Alors que de plus en plus d’entreprises voudraient que leurs collaborateurs reviennent à temps plein au travail, quatre Belges sur dix aimeraient au contraire travailler davantage de chez eux. Voilà ce qui ressort d’une enquête auprès de 1.000 Belges actifs réalisée pour le compte du consultant BDO. Une politique de télétravail claire représente dès lors un atout important pour la moitié des répondants, mais cet élément fait défaut dans 35 % des entreprises.
Lara Delloye, Senior Consultant Strategy & Transformation chez BDO : « Le télétravail est là pour durer. Une bonne politique et une communication claire à ce sujet sont donc incontournables. En particulier pour préserver l’équilibre entre la flexibilité et la cohésion au sein de l’entreprise. Veillez par exemple à ce que vos équipes s’accordent pour se retrouver au moins 1 à 2 jours par semaine au bureau. »
Plusieurs entreprises ont défrayé la chronique ces dernières semaines parce qu’elles veulent que leurs collaborateurs reviennent à temps plein au travail. Mais cette volonté correspond-elle aux besoins des travailleurs ? Afin de dresser l’inventaire de ces besoins, BDO a interrogé 1.000 Belges actifs. Il en ressort que quatre Belges sur dix (39%) veulent justement plus de télétravail. Ce souhait est beaucoup plus prononcé chez les travailleurs francophones (FR 43% vs NL 36%) et bien plus faible chez les collaborateurs plus expérimentés (55+ : 25% vs 34-55 ans : 42% vs < 34 ans : 41%).
« En ce qui nous concerne, le télétravail est là pour durer et constitue un must dans la guerre des talents. Cela ressort aussi clairement des chiffres de l’enquête, avec près de la moitié des sondés indiquant qu’une bonne politique de télétravail joue un rôle important dans leur perception de leur employeur. Il s’agit avant tout pour les entreprises de trouver le bon équilibre. Il est important d’offrir – dans la mesure du possible – de la flexibilité aux collaborateurs sans mettre en péril la cohésion au sein de l’entreprise. »
Cette cohésion s’avère également primordiale pour les collaborateurs. Plus d’un tiers d’entre eux (33 %) préféreraient ainsi passer à nouveau plus de temps avec tous leurs collègues au travail. Les travailleurs francophones ressentent le plus ce besoin (FR 39% vs NL 30%). Lara Delloye : « C’est une très bonne nouvelle pour les entreprises et cela correspond aussi parfaitement au conseil que nous donnons généralement afin de stimuler le »sentiment d’appartenance ». Nous recommandons qu’une équipe soit présente au complet 1 à 2 jours par semaine en vue de permettre aux collègues d’entretenir des contacts. Il importe en outre que l’interaction avec les autres équipes soit facilitée, car cela ne se fait évidemment pas en organisant un événement d’entreprise par an. Le lieu de travail doit également être adapté à cette interaction. »
Bureau basé sur les activités
C’est un autre point à travailler selon les Belges actifs. 67% affirment disposer d’un lieu de travail adapté chez leur employeur. Ce n’est toutefois pas le cas pour 15%. « Désormais, un lieu de travail a une autre finalité qu’avant la pandémie. Nous conseillons avant tout aux entreprises de réfléchir aux activités qu’elles veulent effectuer au bureau afin de pouvoir aménager ce dernier en fonction. Bien souvent, la réponse à cette question est »collaborer ». Davantage d’espaces communs sont nécessaires à cette fin, en combinaison avec des focus rooms, des pods ou des cabines téléphoniques, où les collaborateurs peuvent tenir leurs réunions virtuelles ou se concentrer. Dans un tel contexte, les open spaces ont perdu leur utilité. Nous voyons également que nombre de nos clients ont instauré un système de réservation pour la présence au bureau. Dans certaines entreprises, il est même possible d’y indiquer avec quels collègues on souhaite collaborer. »
Il est bien entendu aussi important de disposer de tous les équipements nécessaires à domicile. 54% des répondants affirment ne manquer de rien chez eux, ce qui n’est pas le cas de 29%.
Politique ou pas ?
Rien de tel que des accords clairs. En principe… 37 % des collaborateurs indiquent que leur entreprise a mis en place une politique sans équivoque. 21 % ont passé des accords informels concernant le télétravail. Mais pour 35 %, aucune politique n’existe en la matière. Lara Delloye : « 35%, ça me paraît énorme. Il arrive souvent que les collaborateurs ne soient pas bien au courant des accords ou de la politique, le problème réside donc en partie au niveau de la communication. Pour les collaborateurs d’entreprises qui n’ont effectivement pas de politique, c’est dommage car une bonne politique s’accompagne généralement d’indemnités supplémentaires. »
Et de nombreux travailleurs semblent ne pas l’avoir encore très bien compris. Près de la moitié des sondés affirment ainsi qu’ils préféreraient ne pas se voir imposer trop de règles. « Une politique est souvent associée au contrôle et beaucoup de collaborateurs n’en veulent pas. Ici aussi, une bonne communication sur l’approche d’une telle politique est essentielle. Une politique bien élaborée constitue d’ailleurs également un outil important pour les managers des différentes équipes d’une entreprise, afin de fixer les modalités de manière univoque. Sinon, vous risquez de vous retrouver avec une prolifération d’initiatives. »