Quelle place pour les syndicats dans les modèles low cost internationaux? Le dossier Ryanair sera un cas d’école.

Un choc de cultures annoncé… La rencontre prévue en cette fin de semaine entre les représentants de Ryanair et le syndicat chrétien, en l’occurence la CNE, devait permettre de voir comment le premier opérateur bien low cost appréhende la réalité de la concertation sociale. Pas question en effet d’aller jouer sur ce terrain glissant jusqu’à présent… Cette première ouverture correspond-elle à l’ouverture d’une nouvelle ère? Pas certain. 

La RTBF offre un compte-rendu plutôt détaillé de la rencontre, qualifiée d’historique. « Les deux parties ont qualifié la réunion de « constructive », mais à 13H, la compagnie aérienne refusait toujours de reconnaître une délégation syndicale. Ryanair s’en tient à une proposition d’augmentation salariale pour les seuls pilotes, et seulement pour une période déterminée. Une nouvelle entrevue est prévue à la fin du mois de février. L’annulation de 20 000 vols, l’année passée avait provoqué une crise sans précédent au sein de la société irlandaise. Face au danger de perdre ses pilotes, Ryanair avait dû faire des concessions. Ce vendredi, les responsables syndicaux de la CNE rencontraient pour la première fois la direction de Ryanair à l’hôtel Sheraton à Bruxelles. Une réunion qui suscitait l’espoir d’entamer un dialogue avec la compagnie à bas coûts et l’amélioration des conditions de travail du personnel basé en Belgique. Eddie Wilson chef du personnel a déclaré que c’était une première prise de contact avec les pilotes. Et de fait, c’est la première fois que Ryanair acceptait de rencontrer une délégation syndicale. Ryanair a décidé de s’attaquer au problème de fond en entamant une tournée européenne de ses 87 bases. La Belgique était, ce vendredi, le 8e pays dans lequel se rendait la délégation de Ryanair. »

Installer une délégation syndicale ?

Yves Lambot de la CNE, a tenté de piloter la réunion. Il explique à la RTBF: « C’étaient des intentions affichées par Ryanair, mais jamais nous n’avons eu l’occasion de les rencontrer. Cette ouverture a été faite fin décembre. Et nous l’avons saisie aujourd’hui… »  La première revendication de la CNE est la reconnaissance par Ryanair d’une délégation syndicale belge. Venus de Dublin, le chef du personnel de Ryanair Eddie Wilson et le numéro deux de la compagnie Peter Bellew n’ont cependant pas accepté cette demande. « Ryanair a peur qu’en reconnaissant les syndicats, elle doive se plier au droit belge. Nous voulons mettre concrètement sur la table les éléments qui permettre cela. On veut être certain de bien se comprendre. Je suppose qu’entre des délégations syndicales belge et irlandaise, il y a des différences. Il faut gommer ces différences et s’assurer que toutes les parties soient sur la même longueur d’onde ».

L’analyse de la stratégie de négociation de Ryanair porte sur un autre domaine, celui des rémunérations. « Ryanair s’est contentée de réitérer une proposition déjà faite devant les pilotes anglais. Elle a proposé vendredi une augmentation de salaire d’environ 20% pour les pilotes belges. La société annonçait jeudi que les pilotes britanniques avaient accepté cette augmentation salariale allant jusqu’à 20%. Mais pour le syndicats, cette offre pourrait être un piège. Ce niveau d’augmentation ne concerne que certaines catégories de pilotes et ne porterait que sur une période limitée à 3 ans. On devrait alors plutôt parler de prime. Et 3 ans et le temps nécessaire pour former de nouveaux pilotes, plus jeunes et moins chers. Ceux-ci pourraient alors venir combler les baisses d’effectifs provoquées par les départs des pilotes plus chevronnés et plus chers. »

Avant tout, la question de la pression sociale…

Selon les organisations syndicales relayées par la RTBF, la reconnaissance des syndicats par Ryanair doit permettre d’apaiser les tensions sociales. « Depuis sa création en 1985, Ryanair a toujours refusé de reconnaître les syndicats. Mais la compagnie vit depuis quelques mois une vague de protestation sans précédent de son personnel, sur fond d’exode de ses pilotes vers d’autres compagnies aériennes. Le 22 décembre, la société avait déjà subi en Allemagne la première grève de son histoire, même si celle-ci a remporté un succès mitigé. Ryanair a ensuite amorcé un virage en commençant à reconnaître des syndicats, face à des menaces de grève historiques en Italie, en Irlande et au Portugal. Une manière d’accentuer la pression sur Ryanair, déjà mise en difficulté par des milliers d’annulations de vols depuis septembre.

En Belgique, le bras de fer a débuté en 2011, lorsque la CNE a attaqué Ryanair en justice pour la contraindre d’appliquer la législations sociale belge plutôt qu’irlandaise. La Cour de Justice de l’Union européenne lui a donné raison mi-septembre. Un arrêt de la cour d’appel de Mons est désormais attendu en juin pour régler la question. La rencontre de vendredi fait suite à une demande de la CNE en collaboration avec l’association de pilotes belges Beca (Belgian cockpit association). Mais elle résulte aussi d’une ouverture de Ryanair elle-même, souligne Yves Lambot. « Ryanair évoque la possibilité de reconnaître les syndicats en Belgique, mais nous allons demander des explications et des garanties sur ce que cette reconnaissance signifie pour la direction. ».

Source : RTBF

 

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