Le chômage temporaire en Belgique : un outil efficace et bénéfique, à condition d’en maîtriser l’usage… C’est la conclusion du numéro 190 de la revue universitaire Regards économiques qui présente les résultats d’un projet conjoint UCLouvain, KU Leuven et Université de Gand, soutenu par la Politique scientifique fédérale (BRAIN-be 2.0), combinant pour la première fois analyses économiques et psychologiques.

Le chômage temporaire permet aux entreprises de réduire temporairement l’activité des travailleurs en cas de difficultés économiques, tout en maintenant leur emploi et en bénéficiant d’un soutien public. Ce dispositif protège efficacement l’emploi lors de chocs économiques réels, mais son usage reste élevé en Belgique même hors crise. Une partie des dépenses publiques ne concerne donc pas des emplois réellement menacés, et une utilisation répétée peut fragiliser le bien-être psychologique de certains travailleurs.

Principaux enseignements économiques

• Le dispositif a évité des licenciements lors de la Grande Récession et de la crise COVID-19, mais uniquement dans les secteurs fortement touchés.
• Dans les autres secteurs, le système a souvent été utilisé alors que les emplois n’étaient pas réellement menacés.
• L’évaluation de la procédure simplifiée d’accès au chômage temporaire durant la crise COVID montre qu’un accès plus souple pour les employés pourrait renforcer l’efficacité du système.
• Le mécanisme de cotisation financière pour les employeurs, qui s’active lorsqu’un salarié cumule trop de jours de chômage temporaire, a mieux réparti l’usage entre travailleurs, mais n’a presque pas limité les excès.

Principaux enseignements psychologiques

• Le chômage temporaire est souvent perçu comme une alternative préférable au licenciement.
• Il peut générer stress, incertitude et perte de repères.
• Les effets varient selon les travailleurs : certains y voient un répit, d’autres s’inquiètent pour leur avenir professionnel ou financier.
• Une communication claire et le maintien du lien avec l’entreprise sont essentiels pour limiter les effets négatifs.

Recommandations clés

• Maintenir et même le renforcer la flexibilité du système en assouplissant l’accès pour les employés, sur le modèle du régime existant pour les ouvriers.
• Réserver le dispositif aux entreprises qui en ont vraiment besoin, via une responsabilisation financière accrue liée à l’usage passé par travailleur.
• Allonger le délai entre deux périodes successives de chômage temporaire pour limiter les usages répétés non justifiés.
• Améliorer la communication interne pour réduire l’insécurité ressentie.
• Encourager des activités utiles pendant les périodes non travaillées pour maintenir engagement et lien organisationnel.

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Source: Regards Economiques – RE190 – dossier réalisé par Natalia Bermudez, Bart Cockx, Nele De Cuyper, Hans De Witte, Muriel Dejemeppe, Charlotte Rodriguez Conde, Florence Stinglhamber, Giulia Tarullo