Les jeunes de 20 ans d’aujourd’hui, nés en 1998, n’ont connu que la crise, les emplois précaires, l’incertitude. Pour la première fois, ils ont la conviction qu’ils vivront moins bien que leurs parents. Mais qui sont les jeunes d’aujourd’hui? Quelles sont leurs aspirations? À l’occasion de leurs 50 ans, pour mieux cerner la jeunesse actuelle et leur rapport au travail, les Jeunes CSC ont commandité une enquête auprès de la Fondation Travail Université (FTU).
L’enquête, réalisée en ligne, a abordé neuf thèmes différents. Le premier d’entre eux, à savoir l’importance du travail, permet de re-confirmer la position essentielle de la vie professionnelle dans l’épanouissement individuel.
« 70% des jeunes souhaiteraient avoir un emploi rémunéré même s’ils n’avaient pas besoin d’argent. C’est dire l’importance qu’ils accordent au travail. Mais qu’est-ce qui est important pour eux dans un travail? Le salaire? Un boulot en lien avec ses compétences? Un emploi intéressant?… »
Dans un contexte très instable de flexibilisation à outrance, de CDD et d’intérim à répétition, la sécurité d’emploi est très importante pour 96,9% des jeunes.
Ils aspirent aussi à avoir un emploi intéressant (95,7%). Le salaire élevé vient en 3ème position (78,7%), suivi par un emploi utile à la société (77,4%) et un emploi qui permet de venir en aide à d’autres personnes, et qui crée des contacts (72%).
Mais que sont-ils prêts à accepter pour éviter le chômage? 81,1% accepteraient un emploi qui leur demande de nouvelles compétences et 64,5% un emploi temporaire. Ils sont aussi prêts à se déplacer davantage (47,9%). Mais accepterait de déménager en Belgique contre un jeune sur quatre (24,8%) à l’étranger. Les jeunes sont donc ouverts à la formation et à la mobilité.
Une entrée laborieuse dans le monde du travail
Seuls trois jeunes sur dix ne sont pas passés par la case sans emploi après leur formation. La case chômage est donc un passage quasi obligé. 66,7% des jeunes obtiennent leur premier emploi dans les six premiers mois. La durée d’accès au premier CDI est longue (plus de deux ans pour 20,6%), le changement d’emploi est fréquent et jamais volontaire dans un tiers des cas. Entrer dans le monde du travail représente donc pour la plupart des jeunes un parcours d’obstacles et d’épreuves difficile.
Une expérience professionnelle positive
41,8 % des jeunes interrogés ont un travail à temps plein sous CDI. Presque un quart (23,4%) ont un temps plein sous CDD. Quand ils évaluent leur travail, 59,3% estiment avoir une sécurité d’emploi, 78% jugent avoir un travail intéressant et 39,1% un salaire élevé, 76% disent avoir un emploi utile à la société. Si l’on compare ces chiffres aux aspirations en matière de travail, on voit qu’ils n’ont pas la sécurité d’emploi espérée. Mais que 68% sont satisfaits de leur emploi.
Un avenir professionnel inquiétant
Les incertitudes par rapport à l’avenir professionnel sont déjà bien présentes dès les études et la confiance dans l’avenir professionnel est modérée. 61% sont inquiets pour leur avenir professionnel et 78% le sont à des degrés divers à l’idée perdre leur emploi. 50% pensent qu’il leur serait difficile de trouver un emploi au moins aussi bon que l’actuel.
Des conditions d’existence assez fragiles
La situation financière est bonne ou très bonne pour 34% des jeunes, n’est ni bonne ni mauvaise pour 43%, et mauvaise pour 22% d’entre eux, soit pour plus d’un jeune sur cinq. Vu les conditions financières, l’incertitude par rapport à l’emploi, l’insécurité du travail, l’accès au logement indépendant est difficile. Presque un tiers des jeunes (33,2%) n’ont pas quitté le domicile de leurs parents à cause de leur situation professionnelle.
L’instabilité de l’emploi
L’emploi de 58% des jeunes s’est terminé parce que leur contrat de travail prenait fin, 11% ont été licencié et 10% l’ont quitté pour des raisons personnelles.
L’emploi des jeunes est donc loin d’être stable. Quelles sont les principales raisons qui expliquent la difficulté des jeunes à trouver un emploi aujourd’hui? Beaucoup (80,4%) trouvent que les employeurs sont trop exigeants, que le monde politique ne s’occupe pas assez du chômage (61,8%) et que la situation économique est mauvaise (62,3%). La mobilité est problématique pour plus de 30% d’entre eux (31,1%). Et 33,4% trouvent que les emplois disponibles sont de mauvaise qualité.
De quoi vivent les jeunes sans emploi? Deux tiers des jeunes sans travail perçoivent des allocations de chômage (68,3%). Pour ceux qui n’ont pas droit au chômage, seuls 6,7% sont au CPAS. 27% des jeunes reçoivent de l’aide de leur famille et 22% ont de l’épargne. Mais 79% des jeunes sont inquiets de perdre leur source principale de revenus.
Inégalités hommes-femmes
Les résultats de l’enquête montrent des inégalités flagrantes entre les hommes et les femmes. Ainsi, il y a plus de CDI chez les hommes (54,2%) que chez les femmes (32,5%). Plus d’un quart des femmes (27%) sont à temps partiel contre 10% des hommes. Les hommes trouvent plus facilement un emploi après leurs études. 32,2% ont mis moins d’un an pour trouver un emploi après leurs études contre 23,8% pour les femmes. Seules 13,5% d’entre elles pensent que leurs possibilités de promotion sont élevées (contre 32,9% des hommes). Côté salaire, 43,4% des hommes estiment avoir un salaire élevé (36% des femmes). Et plus de 50 % des femmes sont inquiètes de perdre leur emploi, contre 37,1% des hommes.
L’effet du diplôme
Le diplôme n’est pas une garantie pour éviter le sentiment d’insécurité par rapport à l’emploi, mais il protège. Ainsi les jeunes qui ont fait des études supérieures jugent leur situation financière meilleure et sont moins inquiets pour leur avenir professionnel. Ils sont aussi plus satisfaits de leur travail et ont plus accès à l’emploi.
Et les jeunes néerlandophones? En comparaison avec leurs homologues francophones, ils sont mieux lotis dans un contexte économique plus favorable. Ainsi, 61% des jeunes francophones de 18 à 30 ans sont inquiets pour leur avenir professionnel contre 30% de néerlandophones. Un tiers des jeunes francophones déclarent avoir une bonne situation financière. Chez les néerlandophones, ils sont 56% et 75% estiment avoir une sécurité d’emploi contre 59% de francophones.
Source : Enquête des Jeunes CSC – Réalisée en ligne, elle a ciblé les jeunes de 18 à 30 ans.