Six entreprises sur dix dans notre pays (62%) ont dû faire face à la réinsertion de travailleurs en maladie de longue durée l’année dernière. Dans la moitié de ces entreprises, les travailleurs ont progressivement repris la même fonction. Dans un cas sur cinq (18%), les travailleurs qui ont repris le travail après une longue période se sont vu attribuer un nouveau poste dans l’entreprise. Il convient de souligner que les travailleurs (non malades) accordent toujours plus d’importance à une politique de réinsertion efficace dans une organisation.
Pour la première fois, notre pays compte plus d’un demi-million de malades de longue durée. Comment les faire reprendre le travail et quelle position les autres travailleurs adoptent-ils vis-à-vis de leurs collègues en maladie de longue durée ? Sur la base de ces questions, Acerta a mené une enquête auprès d’employeurs et de travailleurs en collaboration avec le bureau d’études Indiville.
Qu’en est-il ressorti ? Un nombre croissant d’employeurs constatent que la réinsertion des malades de longue durée n’est plus qu’une lointaine réalité. Plus de six entreprises sur dix (62 %) ont réinséré des malades de longue durée au cours de l’année écoulée. La moitié d’entre eux ont conservé la même fonction, en reprenant progressivement le travail. Et 18 % des organisations ont prévu un autre poste plus adapté à ce que le travailleur en convalescence était (déjà) capable d’assumer. Le tiers restant a combiné les deux mesures susmentionnées dans le cadre de la réinsertion.
Benoît Caufriez, directeur d’Acerta Consult, explique : « Le travail peut apporter du sens dans le processus de rétablissement. La reprise progressive du travail peut être plus intéressante, tant pour le travailleur que pour l’employeur, qu’attendre qu’une personne soit totalement rétablie pour reprendre le travail à 100 %. Il s’agit d’une option accessible que petits et grands employeurs estiment réalisable. Nous constatons également que les employeurs font des efforts afin d’offrir aux travailleurs en convalescence des tâches adaptées, si cette piste est souhaitable. Le « sur-mesure » est la clé d’une réinsertion en douceur. Cette personnalisation peut porter sur le nombre d’heures de travail et/ou sur le contenu du travail. »
Quatre travailleurs sur dix ont déjà été malades de longue durée pendant leur carrière
39,2 % des travailleurs ont déjà été confrontés à une période de maladie de longue durée au cours de leur carrière. Pour un tiers (30,6 %) d’entre eux, il s’agissait de moins de trois mois. La moitié d’entre eux ont été malades entre trois mois et un an et 18,4 % l’ont été pendant plus d’un an. La majorité (60,1 %) a ensuite repris le travail à la même fonction dans la même organisation. Les autres travailleurs ont changé de fonction et/ou d’employeur après leur période de maladie de longue durée.
Les travailleurs qui ont été en maladie de longue durée ont surtout bénéficié du soutien de leur famille et de leurs amis : 48,8 % ont déclaré que leur filet de sécurité personnel les avait aidés à reprendre le travail. Mais le soutien d’une partie indépendante sollicitée par le travailleur même (23,9 %) et le soutien de l’employeur (21,7 %) enregistrent aussi des taux élevés. Par ailleurs, la moitié (53,2 %) des travailleurs en maladie de longue durée déclarent préférer rester en contact avec leur employeur dès le début de leur maladie.
L’accompagnement lors de la réinsertion est très apprécié, même par les travailleurs non malades
Pour les employeurs, la mise en place d’une politique en matière de bien-être et de réinsertion devient de plus en plus souvent une forme d’image de marque. Les travailleurs, y compris ceux qui ne sont pas malades, accordent une importance croissante à la politique relative au retour des malades de longue durée. Quelles mesures les travailleurs valorisent-ils dans le cadre d’une politique de bien-être ? « L’offre d’un accompagnement lors de la réinsertion des malades de longue durée » remporte un franc succès, puisqu’elle figure à la deuxième place.
Avec le soutien du gouvernement, notamment à l’aide de la prime de reprise du travail
Benoît Caufriez conclut : « Les pouvoirs publics soutiennent aussi les efforts visant à combler le fossé entre la maladie et le travail : en cas de reprise progressive du travail, le travailleur peut combiner le salaire et une allocation de maladie complémentaire en fonction des prestations réelles pour lesquelles le médecin-conseil de la mutuelle a donné son aval. Les employeurs peuvent également bénéficier d’un incitant supplémentaire s’ils consentent des efforts particuliers en faveur de la réinsertion, sous la forme d’une prime de reprise du travail. Ainsi, depuis le 1er avril 2023, un employeur qui embauche une personne en incapacité de travail depuis au moins un an ou lui fait reprendre du service au moyen d’une reprise progressive du travail peut toucher une prime de 1725 euros. »
Source: les données sont issues de l’enquête miroir annuelle qu’Acerta Consult fait réaliser par le bureau d’études Indiville auprès d’un échantillon représentatif composé de plus de 500 employeurs et de 2700 travailleurs. Les données des entreprises ont été pondérées pour être représentatives de la Belgique quant au nombre de travailleurs dans les entreprises actives d’au moins 5 travailleurs. Les données des travailleurs ont également été pondérées afin d’être représentatives de la Belgique en termes de statut, d’âge, de sexe, de langue et de secteur. Les questionnaires ont été remplis entre le 17 et le 31 janvier 2024 par les employeurs et entre le 16 janvier et le 1er février 2024 par les travailleurs. Cette approche permet d’offrir une perspective historique du point de vue des employeurs et des travailleurs.