Les troubles mentaux et musculosquelettiques sont les principales causes d’absentéisme pour maladie. L’absentéisme de longue durée a doublé entre 2018 et 2022. C’est ce qui ressort d’une étude menée par IDEWE, le service externe pour la prévention et la protection au travail, et le secrétariat social Acerta auprès de plus de 50 000 travailleurs belges entre 2018 et 2022.
Les troubles musculosquelettiques (atteinte des muscles, tendons et articulations, souvent liée au travail) sont apparus comme la cause principale (30%) d’absentéisme de longue durée chez les travailleurs examinés au cours des 5 années de l’étude. Les troubles mentaux arrivent en deuxième position (21%). On remarque néanmoins qu’en 2022, les troubles mentaux ont égalé les troubles musculosquelettiques en tant que causes principales d’absentéisme de longue durée, 30% de plus que les années précédentes. » Cela confirme également l’augmentation du nombre de malades de longue durée pour des raisons psychiques et des troubles du comportement relayée précédemment par l’INAMI. L’augmentation du stress, la pression sociale et le manque de repos et de détente sont les principaux responsables », explique Anne-Sophie Bialas, Experte juridique chez Acerta Consult.
Le nombre de travailleurs en Belgique qui se sont absentés du travail pendant une longue* période a ainsi augmenté de 3% en 2018 à 6% en 2022. Le nombre de cas d’absentéisme de moyenne durée est quant à lui passé de 12 à 15%. Le nombre d’absences de courte durée a diminué, passant de 50% à 49%. « Pour ce dernier, le coronavirus a probablement joué un rôle », explique Anne-Sophie Bialas. « Les confinements, les mesures de quarantaine et l’avènement du télétravail ont freiné la transmission des virus, pas seulement du COVID 19, mais aussi de la grippe et du rhume, les coupables classiques de l’absentéisme de courte durée. Nous avons vu ce chiffre augmenter à nouveau en 2024. »
Davantage d’absentéisme chez les fumeurs et les travailleurs obèses
IDEWE et Acerta ont également étudié l’effet du tabagisme sur l’absentéisme de moyenne et longue durée. Entre 2018 et 2022, 47% des travailleurs fumeurs (contre 40% des non-fumeurs) se sont absentés pour une période moyenne à longue. 25% des fumeurs absents pour une durée moyenne ou longue (contre 22% des non-fumeurs) se sont absentés en raison de troubles musculosquelettiques.
L’obésité semble également être un facteur important : 48% des travailleurs atteints d’obésité se sont absentés pour une période moyenne à longue entre 2018 et 2022. Ce chiffre s’élevait à 38% chez les travailleurs n’étant pas atteints d’obésité. Près de 26% des travailleurs obèses absents pour une période moyenne à longue l’ont été en raison de troubles musculosquelettiques (contre 23% des travailleurs ne présentant pas d’obésité), tandis que 21% d’entre eux ont dû s’absenter pour une intervention médicale (contre 16% des personnes n’étant pas atteintes par l’obésité).
L’absentéisme plus présent et plus long dans les grandes entreprises
Selon l’étude, les grandes entreprises de plus de 200 travailleurs sont plus touchées par l’absentéisme que les entreprises plus petites. Cette tendance était particulièrement marquée en 2022, où 79% des travailleurs de ces grandes entreprises se sont absentés pour au moins une journée. Pour les petites entreprises, qui comptent 50 travailleurs ou moins, ce chiffre s’élevait à 62%. Acerta et IDEWE ont également remarqué que les entreprises plus grandes sont davantage confrontées à toutes les durées d’absence que les entreprises plus petites.
L’étude s’est également penchée sur l’âge des travailleurs. Dans l’ensemble, les travailleurs plus âgés s’absentent moins que les travailleurs plus jeunes : 71% des travailleurs de moins de 35 ans se sont absentés au moins 1 jour en 2022, contre 69% des plus de 55 ans. « Si l’on s’attarde sur la durée de l’absence, on remarque plus d’absentéisme de courte durée chez les jeunes et des absences plus longues chez les travailleurs plus âgés : 3,1% d’absentéisme de longue durée chez les 35-44 ans, 5,4% chez les 45-54 ans et 11,5% chez les travailleurs de plus de 55 ans. Les personnes plus jeunes ont encore souvent des enfants sous le même toit, ce qui facilite la transmission des maladies et explique pourquoi ils doivent plus souvent s’absenter brièvement », commente Anne-Sophie Bialas.
Lode Godderis, CEO du service externe de prévention IDEWE et professeur en médecine du travail à la KU Leuven conclut : « En tant qu’employeur, vous avez peu de contrôle sur le mode de vie de vos travailleurs. Et pourtant, vous pouvez agir pour les stimuler à faire des choix plus sains. Créez un environnement de travail plus sain en mettant en place une politique de prévention globale. Intégrez-y des mesures face au tabagisme et en faveur d’une alimentation équilibrée et motivez vos travailleurs à faire des choix sains. Cet investissement, surtout en combinaison avec une politique de réintégration réfléchie, s’avère rentable grâce à une baisse de l’absentéisme. »
Source : IDEWE – Cette étude a été menée auprès de 54.440 travailleurs dont les données ont été récoltées pendant 5 ans (période : entre 2018 et 2022). L’échantillon se composait de travailleurs actifs sans interruption au sein d’entreprises du portefeuille d’Acerta et d’IDEWE entre le 1er janvier 2018 et le 31 décembre 2022.