Impact direct du renforcement des conditions d’accès au crédit-temps, cette formule est moins utilisée désormais par les travailleurs. Le nombre de crédit-temps serait en chute de 10% sur l’ensemble de l’année 2016. Toutefois, cela ne signifie pas que davantage de travailleurs optent désormais pour un régime à temps plein. D’autres options de réduction du temps de travail ont la cote.
Les chiffres de l’ONEM confirment que depuis le renforcement des conditions, le crédit-temps est moins utilisé. Le groupe de services RH ACERTA a mené une enquête auprès de 40 000 employeurs du secteur privé, en vue de déterminer si, en conséquence, davantage de collaborateurs travaillent à temps plein. La réponse est non : la baisse observée dans le système du crédit-temps est presque entièrement compensée par des augmentations au niveau des différentes formes de congé thématique. Le pourcentage total de réduction ou interruption de carrière est resté quasiment stable entre 2015 et 2016.
« Ces dernières années, les conditions d’accès au crédit-temps ont été progressivement ajustées. L’objectif était de rendre le système plus sélectif et de réserver l’accès au crédit-temps à un certain nombre d’objectifs spécifiques. La suite logique serait une diminution du nombre de collaborateurs en crédit-temps. Les chiffres de l’ONEM montrent que le nombre de collaborateurs ayant opté pour le crédit-temps l’année dernière a chuté d’environ 10 %. Le plus populaire reste la réduction des prestations de 1/5 temps. »
Statu quo au niveau de la réduction de carrière
Le crédit-temps n’est cependant pas la seule formule permettant aux collaborateurs du secteur privé d’interrompre ou de réduire leur carrière. Outre le crédit-temps, le travailleur peut utiliser l’un des congés thématiques (congé parental, assistance médicale ou congé pour soins palliatifs) pour profiter d’une réduction de carrière. Il ressort de l’enquête qu’une partie considérable des travailleurs du secteur privé profitent d’une ou l’autre forme de réduction ou d’interruption de carrière. Et cette part augmente chaque année.
Augmentation importante du congé parental, surtout chez les hommes
La chute du nombre de crédit-temps est compensée par l’augmentation du nombre de congés parentaux en 2016. Parmi les travailleurs bénéficiant de l’une ou l’autre forme de réduction ou d’interruption de carrière, un sur trois bénéficie d’un congé parental à temps partiel. Et la demande de cette forme de congé thématique ne cesse d’augmenter. Les chiffres montrent une augmentation de 15 % par rapport à 2013. Il est surprenant de constater l’engouement des hommes pour le congé parental. Chez les hommes, une augmentation de 25 % se dessine par rapport à 2013, tandis que la tendance reste stable chez les femmes. Le congé parental à temps partiel prend surtout de l’ampleur.
« La proposition émise par la Commissaire européenne pour l’Emploi Marianne Thyssen juste avant l’été, à savoir que l’allocation de congé parental soit portée à la hauteur de l’indemnité de maladie, ce qui reviendrait à doubler voire tripler l’allocation, fera encore augmenter la popularité de ce type de congé thématique. » Le nombre de travailleurs utilisant le congé pour soins palliatifs à temps plein ou temps partiel, ou le congé thématique pour soins apportés à une personne gravement malade a même doublé depuis 2012. En 2016, environ 0,5 % du nombre d’employés s’est absenté une partie de l’année pour l’une de ces raisons.
Une alternative dans la Loi Peeters ?
Avec la loi relative au travail faisable et maniable, se développe le principe selon lequel les travailleurs pourront à l’avenir épargner du temps qu’ils récupéreront plus tard dans leur carrière en tant que congés payés. « L’employé pourrait, dans le cadre des accords avec son employeur, accumuler chaque année un certain nombre de jours de vacances en tant qu’avantages extralégaux. Le système permettrait même d’épargner les jours de vacances économisés au fil des années, et ce auprès de plusieurs employeurs. Nous constatons que malheureusement les partenaires sociaux ne proposent pas de solution viable. Pourtant une telle mesure permettrait au travailleur de prendre sa propre carrière en main. Ce pourrait être une alternative aux formules existantes de réduction ou d’interruption de carrière. »