Les accidents du travail sont en baisse en Belgique. Voilà la constatation publiée par le BESWIC (Belgian Safe Work Information Center), membre de l’Agence européenne pour la sécurité et la santé au travail. Comment expliquer cette tendance récurrente à la baisse alors que les risques psycho-sociaux semblent plus présents que jamais?

Les statistiques des accidents du travail indiquent une nette tendance à la baisse en 2014: 4,4% d’accidents en moins sur le lieu de travail et 13,1% d’accidents en moins sur le chemin du travail. Si nous prenons une perspective long terme, nous pouvons souligner que le nombre d’accidents sur le lieu de travail a été divisé par deux en 30 ans.

Le BESWIC remarque en effet: « Les chiffres des accidents du travail pour le secteur privé, fournis par le Fonds des accidents du travail (FAT), indiquent clairement une tendance à la baisse. En 2014, le nombre d’accidents sur le lieu de travail en Belgique (121.195) était réduit de moitié par rapport à 1985 (243.805). Les accidents du travail ont également diminué en chiffres relatifs. Si le taux de fréquence s’élevait encore à 43,54 en 1990, il n’était plus que de 17,05 en 2014. »

Attention sur la route!

Le nombre d’accidents sur le chemin du travail a diminué en 2014. Sur le long terme, la tendance est toutefois moins nette et ces accidents suivent une ligne plutôt ascendante que descendante. Le nombre d’accidents s’élevait à 20.161 en 1985 et à 27.555 en 2010, pour retrouver en 2014 à peu près le niveau d’il y a 30 ans avec 20.670 accidents. Toutefois, les chiffres relatifs (nombre d’accidents par 1000 équivalents temps-plein) indiquent une tendance à la baisse. L’année 2010, avec ses deux hivers rigoureux qui ont provoqué de nombreux accidents (trébuchement et glissade), constitue l’exception dans la ligne descendante.

Une évolution en relation avec la crise économique?

En 2009, le nombre d’accidents sur le lieu de travail a diminué de près de 12%. S’il est tentant de l’expliquer en évoquant la crise économique, cela signifie-t-il que la baisse des chiffres doit être imputée uniquement au ralentissement de l’économie? Pour répondre à cette question, le Fonds des accidents du travail a mené une analyse approfondie des chiffres entre 2008 et 2014.

« Cette analyse montre que les secteurs ne sont pas tous aussi sévèrement touchés par la crise. La crise a surtout eu des répercussions sur les secteurs de l’industrie manufacturière (nace C), de la construction (nace F), des activités de services (nace N) et des transports et de l’entreposage (nace H). Si on prend 2008 comme année de référence (=100), on constate une forte diminution dans ces secteurs en 2009, tandis que les années suivantes, le nombre de travailleurs augmente à nouveau, pour dépasser en 2014 le niveau de 2008. Les autres secteurs ne présentent pas de diminution en 2009. Le nombre de travailleurs reste stable et augmente systématiquement les années suivantes.

Le nombre d’accidents du travail avec plus de 30 jours d’incapacité temporaire par 1000 équivalents temps plein continue de suivre une tendance à la baisse. Dans les secteurs touchés par la crise, nous observons toutefois une forte baisse en 2009. En 2010, l’activité économique reprend dans ces secteurs, et l’emploi augmente fortement. La baisse du nombre d’accidents du travail s’atténue ensuite, mais la tendance descendante reprend au cours des années suivantes. Cette analyse semble indiquer que la crise économique peut entraîner de petites fluctuations dans les chiffres, mais que la nette tendance à la baisse des chiffres des accidents du travail se poursuit quoi qu’il en soit. »

Un rapide tour de table (et un retour sur le Digifile publié par nos équipes en septembre dernier – voir ici) nous livre une explication à la fois rationnelle et rassurante: les nombreux efforts menés par nos entreprises sur le plan de la prévention et de l’amélioration des infrastructures/outils de travail portent leurs fruits. Tout simplement!