Menstruations, Maternité et Ménopause: le tabou des 3M reste très présent sur le lieu de travail.

Plus d’un tiers des salariées flamandes n’osent pas parler de sujets sensibles au travail. Les menstruations, la maternité et la ménopause font notamment partie des sujets tabous, de même que les stéréotypes liés à l’âge chez les salariées plus âgées. C’est ce qui ressort d’une étude menée récemment par l’Antwerp Management School (AMS) en collaboration avec SD Worx auprès de 1.700 personnes.

Les femmes éprouvent plus de difficultés à aborder ouvertement des questions sensibles. Elles hésitent davantage à parler des erreurs ou des problèmes de performance de leurs collègues ou de leurs supérieurs. Elles sont également plus réservées que les hommes lorsqu’il s’agit de problèmes familiaux et sont moins enclines à parler de problèmes physiques. Mais les plus grands tabous sur le lieu de travail parmi les salariées concernent les « trois M » : les menstruations, la maternité et la ménopause. Plus de six femmes sur dix (65%) font l’expérience d’un manque d’ouverture sur ces sujets au sein de leur entreprise.

L’image idéale de la salariée se heurte aux stéréotypes féminins

En début de carrière, l’image de la jeune collaboratrice dynamique se heurte à l’image excessivement stéréotypée de la femme qui lutte contre les douleurs et les inconforts mensuels et qui peut être de mauvaise humeur à cause de ses menstruations. À la mi-carrière, le même constat ressort : la salariée idéale a atteint sa vitesse de croisière. Elle est très engagée et demande des rôles et des tâches supplémentaires. Or, cela ne coïncide pas avec la femme qui, selon les stéréotypes, aspire surtout à un bon équilibre entre vie professionnelle et vie privée et tente, tant bien que mal, de combiner son rôle de mère avec son rôle professionnel.

Enfin, en fin de carrière, l’image de l’employé idéal en tant que leader ou expert senior, socialement compétent, stable et sûr de lui, ne correspond pas à l’image stéréotypée de la femme qui, en raison de la ménopause, doute d’elle-même, est émotionnellement instable et a honte de ses bouffées de chaleur.

La stigmatisation

« Plusieurs témoignages révèlent que les femmes préfèrent éviter les sujets des menstruations, de la maternité et de la ménopause de peur d’être victimisées ou stigmatisées », commente la professeure Peggy De Prins de l’Antwerp Management School. « Selon les personnes interrogées, le fait d’avoir ou de ne pas avoir d’enfants est un tabou. En outre, les mères qui ont participé à l’enquête ont souligné le défi permanent que représente l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie familiale. Prendre des décisions de carrière qui englobent à la fois les ambitions professionnelles et les circonstances personnelles est considéré comme leur plus grand défi. Enfin, les femmes trouvent particulièrement agaçant la légèreté avec laquelle la ménopause est considérée. Elles pensent souvent que leurs collègues ne prennent pas la question au sérieux et qu’il n’y a pas assez d’informations ou de mesures prises à ce sujet. »

Les plus de 55 ans ne peuvent pas être elles-mêmes sur leur lieu de travail

Un autre sujet tabou sur le lieu de travail est « l’âgisme », soit les stéréotypes liés à l’âge. Ce phénomène est de plus en plus fréquent chez les travailleurs âgés, hommes et femmes confondus. Seuls 36% des plus de 55 ans estiment pouvoir être eux-mêmes au travail, contre 46% des moins de 35 ans. En outre, les travailleurs plus âgés sont moins susceptibles de se faire entendre, même s’ils ont de bonnes idées. Un tiers de ces mêmes travailleurs décident même de ne pas exprimer leurs idées, contre seulement un cinquième des travailleurs plus jeunes.

