L’OIT (Organisation Internationale du Travail) a mené une étude auprès d’économistes dans différents pays de l’UE. Il ressort de celle-ci que les économistes hommes et femmes ont des points de vue différents sur les méthodes et préceptes fondamentaux, ainsi que sur les politiques. Choisir une politique d’austérité, de responsabilité environnementale, d’investissement public, de régulation financière… serait directement lié à la question du genre. Une réalité directement transposable à la dynamique de décision au sein de nos organisations.
« Ces résultats sont importants parce qu’ils démontrent la nécessité d’inclure les femmes et les hommes quand les politiques économiques sont débattues et élaborées », déclare David Kucera de l’Organisation internationale du Travail (OIT), l’un des auteurs de l’étude intitulée Genre et politiques économiques européennes: Analyse des opinions des économistes européens sur la politique économique contemporaine (uniquement en anglais).
L’étude constate que dans l’Union européenne les économistes femmes ont moins tendance que leurs homologues masculins à favoriser les solutions de marché par rapport aux interventions de l’Etat, et sont plus enclines à privilégier les politiques de protection de l’environnement. Par exemple, les femmes économistes sont plus souvent que les hommes opposées à l’idée selon laquelle une meilleure protection de l’emploi se traduit par une croissance économique plus faible, et plus souvent favorables à ce que l’Union européenne continue d’interdire la culture de plantes génétiquement modifiées.
L’étude observe par ailleurs qu’en moyenne les économistes femmes de l’UE croient plus volontiers que les hommes ont davantage d’opportunités que les femmes sur le marché du travail et dans l’enseignement supérieur. La plus forte divergence d’opinion sur ce sujet concerne l’égalité des chances pour les femmes dans le monde universitaire. Les économistes hommes interrogés avaient davantage tendance à penser que les chances étaient égales entre hommes et femmes, voire supérieures pour les femmes, tandis que les économistes femmes interrogées estimaient plus souvent que les débouchés favorisaient les hommes par rapport aux femmes.
L’étude traite les mêmes questions qu’une précédente étude réalisée auprès d’économistes des Etats-Unis par les auteurs. Si l’on observe des similitudes dans les conclusions des deux études, on constate aussi des différences. Aux Etats-Unis, les économistes hommes et femmes sont davantage en accord en ce qui concerne les concepts fondamentaux et les méthodes. Les deux études concluent à des divergences d’opinion entre les deux sexes quant à privilégier les solutions de marché par rapport à l’intervention de l’Etat.
Les études conduites dans l’UE et aux E.-U. convergent sur une conclusion: les perceptions relatives aux débouchés professionnels pour les hommes et les femmes dans l’enseignement supérieur et le marché du travail dans son ensemble sont très différentes selon le sexe. Tant dans l’Union européenne qu’aux Etats-Unis, les économistes hommes ont répondu que les chances étaient relativement égales entre hommes et femmes, tandis que les économistes femmes étaient d’avis contraire.
Ces résultats donnent de précieuses informations sur l’impact possible de l’évolution démographique de la profession des économistes (et, par extension, de l’ensemble des fonctions visant à définir les choix stratégiques de l’entreprise, ndlr). En arrivant plus nombreuses dans le champ de l’économie, les femmes vont apporter des points de vue différents sur la politique économique et élargir l’éventail des solutions possibles.« L’évolution démographique des sciences économiques va accroître la présence des femmes dans le domaine. Notre recherche laisse augurer que les politiques économiques s’en trouveront changées », déclare Ann Mari May, principale auteure de l’étude.
Source : OIT – ILO
Méthode – Cette étude est la première analyse systématique des différences d’opinion entre économistes européens, hommes et femmes. Les auteurs – Ann Mari May et Mary McGarvey de l’Université de Nebraska-Lincoln et David Kucera – ont enquêté auprès d’économistes d’universités de 18 pays de l’Union européenne.