La prévention du suicide n’est toujours pas suffisamment prise en compte au travail: 1 dossier psychosocial sur 20 est lié au suicide.

En Belgique, cinq personnes se suicident chaque jour. Classée parmi 15 autres pays européens, la Belgique enregistre le plus grand nombre de décès par suicide, tant chez les hommes que chez les femmes. Mensura, service externe de prévention et de protection au travail, appelle les employeurs à travailler activement à la prévention du suicide. Sur l’ensemble des interventions psychosociales sur le lieu de travail en 2021, 1 sur 20 étaient liées au(x) (tentatives de) suicide. Les organisations ne doivent effectivement pas se montrer top passives vis-à-vis de cela. « Elles peuvent instaurer un contexte rassurant où chacun peut se livrer en toute confiance ou orienter la personne à temps vers un service d’aide. »

Le bien-être mental est encore souvent un sujet tabou, particulièrement sur le lieu de travail. Et c’est encore plus vrai pour ce qui est de la prévention du suicide. « Il n’est pas facile d’aborder cette thématique avec les entreprises. Souvent, ce n’est pas une priorité ou on a tendance à nier ces problèmes », explique Kirsten O, conseillère en prévention psychosociale chez Mensura. Les chiffres montrent pourtant une réalité différente. « Sur l’ensemble des dossiers sur le bien-être mental traités en 2021, 1 sur 20 étaient liés au suicide. Et il ne s’agit là que des cas recensés. Le nombre d’employés confrontés directement ou indirectement à des pensées suicidaires ou à des tentatives de suicide est donc encore plus élevé. »

Concrètement, il s’agit d’amorcer le dialogue avec les collaborateurs ayant des pensées suicidaires, ou d’accompagner les collègues lorsque l’un des leurs a mis fin à ses jours. « Un suicide ou une tentative de suicide touche non seulement la personne concernée, mais aussi de nombreux collègues au sein de l’organisation. On sous-estime souvent cela », explique Daisy Buttiens, conseillère en prévention et auteure du livre Verder na zelfmoorddoding. « Nous pensons trop souvent que nous devons être forts comme un chêne, mais une violente tempête peut abattre un arbre de cette envergure. Le roseau n’est certes pas aussi solide, mais face au vent, lui se plie et se redresse. Sur le lieu de travail, cette métaphore démontre que le fait d’être ‘absent’ pendant quelques semaines ou quelques mois pour prendre soin de soi est moins radical pour l’individu et l’organisation qu’une grave dépression ou une tentative de suicide. »

L’espoir est essentiel

Une politique de prévention du suicide doit aussi bien tenir compte de l’approche individuelle que de l’approche collective. Sur le plan individuel, le suicide doit faire partie des sujets qu’il est possible d’aborder en toute sécurité et en toute confiance. Les collaborateurs RH et les personnes de confiance devraient idéalement y être formés. Kirsten O : « Pouvoir aborder les sujets difficiles comme les pensées suicidaires ou savoir orienter quelqu’un vers un thérapeute, si nécessaire, sont des compétences essentielles. Plus les difficultés mentales sont identifiées et traitées de manière anticipée, plus les chances de rétablissement sont grandes. »

« Collectivement, il est important de ne pas s’aventurer trop loin sur ce sujet précis, car cela peut avoir des effets indésirables sur les personnes qui luttent contre des pensées suicidaires », met en garde Daisy Buttiens. « Le fait de mettre l’accent sur le travail, sur la résilience et sur le soutien disponible permet de véhiculer un message d’espoir et de renforcer la résistance. »

Le soutien psychologique au travail

Outre le fait de faciliter le dialogue autour du suicide et de veiller à renforcer la résilience (la prévention primaire), l’instauration d’une prévention secondaire sur le lieu de travail a également toute son importance. « Aujourd’hui, les employeurs peuvent largement offrir un soutien psychosocial sur le lieu de travail. Dans le cadre des formations First Aid Mental Health, les responsables apprennent à identifier les signes précoces de difficultés mentales. Mais, ils apprennent aussi comment amorcer le dialogue et, si nécessaire, comment orienter la personne pour qu’elle bénéficie d’un accompagnement professionnel, ce qui est tout aussi important, si pas plus. Ce n’est pas un luxe quand on sait que le suicide chez les hommes représente la première cause de décès entre 14 et 54 ans. »

Comme c’est déjà le cas chez nos voisins anglo-saxons, l’Employee Assistance Program a également fait son apparition dans notre pays. Kirsten O : « Cette formule prévoit un nombre de séances payées par l’employeur auprès d’un psychologue en cas de difficultés psychiques, pour le salarié et les membres de sa famille. Cela favorise énormément le recours à une aide professionnelle et permet d’éviter des délais d’attente parfois longs. Pour les collaborateurs, la stricte confidentialité permet également d’instaurer un contexte rassurant, qu’ils ne trouvent pas forcément ou ne pensent pas pouvoir trouver suffisamment sur le lieu de travail. »

L’importance des modèles

Les employeurs peuvent largement contribuer à lever le tabou du suicide en créant un contexte dans lequel les difficultés mentales ne sont pas perçues comme un signe de faiblesse. « Des politiciens comme Sophie Wilmès ou Elke Decruynaere, mais aussi le saboteur du jeu télévisé De Mol, posent d’ailleurs un geste extrêmement fort en se mettant en retrait et en faisant passer leur propre bien-être ou celui des autres en premier. En montrant leur vulnérabilité, ils font preuve d’une grande force. Nous avons besoin de tels modèles, sur le lieu de travail également », conclut Daisy Buttiens.

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