« Les stéréotypes liés à l’âge sont en fait une extension des trois M », poursuit Peggy De Prins. « Les collègues appartenant à d’autres tranches d’âge sont encore trop souvent considérés comme des étrangers, ce qui renforce le sentiment de « nous contre eux ». Prenons un exemple : une personne peut vouloir se concentrer sur des tâches plus faciles ou moins exigeantes pendant un certain temps lorsqu’elle est ménopausée ou qu’elle a ses règles. Les autres collègues ne le comprennent pas toujours et réagissent de manière défensive, voire offensive. Malheureusement, cela peut rapidement dégénérer en comportement toxique au sein des équipes. »

« Maintenant que les élections sociales sont terminées, il est important de discuter efficacement des préoccupations des travailleurs, telles que les 3 M, et de chercher des solutions. Grâce à la concertation sociale, cela peut également se faire au niveau collectif », ajoute Jan Vanthournout, expert en élections sociales chez SD Worx.

Comment briser le tabou des 3 M ?

La professeure De Prins donne quelques conseils et exemples de ce qu’il convient de faire et de ne pas faire :

  • Des mesures subtiles peuvent permettre aux femmes de se sentir plus à l’aise sur leur lieu de travail. Il peut s’agir de vêtements de travail adaptés, comme des pantalons de couleur sombre au lieu de pantalons blancs pour les infirmières, ou des lieux de travail où les employés peuvent régler eux-mêmes la température.
  • Les mesures formelles en matière de ressources humaines, telles que les horaires de travail flexibles, le travail hybride et une grande autonomie dans le travail, peuvent contribuer à rendre le lieu de travail plus accueillant pour les femmes.
  • Le fabricant de jouets Lego s’est engagé à sensibiliser le public en développant une campagne de sensibilisation complète sur la ménopause dans le cadre de sa vision plus large en matière de diversité et d’inclusion.
  • Le dialogue sur les 3 M peut être facilité par des guides de conversation existants destinés aux responsables directs.
  • Pour éviter la stigmatisation, il est recommandé d’opter pour la personnalisation dans les mesures. Il existe d’autres solutions, plus adaptées à chacune, qu’un congé menstruel ou ménopause généralisé.
  • Briser le tabou des 3 M peut également conduire à plus de transparence et de dialogue quant à la délicate frontière entre le présentéisme et l’absentéisme au travail.

Certaines femmes témoignent :

  • « Je n’ai volontairement pas d’enfant et c’est encore un grand tabou, pas seulement sur le lieu de travail. »
  • « Après la naissance de mes enfants, j’ai commencé à travailler en 4/5e. Depuis, je ne me sens plus comme une employée à part entière et je manque des opportunités de promotion. »
  • « À la ménopause, on ne se sent plus à sa place. C’est comme si c’était fini. »
  • « Lorsque je veux planifier des projets en fonction de mes règles, je remarque des réactions de méfiance. Cela montre le tabou qui entoure le sujet. »
  • « Si vous êtes une femme et que vous travaillez avec de nombreux collègues masculins, il est parfois très difficile de leur faire comprendre que la combinaison travail-famille peut être difficile. D’après mon expérience, la plupart des hommes qui ont une famille peuvent se concentrer pleinement sur leur travail parce qu’ils ont une partenaire qui s’occupe de tout à la maison. En tant que femme, vous êtes parfois rapidement étiquetée comme n’étant pas assez flexible. »

 

Source – Cette étude est le fruit d’une collaboration entre le centre d’expertise Next Generation Work de l’Antwerp Management School, SD Worx et Het Nieuwsblad. L’enquête a été envoyée sous le titre « Baromètre de la participation. Êtes-vous entendu au travail ? ». Le travail de terrain a été réalisé entre février et mars 2024 auprès d’une large population de travailleurs flamands. Au total, 1.698 répondants ont participé, notamment ventilé par le sexe avec 20% d’hommes, 79% de femmes et 1% de personnes non binaires, mais aussi par le niveau d’éducation avec 4% d’éducation inférieure, 18% d’éducation moyenne et 78% d’éducation supérieure, sans oublier le profil professionnel avec 44% d’ouvriers/cols blancs, 43% de cadres moyens/professions libérales et 12% de cadres supérieurs/directeurs.

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