Le moins que l’on puisse dire, c’est que le projet de taxe kilométrique ou péage urbain dévoilé par le gouvernement bruxellois parvient à rallier tous les suffrages… contre lui. Les ministres régionaux le torpillent sans la moindre hésitation, les organisations représentatives des indépendants soulignent son caractère particulièrement inéquitable. Et rien ne garantit une amélioration de la mobilité.
L’UCM souligne en effet que le projet suscite « l’inquiétude des indépendants et chefs de PME dans la capitale, mais aussi en Wallonie. En l’état, SmartMove ne garantit pas une circulation plus fluide mais garantit bel et bien des charges et des problèmes en plus pour les entrepreneurs. Ce n’est pas le bon moment pour une telle annonce!
Les problèmes de mobilité sont devenus une préoccupation pour les indépendants et PME bruxellois. Des solutions sont nécessaires mais le plan SmartMove annoncé ce jeudi n’est pas de nature à favoriser le développement d’une économie et d’un emploi durables. L’efficacité d’un péage urbain de ce type pour réduire les embouteillages n’est pas prouvée. En revanche, les entrepreneurs, en pleine tempête Covid, ont l’assurance de payer davantage. Pour les Bruxellois, la suppression de la taxe de mise en circulation ne compensera pas le coût de l’usage du véhicule pour tous les professionnels qui n’ont pas d’autre choix que d’utiliser leur voiture pour exercer leur métier. Pour les Wallons qui ont des clients ou des contacts à Bruxelles, c’est purement et simplement une taxe nouvelle. »
L’existence d’un péage exclusivement bruxellois va compliquer la vie de tous les employeurs de la capitale. Les salariés contraints d’utiliser leur voiture devront payer davantage pour aller travailler, sans la moindre compensation s’ils habitent dans une autre région.
Pour UCM, l’annonce de ce péage est malvenue et précipitée. « Les alternatives à la voiture restent insuffisantes pour les navetteurs. Elles sont pratiquement inutilisables pour de nombreux entrepreneurs, notamment ceux qui visitent ou livrent leurs clients. Cette réalité doit être prise en compte. Il est incompréhensible que la Région bruxelloise, géographiquement minuscule, ne se concerte pas avec la Flandre et la Wallonie. S’il faut décourager les usages non indispensables de la voiture, une solution commune et intégrée aux trois Régions est une évidence. »
Le Ministre de l’Economie Willy BORSUS est choqué par le projet de péage urbain que la Région de Bruxelles-capitale a présenté et qui renvoie la facture à une partie des navetteurs, aux PME et aux indépendants des autres Régions: « Je trouve qu’il est choquant, pour ne pas dire, scandaleux, de proposer en pleine crise un nouveau système fiscal qui impacte très lourdement les ménages wallons, et particulièrement les 130.000 Wallonnes et Wallons qui se rendent quotidiennement à Bruxelles pour y travailler, mais également les étudiants, les PME et les Indépendants. Alors que nous nous battons tous les jours, particulièrement depuis mars dernier, pour mettre en place des mesures de soutien et préserver le pouvoir d’achat des Belges, Bruxelles se désolidarise aujourd’hui totalement et propose de charger encore davantage la barque de la crise économique. De plus, des alternatives sérieuses auraient dû être opérationnelles avant de mettre en place un prélèvement fiscal.
Par ailleurs, cette décision ne respecte pas le processus réglementaire puisque toute action d’une Région dont la mise en œuvre est susceptible de causer un dommage à une autre Région doit passer par un accord de coopération interrégional et par conséquent par une vraie concertation entre les Régions (et pas un simulacre de concertation). »