Le Gouvernement wallon vient d’adopter un avant-projet d’arrêté qui finalise la réforme du dispositif des titres-services. Annoncé comme un trophée, il pourrait bien avoir la peau du secteur en Wallonie. En effet, lors d’une ultime tentative de concertation, il est apparu que cette réforme n’était soutenue par aucune analyse économique ou d’impact économique et financière sur les entreprises titres-services agréées. Selon Federgon, si le projet a été amendé sur deux points, pour gommer des erreurs d’appréciation de l’effet d’une indexation trop tardive du prix du titre-service au client, il reste dévastateur sur le plan économique pour les entreprises titres-services.
La fédération de prestataires de services RH qui représente entre autres les entreprises titres-services explique qu’il faut sauver le système des titres-services en Wallonie: la responsabilité du Gouvernement wallon est engagée devant chaque entreprise, chaque aide-ménagère et chaque ménage utilisateur.
« Nous sentons bien que le Gouvernement veut en finir avec ce projet mais, ici, il adopte un texte sans avoir eu aucun modèle économique pour en mesurer les effets. C’est affolant. La réforme est basée sur des approximations et non sur des chiffres. Nos membres ont dévoilé leurs chiffres, fait tourner les modèles en toute transparence devant les Cabinets en charge du dossier. Sans guère d’effets. La réforme va tuer les petites et moyennes entreprises wallonnes. Les difficultés vont apparaître dès le paiement des pécules de vacances en avril prochain. Si faute de rentabilité, les banques ne préfinancent plus ce coût, il faudra un plan de sauvetage public pour les financer. Le ministre Dermagne répondra-t-il présent pour ces entreprises qui seront mises en très grande difficulté suite à cette réforme ? », interroge Arnaud le Grelle, Directeur Wallonie-Bruxelles chez Federgon.
Seules deux solutions sont possibles pour empêcher un krach massif qui arrivera au moment des élections de 2024 : « Augmenter le prix du titre-service à 11€ dès le 1er janvier ou plafonner, plutôt qu’interdire, les frais complémentaires à hauteur de 20% de la valeur faciale. Ces solutions sont raisonnables. Le prix du titre, s’il avait été normalement indexé au cours du temps, serait déjà supérieur à 12€. Et limiter plutôt qu’interdire les frais complémentaires facturés aux clients évite les abus, ce qui est dans le rôle de la ministre de l’Emploi. Le Gouvernement wallon donne l’impression de ne pas se soucier des conséquences de ses actes. Tuer nos entreprises, en particulier, celles qui font le maillage local du système, de par leur taille et leur proximité, ne peut être le but du Gouvernement wallon ? Federgon en appelle à la responsabilité des ministres du Gouvernement wallon. Comment les ministres de l’Économie et de l’Emploi wallons peuvent-ils autant méconnaître la réalité économique ? Il faut sauver le système. Les deux solutions présentées sont raisonnables ».
Federgon continue de plaider pour une refonte du système à l’issue des élections mais en appelle à chacun, dès aujourd’hui, pour assurer la survie immédiate du système, faute de quoi, cette discussion sera sans utilité.