur, par le biais de canaux appropriés tels qu’une personne de confiance ou en demandant l’intervention psychosociale d’un conseiller en prévention. Un comportement toxique à répétition avec des témoins qui se taisent, est tout aussi nuisible que le comportement toxique lui-même.”

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